Tageblatt: Quel est le point de départ de cet événement?
Clémence Creff: Cela faisait longtemps que Kultur lx collaborait avec la Jazz Station, un club basé à Bruxelles dont la mission est la diffusion du jazz dans la capitale. Nous organisions des soirées dédiées au jazz luxembourgeois. Et comme il y avait non seulement beaucoup de public, mais aussi des retours enthousiastes, on a pensé qu’il serait bien de rendre le projet encore plus global. De là découle alors l’idée de s’associer à d’autres lieux bruxellois, le Théâtre Marni et le centre culturel Senghor situé à Etterbeek, afin d’élaborer une édition consacrée au jazz luxembourgeois.
Quel est l’objectif de ces associations?
En plus de diffuser du jazz luxembourgeois, notre but, c’est de mettre en avant les connexions entre le Luxembourg et la Belgique. Beaucoup de musiciens luxembourgeois ont fait leurs études à Bruxelles. Ces deux pays sont amis, depuis longtemps. On s’est dit qu’il serait intéressant de provoquer une rencontre entre les Belges et les Luxembourgeois, dans une ambition de création commune en résidence. Aussi, deux musiciens expérimentés jouent avec deux autres plus émergents, afin qu’il y ait un aspect de transmission.
Pouvez-vous me parler de ces artistes?
Du côté luxembourgeois, Jérôme Klein a monté le groupe; il s’est associé à Daniel Migliosi, un jeune trompettiste qui commence à avoir une carrière prolifique. Du côté belge, il y a l’éminent batteur Stéphane Galland et la bassiste Louise van den Heuvel, qui est membre de plusieurs formations à grand succès. Les artistes se sont donc réunis, pendant cinq jours, en novembre et décembre, et le résultat sera présenté ce samedi. L’idée, c’était aussi d’inviter d’autres formations, comme les Belges de Ciao Kennedy, qui jouera ce soir avec les Luxembourgeois de Kolibri. Ces deux groupes ont une esthétique assez proche, à savoir électro ou, plus largement, „musiques actuelles“. Vendredi, Greg Lamy présentera un projet avec Jacques Kuba-Seguin.
En effet, beaucoup de jeunes musiciens émergent. Il y a un goût certain pour le jazz et pour ce que cette musique peut apporter comme liberté. Ces talents ont, en plus, une patte hyper claire.
Vendredi, il y a aussi un programme intitulé „Propulsion“.
„Propulsion“ est dédié aux jeunes talents. Le but de ce programme, c’est d’accompagner différents artistes, aussi bien du Grand Est de la France et du Luxembourg que de la Belgique, et ce pendant un an, sur les questions de développement de carrière ou encore de structurations. Il y a deux parties distinctes: la première s’adresse aux leaders de groupes, alors que la seconde est spécifiquement dédiée aux femmes, en tant que leadeuses de projets.
Il y a une scène jazz luxembourgeoise très vivante et, qui plus est, représentée par de jeunes musiciens, comme Veda Bartringer, Mathieu Clément, Daniel Migliosi ou Chantal Kirsch.
En effet, beaucoup de jeunes musiciens émergent. Il y a un goût certain pour le jazz et pour ce que cette musique peut apporter comme liberté. Ces talents ont, en plus, une patte hyper claire. La scène est très dynamique; les musiciens ont plein d’idées et sont capables de s’adapter à des projets multiples et variés. C’est, bien sûr, très stimulant.
Ce que l’on peut constater, en revanche, c’est qu’il y a de nombreux vibraphonistes, ce qui n’est pas commun
Même si chaque artiste a son propre style, le jazz luxembourgeois possède-t-il, selon vous, une couleur singulière?
C’est difficile de mettre un mot ou de placer ces musiciens dans une case esthétique, étant donné qu’ils ont étudié dans des endroits très différents. S’il y en a qui ont fait leurs études aux Etats-Unis, on entend que leur jazz s’inspire de la tradition américaine. Cela est valable tout autant pour d’autres qui sont passés par la Belgique ou l’Allemagne. Ce que l’on peut constater, en revanche, c’est qu’il y a de nombreux vibraphonistes, ce qui n’est pas commun. Aussi, il y a beaucoup de projets électro-jazz. C’est une tendance, mais il ne faut pas en faire une généralité.
Durant le festival, il y aura des rencontres professionnelles entre des programmateurs du Luxembourg, de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne et de France.
En effet, car notre mission consiste à promouvoir la culture luxembourgeoise, à un niveau national et international. Dans les opérations événementielles, on aime bien y incorporer une dimension professionnelle. La diffusion des artistes passe par le fait que les programmateurs se connaissent d’un pays à une autre. On a donc réuni des Luxembourgeois et des Belges, mais aussi des programmateurs venant d’ailleurs, car il y a une zone culturelle qui va des Pays-Bas à l’Est de la France, en passant par l’Ouest de l’Allemagne. Ces rencontres sont faites pour qu’ils réfléchissent ensemble à des collaborations, afin de permettre la circulation des artistes dans ces territoires, de manière plus durables. Vendredi, trois d’entre eux vont présenter des projets transfrontaliers. Et, le lendemain, il y aura un échange de travail. Je tiens à préciser que, pour cette journée professionnelle, on s’est associé à la Fazz, Fédération des jazz et musiques improvisées: c’est un partenaire très important.
En plus de „Propulsion“, quels sont les autres projets qui seront présentés?
Le second, nommé „Better Life“, est porté par plusieurs structures européennes. C’est un dispositif conçu pour que les programmateurs puissent financer les tournées, parce que l’idée, ce n’est pas seulement que les musiciens fassent plusieurs dates, au même endroit, dans un temps réduit, mais qu’ils aient aussi des moyens de transports durables. Enfin, la dernière présentation sera faite par JazzContreband, un réseau franco-suisse de jazz qui regroupe 44 festivals. Ce sont des projets qui, j’espère, vont donner matière à réflexion quant aux collaborations futures dans notre zone géographique.

De Maart
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