Dienstag11. November 2025

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FranceLe remaniement ministériel a tourné à la crise politique

France / Le remaniement ministériel a tourné à la crise politique
François Bayrou, président du MoDem, ne veut plus siéger au gouvernement Photo: Gonzalo Fuentes/Pool/AFP

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Le complément de remaniement du gouvernement de Gabriel Attal (lequel pourrait se réunir au complet en séminaire demain matin), aura connu ces deux derniers jours une nouvelle complication inattendue: le refus de François Bayrou, président du MoDem centriste, et jusqu’alors considéré comme un des piliers du macronisme, de rejoindre la nouvelle équipe ministérielle.

Une annonce d’autant plus inattendue que, enfin blanchi par la justice dans une sombre affaire d’assistants parlementaires européens qui datait de 2017 – encore que le parquet ait fait appel de sa relaxe hier après-midi – il semblait au contraire très désireux de renouer avec des fonctions ministérielles. Ancien ministre de l’Education nationale dans les gouvernements Balladur puis Juppé, il se serait bien vu, de l’avis général, reprendre ce difficile mais prestigieux ministère. Ou bien, a-t-il précisé lui-même, un autre portefeuille dont il estimait la résurrection indispensable, „pour tenter de combler le fossé qui se creuse toujours plus dramatiquement entre Paris et la province“: l’Aménagement du territoire.

M. Bayrou, par ailleurs maire de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, et commissaire au Plan, fonction dans laquelle il n’a guère eu l’occasion de s’illustrer, a mis l’accent, dans ses différentes déclarations d’hier, sur cette dernière dimension de ses ambitions. „Je suis un élu de la province la plus lointaine de France. Je sais ce que vivent tous ceux qui observent des directives qui sont souvent en contradiction avec ce qui se passe sur le terrain, et les blocages qui viennent de là.“ Ajoutant: „Le pays a besoin de plus de compréhension politique de ce qui se passe à la base, et de moins de technocratie gestionnaire.“

Mais surtout, le président de la deuxième formation de la majorité parlementaire macronienne, derrière le parti du président, Renaissance, et devant celle de l’ancien premier ministre Edouard Philippe, Horizons, a mis en avant, pour expliquer le fait qu’il ne pourrait finalement pas participer au gouvernement Attal, au moins deux considérations qui, si on le comprend bien, devraient le conduire à quitter purement et simplement ladite majorité, au demeurant relative. Et cela même s’il a ajouté ensuite qu’il n’était pas question pour son parti de rejoindre l’opposition, comme l’y invitaient de concert, sur sa droite Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée, et, sur sa gauche, Cyrielle Châtelain pour les écologistes.

„Affront“, „mépris“ …

D’une part, il a jugé que les orientations du nouvel exécutif rendaient impossible un „accord profond sur la politique à suivre“; en clair, M. Bayrou condamne ce qu’il considère comme un glissement accentué vers la droite de la majorité et du gouvernement Attal. D’autre part, il a laissé éclater sa vive irritation contre le fait qu’indépendamment même de sa personne (du moins en principe …), son parti était, à l’occasion de ce remaniement, et sans doute depuis plus longtemps, „traité par le mépris“ par l’Elysée et Matignon, qu’il a accusés d’„affront“ compte tenu du peu de cas qui était fait de ses propositions, et du fait que le nombre de portefeuilles ministériels qui était proposé au MoDem était inférieur aux cinq, voire six qu’il attendait.

Cette rebuffade pourrait bien avoir aussi une cause plus profonde: François Bayrou semble convaincu que le règne de celui pour qui il avait pris parti lors de l’élection présidentielle de 2017 va dans le mur, tout particulièrement son second quinquennat, et qu’il pourrait avoir lui-même une bonne chance d’incarner un renouveau de la famille centriste lors de la présidentielle de 2027. Mais sa position n’a pas seulement une crise dans la majorité: elle a aussi creusé un vif malaise à l’intérieur de son parti, dont le plus brillant ténor, le député Jean-Louis Bourlanges, notait hier: „Les communistes, sous le Front populaire de 1936, avaient inventé le soutien au gouvernement sans participation; allons-nous vers une participation sans soutien? C’est absurde!“

En attendant un éventuel éclaircissement, la composition finale du gouvernement s’est encore trouvée reportée et compliquée, un mois après la nomination de Gabriel Attal à Matignon, au grand dam de l’image globale de l’exécutif.