Dienstag11. November 2025

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ConcertExplorations et déstructurations: les comptines déglinguées de Movulango

Concert / Explorations et déstructurations: les comptines déglinguées de Movulango
Mozes Mosuse trace désormais son chemin pop en solo sous le nom de Movulango Photo: Bob Jeusette

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Alors qu’avec Future Sound Of Antwerp, il se décrivait comme „un enfant post-numérique de la scène techno“, Mozes Mosuse trace désormais son chemin pop en solo sous le nom de Movulango. Membre illustre de Deewee, le label des frères Dewaele (Soulwax et 2 Many Djs), Mosuse ne cesse de surprendre avec ses bidouillages électro-psychédéliques et ses mélodies transcendées par sa voix claire et fragile. A l’occasion de son concert ce mercredi au „De Gudde Wëllen“, revenons sur l’un des artistes les plus intéressants de la scène belge.

Soulwax est sans doute le duo belge le plus célèbre et célébré de la planète rock. On dit rock mais il faudrait juxtaposer électro tout près; ne surtout pas faire de distinction dans la mesure où jamais il n’y aurait ici de contradiction entre un songwriting à l’ancienne et le futur électronique en guise d’exploration. Dès 1995, à l’image de Is It Binary, les frères Dewaele et leurs acolytes combinent le trio guitare-basse-batterie et les machines sans binarité. Après une série de disques qui possèdent leur propre identité – ou même pourrait-on dire un „son belge“ – David et Stephen Dewaele créent le label Deewee en 2015. Le catalogue se révèle fastueux: en plus du Brésil (Phillipi) ou de l’Australie (Laila), Deewee regroupe ce que la musique belge peut proposer de plus ingénieux, du krautrock (Die Verboten) à l’électro-pop (Charlotte Adigéry et Bolis Pupul).

A bord du navire, Mozes Mosuse et Olivier Geerts ont droit à leur entrée en club, par l’entremise d’un son deep house minéral, bordé d’une louche de disco, mais aussi d’un soupçon d’Electro Body Music (EMB) – n’oublions pas que la Belgique est le berceau de l’EMB via Front 242 ou Parade Ground. Le nom de leurs formations? Ego Troopers et The Future Sound Of Antwerp. A force d’errer sur les dancefloors jusqu’à plus soif et de sortir des opus aux noms délirants („Tom Cruise, Scientologist“ en 2016), Mozes Mosuse s’isole pour mieux se retrouver, au sein de Movulango. Ce dernier se concentre sur le format chanson. Et c’est très réussi. 

Trouver sa voix

La métamorphose s’avère étonnante: il y a, dans les influences de Mozes Mosuse, le folk-rock sec et acoustique d’Elliot Smith, les collages technologiques d’Art Of Noise et la pop psychédélique de Panda Bear. Autrement dit: le triptyque parfait pour synthétiser la recette de Movulango, auquel on peut ajouter ses antécédents électroniques. Ledit format chanson n’interdit pas les multiples incursions qui, avec synchronicité, désorientent et séduisent. Façon work in progress en temps réel, les morceaux passent de la structure traditionnelle (guitare-voix ou piano-voix) à un démontage en règle de la grammaire pop la plus économe et épurée.

Le premier EP „Mirror In Man“ mixe folk cosmique et pop des Baléares, de „Through The Motions“, une sombre comptine armée d’un orgue qui semble désaccordé, à „Other Way“, soit la superposition de synthés disloqués et d’un beat qui bégaye en boucle comme si le vinyle était rayé. Au sujet de Movulango, les frères Dewael expliquent que, lorsqu’il débarque au studio avec ses ébauches de mélodies, ses brouillons de mots ou ses astuces sonores, l’artiste déborde de trouvailles: cela ne fait aucun doute à l’écoute. Précisions au passage que la connexion entre Movulango et Soulwax ne date pas d’hier mais de toujours: le père du Mozes a travaillé il y a fort longtemps avec Stephen Dewaele dans une émission de télévision. Et Movulango a lui-même la sienne, sur Radio Atlantis.

Sorti fin 2023, l’EP „The Irony“ pousse les curseurs plus loin. Out Of The Count? Encore la preuve d’un songwriting soigné à la MGMT, en attendant le prochain disque du duo américain („Loss Of Life“, prévu le 23 février). La title-track? Une marche rugueuse qui monte, jusqu’à un final bourré de synthés et de distorsions comme passées sous scratch jusqu’à crachoter. Et, juste avant, la voix de Movulango qui semble répondre à la sienne en arrière-plan, sous hélium. Car oui, son timbre aigu et certains de ses falsettos peuvent rappeler Devonté Hynes (Blood Orange), Kevin Parker (Tame Impala), Joseph Mount (Metronomy) ou Joe Goddard (Hot Chip, dont il a assuré la première partie), bref tous ces chanteurs qui ont fait les belles heures de la plus populaire des pop ces dernières années. Et que chante-t-elle, cette voix? Pas mal d’histoires … d’amour. Idéal pour le concert au „De Gudde Wëllen“ qui a lieu le jour de la Saint-Valentin.

Le 14 février à 20 h au „De Gudde Wëllen“ (17, rue du Saint-Esprit à Luxembourg-ville). Première partie: Borokov Borokov. Entrée: 12 euros.