1) Les électeurs américains sont-ils cons ?
Tout au moins c’est l’avis tranché, plein de subtilité (sic) d’un ancien ministre luxembourgeois, recraché dans une tribune chez RTL, où il commentait l’élection du nouveau président des Etats-Unis. Citation (traduction du luxembourgeois): „Ce dernier doit sa réélection à la bêtise de trop nombreux d’Américains.“ Donc ces derniers sont majoritairement des cons.
Etonnant de la part de quelqu’un qui, après sa longue carrière d’apparatchik, pendant toute sa vie, n’a fait que courir après les suffrages des électeurs luxembourgeois qu’il (dé)considérait probablement de même. Logiquement ses propres électeurs auraient donc élu plusieurs fois quelqu’un qui les prenait pour des cons. Ou qui était con lui-même? Va savoir! Question: faut-il pour autant diviser les électeurs, pour le coup américains ou autres, en deux catégories: les cons qui, majoritairement, ont voté pour X, et les autres, la minorité intelligente, qui a voté pour Y? Est-ce un outil intelligent pour analyser le résultat d’élections libres et démocratiques? Et que dire des électeurs russes, hongrois, roumains, vénézuéliens ou africains, ou autres?
Cela est une autre histoire. Toujours est-il que cette appréciation négative et pénible est typique pour des personnes qui refusent de chercher des raisons intelligentes, subtiles, réfléchies, se basant notamment sur des études scientifiques, expliquant le comment et le pourquoi d’un vote et démontrant que le moral et la confiance de beaucoup d’électeurs étaient probablement entamés. Ou qui ne se sentaient plus représentés, voire compris par leurs représentants élus. Ou des citoyens qui avaient peur de l’avenir, notamment d’un déclassement. Pourquoi dénigrer des millions de citoyens US, ou des milliers de citoyens luxembourgeois, qui doutent, qui triment, qui ne disent rien, qui s’interrogent sur leur avenir, qui n’ont pas la possibilité de cumuler plusieurs retraites, mais n’en pensent pas moins?
Pourquoi ne pas s’interroger sur la motivation réelle de cette majorité (silencieuse?) dont on n’a pas perçu ou compris les déceptions, les peurs de l’avenir, les états d’âme, le refus de l’ancienne politique? Peut-être qu’un tel jugement arbitraire, généralisé, stupide aurait eu sa place dans la Bild-Zeitung ou autre tabloïd, ou au bar du Café de commerce. Si au moins l’auteur de cette appréciation, bête et méchante, aurait utilisé l’adjectif „incompréhensible“ pour la qualifier, mais non. En qualifiant les autres de cons, le but serait-il de se déclarer soi-même, automatiquement, comme étant plus intelligent? On attend patiemment la démonstration.
Voilà donc l’électeur cloué au pilori, vilipendé, parce qu’il n’a pas voté comme le „mainstream“ l’entendait. Question: que penser du candidat finalement élu aux USA? Fait-il également partie de la catégorie des cons?
Comment, dans ce contexte, ne pas penser à la célèbre phrase de Bert Brecht, écrivain et poète antifasciste allemand, dont, avec mon ami Reejang, on va régulièrement visiter la statue à Berlin, devant le Berliner Ensemble: „Das Volk hat das Vertrauen der Regierung verscherzt. Wäre es da nicht doch einfacher, die Regierung löste das Volk auf und wählte ein anderes?“ No comment!
Rendons à César ce qui appartient à César. Dans le domaine de la motivation des électeurs, il ne sert à rien de généraliser à tout-va, de marcher au feeling, d’être victime de ses propres préjugés, de juger en méconnaissance de cause. Ainsi il ressort d’une analyse plus fine (oui, ça existe!) des élections américaines, qu’effectivement le niveau d’éducation détermine largement les choix électoraux, mais cela n’a pas empêché une majorité d’hommes diplômés de voter pour Trump, contrairement aux femmes diplômées qui ont largement voté pour Harris. Sans vouloir entrer dans tous les détails, il ne ressort pas de cette étude pour qui ont voté la majorité de cons dont il est question dans le papier cité plus haut …
2) Un écrivain en prison, et personne ne bouge!
Certes il ne s’agit pas d’un écrivain luxembourgeois, mais de Boualem Sansal, un franco-algérien, critique acharné du régime politique algérien, vivant habituellement en France. Il a été arrêté à la mi-novembre à son arrivée à l’aéroport d’Alger, en provenance de Paris. Depuis plus de nouvelles. Il a été placé sous mandat de dépôt dans une unité pénitentiaire d’un hôpital d’Alger pour ses écrits considérés comme „acte terroriste ou subversif“. Boualem Sansal encourt la prison à perpétuité, apparemment pour des propos tenus sur le fait que la France vient de reconnaître le „plan d’autonomie“ du Maroc au sujet du Sahara occidental, un territoire également visé par l’Algérie. Son crime majeur consiste d’avoir utilisé une plume trop acérée et surtout trop critique à l’égard du pouvoir algérien.
Maints gouvernements européens se sont offusqués de cet acte contraire à toute forme de liberté d’expression, une valeur universelle, dont tout écrivain devrait pouvoir jouir n’importe où et n’importe quand. Beaucoup d’hommes politiques, d’artistes et écrivains, notamment le dernier prix Goncourt, également franco-algérien, Kamel Daoud, se sont émus de cette façon de procéder des autorités algériennes.
Au Luxembourg, silence radio, à la fois au niveau du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, probablement trop occupé à régler le conflit au Moyen-Orient, et le ministre de la Culture, trop occupé à satisfaire ses innombrables rendez-vous photo. Sans même parler du monde culturel luxembourgeois, apparemment trop occupé à admirer son propre nombril, alors qu’un peu de solidarité serait la bienvenue et une (petite) pierre nécessaire pour défendre un écrivain qui a osé critiquer un régime politique détestable. L’aura de tout acte culturel ne saurait s’arrêter aux frontières d’un pays.
