Montag10. November 2025

Demaart De Maart

Interview„Je reprends mes morceaux et je les découpe“, dit Timelord, en concert mercredi soir à la Rockhal

Interview / „Je reprends mes morceaux et je les découpe“, dit Timelord, en concert mercredi soir à la Rockhal
Il joue du techno à la Rockhal ce soir: Timelord Photo: Timelord

Jetzt weiterlesen!

Für 0,99 € können Sie diesen Artikel erwerben:

Oder schließen Sie ein Abo ab:

ZU DEN ABOS

Sie sind bereits Kunde?

Timelord pratique une techno rugueuse qui, malgré ses digressions synthétiques, va droit au but comme une voiture trace dans un tunnel en pleine nuit. „Lvl. 1.“, son premier LP sorti cette année, navigue entre électro-futuriste et rétro-wave; les néons qui clignotent se transforment alors en stroboscopes. Le musicien luxembourgeois joue ce soir à la Rockhal lors de la „Rocklab Live Session“. Rencontre.

Tageblatt: Timelord, pourquoi ce nom de scène?

Timelord: Il s’agit de mon pseudonyme, depuis que je suis tout petit. Le nom provient de la série anglaise „Doctor Who“. En jouant aux jeux vidéo ou en allant sur des blogs, à chaque fois que je devais choisir un username, j’optais pour Timelord.

L’esthétique de Timelord, tant sonore que visuelle, renvoie justement aux jeux vidéo, mais aussi à „Blade Runner“, au cyberpunk, à la nuit, aux néons …

A fond; j’adore cet univers. Cette esthétique reflète le temps passé dans mon studio, au milieu de la nuit, à bidouiller mes synthés, mes machines.

Quelles sont vos influences en matière d’électro?

J’écoute tout le temps de la musique. Pour ce qui est de l’électronique, Deadmau5 fait partie de mes références. Daft Punk aussi. J’adore Jon Hopkins et les sonorités éthérées. Mais vu que je suis en quête de mon son et de ma voie, j’ai parfois peur que mes influences phagocytent mon travail, au point de faire du mimétisme. „Lvl 1.“, mon premier LP, regroupe des démos que j’avais sur mon ordinateur depuis de nombreuses années et que j’ai pris le temps de développer. Avec Timelord, qui est mon projet solo, j’essaye de puiser dans ce qu’il y a en moi, afin de sortir la musique que j’ai envie de créer, sans devoir me bloquer dans une boîte précise.

Portrait du musicien luxembourgeois
Portrait du musicien luxembourgeois Photo: Timelord

Votre identité visuelle, c’est un triangle avec des yeux: pourquoi ce logo?

J’avais besoin d’un élément visuel qui puisse me suivre. J’aime cette idée de signature que je peux mettre partout, sans nécessairement devoir y accoler un nom. J’adore ce qui est symbolique et c’est sans doute lié à Deadmau5, qui possède un logo reconnaissable. Je cherche en permanence de nouvelles manières de partager mes morceaux: là, par exemple, j’ai conçu des cartes, façon cartes Pokémon, avec mon logo à l’arrière.

Dans vos morceaux, il y a des éléments vaporwave et, plus largement, une dimension vintage technologique dans le revival eighties: vous considérez-vous comme un enfant d’Internet sur le plan de la culture électronique?

J’adore la vaporwave, les synthétiseurs qui sont bien mis en évidence ou encore l’esthétique japonaise. A l’origine, j’étais dans le rock; j’ai commencé la production en enregistrant ma guitare. Avec A-55, mon duo, on a produit nos morceaux – il y en a, d’ailleurs, pas mal dans les tiroirs.

Vous vous êtes aussi essayé à l’ambient sur „Field Recordings“.

Oui, je sors des morceaux sous le nom de Timelord depuis un bon moment. J’ai expérimenté avec des guitares. Avec „Lvl 1.“ je sais que je peux vraiment me concentrer sur la musique que j’ai envie de créer, sans me poser de questions.

La techno génère de la transcendance, via notamment les boucles des percussions. Quand je vois une salle emplie de personnes qui ne se connaissent pas et qui dansent sur le même mouvement, pendant des heures, je me dis qu’il est impossible de trouver ailleurs un phénomène pareil.

Timelord, musicien

A travers la répétition et la progression, vous jouez sur l’hypnose. Brian Eno affirme que la répétition est „une forme de changement“: êtes-vous d’accord avec cette idée?

Je ne sais pas combien de fois j’ai écouté le disque „Music for Airports“ de Brian Eno. En ce qui me concerne, j’essaye de voir à quel moment je dois sortir de la répétition; je veux éviter que mes morceaux soient dans la redondance. Mais, comme j’adore me perdre dans des nappes de son, je voudrais que mes albums soient encore plus longs et plus lents, de façon à ce qu’ils laissent beaucoup d’espace à la réflexion.

La techno a été une révolution, sur le plan technique, mais aussi en tant que genre musical regroupant des minorités sexuelles et raciales: est-ce que vous pensez qu’elle peut encore engendrer des bouleversements sociétaux?

La techno génère de la transcendance, via notamment les boucles des percussions. La musique est un langage qui rapproche. Quand je vois une salle emplie de personnes qui ne se connaissent pas et qui dansent sur le même mouvement, pendant des heures, je me dis qu’il est impossible de trouver ailleurs un phénomène pareil.

Même si „Postcard“ est chantée par Lore et que l’on entend votre voix sur „Soma – Vocal Edit“, que raconteriez-vous dans vos morceaux s’ils contenaient du texte?

Ce que j’apprécie, ce sont les paroles qui peuvent toucher tout le monde. Je ne me narrerais pas des histoires trop spécifiques, je me focaliserais plutôt sur des sentiments et sur des thèmes universels, tout en essayant de les traiter avec subtilité.

Vous auriez alors une écriture assez pop, avec, en surface, de la légèreté et de la fluidité, et, en profondeur, des sens cachés.

Oui, voilà. C’est quelque chose que j’aimerais faire de plus en plus. Avec A-55, on a écrit beaucoup de textes. David Bowie disait que, selon lui, quand un artiste chante des mélodies, lorsqu’il tente de trouver des mots qui ont du sens, c’est finalement en réécoutant son morceau un an plus tard qu’il parvient tout à fait à saisir ce qu’il a voulu dire.

Quand il devient son propre auditeur.

C’est ça. Moi-même, quand je commence à composer, je me dis que ça va être carré et que je sais précisément où je vais aller. Et puis non. Il y a des déviations. Ça part dans tous les sens. Et ça se transforme.

A quoi ressemble un show de Timelord?

Je présente mon projet en format live. Tout en gardant les structures originelles, je reprends mes morceaux et je les découpe. J’ai produit tous les titres, donc je veux les présenter sous une nouvelle forme. Lors de sa performance aux Rotondes, en 2019, Ryvage m’avait ouvert les yeux; je me suis dit que je n’étais pas contraint de faire un DJ set, mais que je pouvais réinterpréter mes morceaux, en direct, avec mes machines.

Timelord

Ce soir, le 11 décembre à partir de 20.30 h à la Rockhal à Esch-sur-Alzette. Plus d’infos sur: rockhal.lu.