Dienstag28. Oktober 2025

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FranceLes maires s’inquiètent pour leurs finances et leur sécurité

France / Les maires s’inquiètent pour leurs finances et leur sécurité
La maire de Saint-Brevin-les-Pins Dorothée Pacaud pose avec son prédécesseur Yannick Morez qui s’est retiré du poste après des violences contre lui par des militants d’extrême-droite Photo: Sébastien Salom-Gomis/AFP

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Le 105e congrès annuel de l’Association des maires de France (AMF), qui réunissait depuis lundi et jusqu’aujourd’hui quelque 10.000 maires dans la capitale, sur les 35.000 communes environ que compte l’Hexagone, se sera déroulé dans une ambiance morose.

Le constat que dressent les élus municipaux est sombre, qu’il s’agisse de leurs relations avec l’Etat, y compris sur le plan financier, ou de leur sécurité personnelle. Emmanuel Macron, qui s’était engagé à venir chaque année au congrès de l’AMF, ne l’a finalement pas fait; en principe pour cause de G-20 (pourtant tenu par vidéo-conférence, ce qui aurait tout de même pu lui permettre de dégager une heure ou deux …), mais nombre de maires ont surtout voulu y voir la confirmation de ce manque d’intérêt pour les corps intermédiaires qui lui est souvent reproché sur d’autres terrains, syndicaux notamment.

Certes, le chef de l’Etat avait prévu de donner hier soir un cocktail en leur honneur à l’Elysée, auquel, d’ailleurs, un certain nombre de mécontents avaient annoncé par avance qu’ils ne se rendraient pas. Et il aura délégué au congrès une bonne douzaine de ministres au total, dont la première ministre, Mme Borne. Mais les maires, ceux des petites communes rurales tout particulièrement, auraient eu le plus grand besoin que le chef de l’Exécutif leur témoignât une attention particulière cette année: ils disent se sentir en plein „découragement républicain“.

Pour les mécontents, les parlementaires sont loin, les ministres très loin, et le président carrément inaccessible; tandis que le maire, dans sa commune, est constamment à portée d’engueulades, quand ce n’est pas à portée de gifles, voire de coups

Un élu d’une petite bourgade rurale

Le mot d’ordre de leur grande réunion nationale de cet année était d’ailleurs éloquent à cet égard: „Communes attaquées, République menacée.“ Un sondage récemment réalisé auprès d’environ 8.000 maires montre que 68,7% d’entre eux affirment avoir été victimes d’„incivilités“ – en fait des agressions au minimum verbales, mais aussi physiques – depuis le début de cette année. „Pour les mécontents, les parlementaires sont loin, les ministres très loin, et le président carrément inaccessible; tandis que le maire, dans sa commune, est constamment à portée d’engueulades, quand ce n’est pas à portée de gifles, voire de coups“, se désole l’un d’eux, élu d’une petite bourgade rurale.

Agressions en hausse, ressources en baisse

De fait, l’année 2023 aura été marquée par quelques agressions particulièrement spectaculaires contre des maires: incendie criminel au domicile de celui de Saint-Brevin (Loire-Atlantique), attaque à la voiture-bélier contre la maison de celui de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne)… Et selon le ministère de l’Intérieur, ces agressions devraient encore augmenter cette année, après une hausse de 32% en 2022. Fait significatif: contre ces violences, le gouvernement a dû lancer en juillet un plan de lutte mobilisant parmi la police ou la gendarmerie, selon les zones, 3.400 „référents spécialisés dans les atteintes aux élus“.

Mais les réactions suscitées par ce climat chez ces derniers ne se résument pas à la peur: il s’agit aussi d’une forme de détresse devant la perte du respect normalement dû à un élu et à ses fonctions. Rien d’étonnant, donc, à ce que les démissions se multiplient, et cela sur un rythme croissant. Selon le président de l’AMF, David Lisnard, lui-même maire LR de Cannes, on en comptait déjà environ 30 par mois l’an dernier, et ce chiffre est plutôt aujourd’hui proche de 40, soit le double d’il y a dix ans.

Les maires ont aussi, par ailleurs, le sentiment de crouler sous les formalités administratives et la marée toujours montante de la paperasserie qu’elles engendrent, cependant que les ressources budgétaires des communes se réduisent comme peau de chagrin. La suppression de la taxe d’habitation, en particulier, expliquent ces élus, même remplacée – d’une manière d’ailleurs pas toujours équitable, tant s’en faut, surtout face à l’inflation – par une dotation de l’Etat, a supprimé chez beaucoup d’administrés le rapport clair qu’il y avait entre ce qu’ils payaient et ce que nous faisions pour la commune.

Pourtant, on a souvent l’impression, en parlant avec ces maires, que malgré ces difficultés, voire ces traumatismes, il suffirait peut-être d’un peu plus de reconnaissance et de considération, de la population comme des pouvoirs d’Etat, pour que fleurissent à nouveau les vocations et la passion de servir.