L’écrivain en question est poursuivi pour „atteinte à l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays et de complot contre la sûreté de l’Etat“. Cet argumentaire est courant dans la bouche de tous les dictateurs, à Alger ou ailleurs. Cerise sur le gâteau: son avocat français n’a pas obtenu de visa pour plaider devant la chambre d’accusation à Alger, il dénonce „une entrave à l’exercice des droits de la défense“. Ne sous-estimez pas les gestes simples pour faire comprendre à l’Algérie, ou à d’autres, qu’elle fait fausse route. Ici ou ailleurs, il s’agit de défendre des valeurs universelles, excusez du peu. Les autorités politiques et les artistes/écrivains luxembourgeois sont donc interpellés, voire concernés. Sortez de votre torpeur! Ouvrez les yeux sur le monde qui ne se réduit pas à 2.586 km²!
3) Sentiment de sécurité ou d’insécurité, that’s the question
On n’est jamais mieux servi que par soi-même, disait le poète. Tel est également le cas en ce qui concerne les premiers commentaires ou appréciations des responsables politiques, Petit Léon en tête, quand il s’est agi de juger, en absence de tout élément objectif, statistique ou autre, les premiers résultats de la mise en place de la „nouvelle“ police locale, ces derniers jours. Que des commentaires d’autosatisfaction, on se congratule mutuellement, les bourgmestres d’Esch et de Luxembourg se tapent mutuellement sur l’épaule, on se réconforte comme on peut, hauts gradés de la police inclus. Et surtout on est incapable de fournir des chiffres qui démontreraient a+b des résultats intangibles. Donc on va rester au niveau du feeling, le ressenti, le dit-on. A ce jeu tout le monde peut participer.
J’ai donc décidé de vous livrer mon analyse subjective, sans preuve formelle, mon ressenti à moi: On a l’impression subjective qu’il y a peut-être moins de mendiants à la Grand-rue du centre-ville ou à la rue de l’Alzette à Esch. Mais une des raisons est toute simple: beaucoup de mendiants se sont simplement déplacés dans d’autres quartiers, limitrophes, ou, carrément, dans d’autres localités du pays, transport en commun gratuit oblige, notamment. Les responsables des municipalités énumérées ci-dessus, connus pour leur altruisme vis-à-vis des autres municipalités, se souvenaient certainement, dans un autre contexte, d’une phrase devenue célèbre de Michel Rocard, ancien Premier ministre français: „La France ne peut accueillir seule toute la misère du monde, mais elle doit savoir prendre fidèlement sa part.“ Ces deux municipalités se sont donc fait un plaisir, solidarité oblige, et au lieu de trouver une solution chez eux, de „partager“ la charge avec les autres …
Résultat des courses, certes prévisible: on constate un déplacement du problème du point A vers le point B, (dans le domaine écologique on disait jadis: The solution of pollution is dilution) sans que pour autant ne serait-ce qu’une bribe du problème global n’ait trouvé une solution.
Mais quod non: à grands renforts de communiqués, d’interviews, de prise de parole, avec l’aide de la télé complaisante, on inonde l’opinion publique de ses propres (res)sentiments subjectifs, et à la fin on commence par y croire soi-même. Et les autres également, télé comprise. Allez, je vous donne le choix de retenir pour ce type de comportement un ou plusieurs des mots suivants qui, peut-être, vous conviennent: autosatisfaction, autocongratulation, autoflagellation, autosuggestion, autosuffisance, autoproclamation, automédication, auto-intoxication, autocentré. Complétez la liste, lâchez-vous, merde alors!
4) De la nécessité d’un agenda culturel national
Nous disposons au Luxembourg d’une offre culturelle intéressante, multiple, géographiquement répartie. Mais encore faut-il être au courant de l’offre globale des divers événements culturels. On a l’impression que la plupart des instituts ou organisateurs se retrouvent seuls ou un peu perdus lorsqu’il s’agit de communiquer les diverses activités. On a également l’impression du „chacun pour soi et personne pour tous“. Faisons court. Pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui se fait à Paris (ou ailleurs) où il existe, depuis 1946, une publication hebdomadaire, version papier et digitale, appelée „l’Officiel des spectacles“, qui annonce les programmations des spectacles et événements culturels: pièces de théâtre, expositions, séances de cinéma, concerts, conférences, actualités, jeune public, etc. On y précise à chaque fois les adresses exactes, les numéros de téléphone, sites internet et présentations succinctes etc., etc. Pour ce faire, sous la houlette du ministère des Affaires culturelles, on pourrait d’abord mutualiser les initiatives existantes (notamment celles de la Ville de Luxembourg incluses dans le City magazine) et y ajouter une dimension nationale, financée le cas échéant à la fois par des fonds publics et privés (publicité).

Ou éventuellement incluse dans la presse quotidienne. On pourrait même confier cette tâche à un organisme culturel existant, comme l’ALAC Asbl ou autre. Et y intégrer éventuellement une dimension commerciale, pourquoi pas? Je ne veux pas entrer, ici et maintenant, dans tous les détails, mais je suis disponible pour échanger sur ce sujet avec qui de droit. Car ce qui est possible de faire à Paris devrait l’être également au Luxembourg. La nécessité existe …
De Maart
Pour avoir un permis de chasse ou - de conduire,pour grande partie des professions il faut un bac ,un test,une qualification...Mais pour passer aux urnes il faut avoir l´âge requis c'est tout. Encore est il discussion de baisser cet âge à 16 ans. Avec le niveau intellectuel de la société,oui surtout américaine,tout est devenu possible. Le résultat est là.