Lorsque les troupes américaines étaient entrées au Luxembourg début septembre 1944, repoussant les Allemands sur l’autre rive de la Moselle, cela n’avait pas été une libération pour tout le monde. Selon certains historiens, près de 10.000 Luxembourgeois avaient suivi la Wehrmacht dans sa retraite. Il n’est pas exclu que parmi eux se trouvaient des habitants de communes frontalières, évacués plus ou moins contre leur gré dans l’„Altreich“ pour ne pas être exposés au combat.
La majorité de ces réfugiés étaient toutefois des pro-allemands. Installés dans les arrondissements du Gau Koblenz-Trier les plus proches de la frontière, ils ne passaient pas inaperçus. Ces jusqu’au-boutistes affichaient en effet une foi dans le régime qui avait tendance à déconcerter les autochtones. Ces derniers, était-il noté dans un rapport du Sicherheitsdienst (SD), savaient qu’ils avaient affaire à des Luxembourgeois dès qu’ils entendaient le salut nazi.
Plus royalistes que le roi
L’incompréhension entre des Allemands qui sentaient venir la défaite de leur pays et ces Luxembourgeois qui avaient fui le leur par fidélité au Reich était grande. Henri O., ancien membre de l’Allgemeine SS, qu’un paysan allemand possédant une exploitation du côté de Hütterscheid avait engagé comme ouvrier agricole à l’automne 1944, raconta après la guerre: „Quel ne fut pas mon étonnement de découvrir que dans le Reich tout était bien différent de ce que les huiles du Parti nous avaient raconté. J’étais en effet fermement convaincu que tout le monde s’y saluait par ,Heil Hitler‘. Mais ce n’était pas le cas. Personne n’appréciait les nazis et les gens ne se saluaient pas autrement que par bonjour et bonsoir. C’est à ce moment que je me rendis compte que j’étais un salopard. Je restai donc bien tranquillement chez le paysan en question en attendant l’arrivée des Américains, tout comme les paysans allemands.“
Réalisant qu’il était plus royaliste que le roi, Henri O. avait donc changé d’attitude. D’autres Luxembourgeois qui, tout comme lui, se retrouvaient piégés dans un pays qu’ils avaient choisi, mais connaissaient finalement fort mal, firent probablement pareil. D’autres en revanche étaient bien décidés à continuer le combat. Ceux-là s’engagèrent notamment dans le Volkssturm, répondant à l’appel que Damien Kratzenberg, le chef du parti collaborationniste Volksdeutsche Bewegung (VdB), avait lancé au cours du mois de novembre 1944 dans le Nationalblatt, l’organe officiel du parti nazi dans le Gau Koblenz-Trier.1)
Mise sur pied par un régime nazi aux abois, le Volkssturm était pour l’essentiel composé d’adolescents et d’hommes âgés. Le nombre de Luxembourgeois en son sein est inconnu. On peut toutefois considérer qu’il ne devait pas être aisé pour ces gens qui avaient fait le choix de suivre l’occupant et se retrouvaient totalement à la merci de leurs hôtes de se soustraire à ce service. D’autant que beaucoup d’entre eux avaient acquis la citoyenneté allemande.
La préparation de la bataille des Ardennes
D’autres réfugiés luxembourgeois pro-allemands furent recrutés par un compatriote, Marcel S. Informateur des services de renseignement allemands dès avant la guerre, Marcel S. fut, à l’automne 1944, chargé par le Sipo-SD de recruter des volontaires pour des missions de reconnaissance au Grand-Duché. Les Allemands étaient alors en train de préparer une grande contre-offensive, dont le déclenchement était prévu pour la mi-décembre, et qui allait entrer dans l’histoire sous le nom de bataille des Ardennes.
Les hommes recrutés par Marcel S. accomplirent plusieurs missions au cours du mois de novembre 1944. Généralement, ils s’infiltraient de nuit au Luxembourg, à la hauteur de la localité frontalière de Bollendorf. Ils traversaient la Sûre, à bord de canots gonflables et se dirigeaient ensuite, par petits groupes, vers les secteurs qui leur avaient été assignés – généralement des localités du nord-est du pays, mais certaines missions purent les conduire jusqu’à Luxembourg.2)
Ces hommes devaient pour l’essentiel repérer les stocks de carburants et de munitions de l’ennemi. Ils devaient aussi localiser et identifier les unités de l’armée américaine postées dans ce qui allait devenir le flanc sud de la percée des blindés allemands vers la Meuse. D’autres Luxembourgeois, comme Joseph B. retournèrent dans leur pays au service de la Sipo-SD pour y sonder l’état de l’opinion et rassembler des informations sur certaines personnes.3) En effet les Allemands ne préparaient pas seulement une reconquête militaire, mais aussi politique. Ils comptaient bien reprendre leur grande œuvre de germanisation là où ils l’avaient laissé en septembre et châtier ceux qui entre-temps avaient, par exemple, cru bon de révéler leur appartenance à l’Unio’n ou à un réseau d’aide aux déserteurs.
„Hei sin dé deitsch Europa-Sender“
Parmi les réfugiés luxembourgeois pro-allemands se trouvaient aussi des journalistes de la rédaction nazifiée de Radio Luxembourg. A leur tête, Eugène Ewert, l’un des principaux propagandistes de la VdB. Peu après son arrivée en Allemagne, le petit groupe fut envoyé à Bad Mergentheim, au nord-est de Stuttgart, où il devait continuer de produire des programmes en luxembourgeois.
Leur émission, intitulée „Hei sin dé deitsch Europa-Sender“, furent émises quotidiennement, à partir de la fin décembre 1944, entre midi et midi trente et entre quinze heures et quinze heures trente, sur la fréquence de Radio Luxembourg. La moitié du contenu était dicté directement par le ministère de la Propagande du Reich ou par le service de propagande du Gau Koblenz-Trier. La rédaction se contentait de traduire la propagande et les dépêches en luxembourgeois.
L’autre partie était constituée de messages que des Luxembourgeois, qui pour une raison ou une autre se trouvaient encore dans des territoires contrôlés par le Reich, envoyaient à leurs proches restés au pays. Cette idée habile de laisser s’exprimer aussi bien les enrôlés de force que les combattants volontaires, les réfugiés pro-allemands que les déportés, afin d’attirer un auditoire aussi large que possible, était venue de Kratzenberg. Lorsque les troupes américaines pénétrèrent dans le sud-est de l’Allemagne, en mars 1945, la petite rédaction fut transférée à Gemünden, en Autriche. Elle était supposée y reprendre son activité, mais ce départ sonna en réalité la fin de l’aventure.
1) Archives nationales de Luxembourg (ANLux), Fonds Affaires politiques (AP) SP 515/46 (Luxbg.), déposition de Johann R. du 27 septembre 1945.
2) ANLux AP S51, dossier Marcel S.
3) ANLux, Fonds Épuration (EPU) 374, Extrait de jugement du tribunal spécial à l’encontre de Joseph B.
De Maart
Im Dezember 1944 wurde die CSV von den Leuten, die ab 1933 das Paradies auf Erden angekündigt hatten, gegründet. Sind die für diesen 1933 im unfehlbaren päpstlichen "Luxemburger Wort" angekündigten Stimmungswechsel anfälligen katholischen Kollaborateure Opfer oder Täter oder gläubige, werteorientierte Christen? MfG, Robert Hottua