De fait, au-delà de l’affirmation de son souci de procéder au „réarmement civique“ de la France en 2024, formulation qui traduit d’ailleurs, en creux, un assez sombre constat pour le présent, le discours de treize minutes du chef de l’Etat aura davantage tenu de l’exercice convenu que du lancement d’une nouvelle phase de son second et dernier mandat à l’Elysée. Après avoir rappelé que l’année écoulée avait été marquée par la guerre, le terrorisme, le dérèglement climatique, l’inflation, ainsi que par „des gestes de haine et des violences“, il a assuré que „dans ce contexte de crises peut naître le meilleur“.
Après avoir vanté les réformes opérées en 2023, notamment celle des retraites et de l’immigration, M. Macron a remercié „tout particulièrement“ sa première ministre, Élisabeth Borne, et l’ensemble du gouvernement. Et il s’est engagé, pour 2024, à „agir encore dans l’intérêt de la nation“; ce qui, au poste qui est le sien, semble bien le moins en effet. D’ailleurs, „2024 sera un millésime français“, a-t-il ajouté, faisant allusion aux Jeux olympiques de Paris l’été prochain, à la commémoration du 80e anniversaire du Débarquement de Normandie de juin 1944, ou encore à la réouverture de Notre-Dame, prévue pour la fin de l’année.
Bref, des propos plus lénifiants qu’offensifs, qui n’en ont pas moins déclenché aussitôt la verve critique de l’opposition. Petit florilège: „Il y a comme un parfum de fin de règne, le président est vraiment dans un déni de réalité“ (Guilhem Carayon, porte-parole de LR); „Ces vœux montrent une absence totale de lucidité sur la réalité du pays“ (Alexis Corbière, député mélenchoniste); „Macron s’est noyé dans ses mensonges en inventant un pays sans chômage ni crise du pouvoir d’achat ou violence endémique“ (Jean-Philippe Tanguy, député lepéniste).
Quel électrochoc salvateur?
A discours de routine, réactions de routine … Mais leur vivacité persistante montre en tout cas à quel point, s’il veut faire œuvre utile des presque trois ans et demi de présidence qui lui restent, Emmanuel Macron doit trouver le moyen de se désengluer de cette „annus horribilis“, comme avait dit en son temps la reine Elizabeth, qu’aura été pour lui 2023. Une année marquée par un très laborieux combat pour la réforme des retraites face à de grandes manifestations, une inflation d’un niveau rare en Europe, un endettement public catastrophique, les émeutes du printemps et du début de l’été, et finalement ce débat sur la réforme de l’immigration peu valorisant, pour le moins, à l’égard de la „majorité“ macroniste qui, au Parlement, n’aura été sauvée à la dernière minute que par l’extrême droite.
C’est d’ailleurs bien un électrochoc salvateur que le chef de l’Etat compte provoquer dans les semaines qui viennent, en mobilisant les Français autour d’un nouveau projet, supposé s’incarner dans un nouveau gouvernement. Sur ce point, une date commence à courir les allées du pouvoir: celle du 17 janvier. Mais les suppositions sur les noms des nouveaux venus restent bien incertaines; à commencer par celui du nouveau titulaire de Matignon, en remplacement de Mme Borne donnée partante. M. Macron chercherait une personnalité atypique et si possible de gauche, les plus hardis évoquant les noms de Nicole Notat, ex-patronne charismatique de la CFDT, ou de Bertrand Delanoë, ancien maire socialiste (et populaire) de Paris.
Quant à l’actualité de 2024, elle devrait en effet offrir à M. Macron quelques occasions de s’afficher sur des thèmes plutôt fédérateurs, ceux qu’il a évoqués dans ses vœux. Mais quelques grandes occurrences médiatiques, même rassembleuses, ne font pas une politique; ni même une remontée de la confiance populaire. Laquelle, en attendant „la surprise du chef“ promise pour ce mois-ci, reste obstinément en berne.
De Maart
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können