Sonntag9. November 2025

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FranceMacron: „La Russie ne doit pas gagner, cette guerre est existentielle“

France / Macron: „La Russie ne doit pas gagner, cette guerre est existentielle“
Emmanuel Macron (c.) s’est expliqué, jeudi soir à la télévision, sur son revirement stratégique à propos de l’Ukraine Photo: AFP/Ludovic Marin

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Le président français s’est expliqué, jeudi soir à la télévision, sur ce que certains observateurs considèrent depuis quelques semaines comme son revirement stratégique à propos de l’Ukraine, ou en tout cas comme un sensible durcissement de ses positions, depuis qu’il n’a pas exclu l’envoi de troupes occidentales et notamment françaises au sol face à l’invasion russe.

Cette interview conjointe du chef de l’Etat sur TF1 et France 2 intervenait au surlendemain de l’adoption, par l’Assemblée nationale, de l’accord bilatéral de coopération militaire qu’il venait de signer à Paris avec son homologue ukrainien, par 372 voix contre 99, essentiellement celles du Parti communiste et de La France insoumise, les 88 élus du Rassemblement national s’étant, quant à eux, abstenus. Ce qui semblait plutôt de bon augure pour le locataire de l’Elysée.

Celui-ci devait pourtant, il est vrai, faire face depuis quelques heures à une indiscrétion publiée par le quotidien Le Monde et selon laquelle, lors de la réception avec des intimes qui avait suivi la „panthéonisation“ de Missak et Mélinée Manouchian, il aurait confié: „Cette année, je vais devoir envoyer des mecs [sic] à Odessa.“ Petite phrase qui, heureusement pour lui, n’a pas été évoquée par ses deux questionneurs, mais qui avait fait beaucoup réagir le tout-Paris politique dans l’après-midi, et, comme il était prévisible, alimenté les critiques de l’opposition sur le thème: „Macron est décidément devenu un va-t-en-guerre.“

L’exercice auquel s’est livré l’intéressé aura en fait consisté, non pas à démentir l’idée selon laquelle il n’exclurait plus qu’en effet les Occidentaux en général, et la France en particulier, puissent devoir participer à la résistance contre l’agression russe plus directement qu’en se contentant de livrer des armes à l’Ukraine, mais à expliquer pourquoi il ne faut plus l’exclure. „La Russie ne peut pas et ne doit pas gagner cette guerre“, a-t-il martelé, c’est pour l’ensemble des démocraties, et point seulement pour l’Ukraine, „une guerre existentielle“.

„Une colombe devenue faucon“?

On est désormais très loin du Macron qui, durant les premiers mois de l’invasion, multipliait les appels téléphoniques apaisants à Vladimir Poutine dans l’espoir de jouer les conciliateurs. „C’est une colombe qui est devenue faucon“, s’étonnent certains. On comprend en tout cas qu’un tel changement de cap, concrétisé par la promesse d’un engagement européen supplémentaire, nécessitait en effet une explication vis-à-vis des Français. La guerre, explique Emmanuel Macron, est „existentielle“ pour l’Ukraine, mais aussi pour la France. „La sécurité de l’Europe et des Français se joue en Ukraine. Si la Russie gagne, la vie des Français change, et la crédibilité de l’Europe est réduite à zéro.“

La sécurité de l’Europe et des Français se joue en Ukraine. Si la Russie gagne, la vie des Français change, et la crédibilité de l’Europe est réduite à zéro.

Emmanuel Macron, Président français

Mais „l’escalade, si elle se produit un jour, ne viendra pas de la France“, insiste Emmanuel Macron, qui répètera plusieurs fois au cours de son entretien télévisé que „si les choses dégénèrent, ce sera de la responsabilité de la seule Russie“. La dissuasion, en rétablissant un rapport de force, permet justement, selon le président français, d’éviter d’être entraîné dans la guerre; et „pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faibles“, dans ce monde où „tout ce qu’on croyait impensable arrive“. Interrogé sur „l’isolement européen“ de la France dans cette position nouvelle de grande fermeté, M. Macron a par ailleurs estimé que pour l’essentiel, „chacun à la mesure de ses moyens“, ses partenaires étaient tout de même unis dans la recherche de la meilleure aide possible pour l’Ukraine – sa visite d’hier à Berlin était évidemment, de ce point de vue, très attendue (lire d’autre part).

Evoquant le récent vote de l’Assemblée nationale, il a en outre stigmatisé „ceux qui, en refusant leur soutien à l’Ukraine, prétendent préparer la paix, alors qu’ils ne préparent que la défaite (…) car il n’y aura pas de paix durable sans retour à la souveraineté de l’Ukraine, ni de sécurité pour les Français sans paix en Ukraine“. Les réactions aux propos présidentiels ont naturellement été très vives, dans la soirée et hier matin encore, dans les rangs du RN et de LFI, qui ont dénoncé, à peu près dans les mêmes termes, „l’insouciance“ avec laquelle le chef de l’Etat engage selon eux la France dans la guerre, et aussi, du côté des Républicains, les arrière-pensées électorales qu’ils prêtent à ce dernier en direction du prochain scrutin européen.