Comment (tenter de) ruiner une initiative plus qu’estimable en quelques minutes? C’est ce à quoi s’est tout de suite employée avec son savoir-faire coutumier La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Il est vrai que le chef de LFI avait certainement besoin d’un nouveau coup d’éclat. Il est en effet confronté à la fois à une contestation interne de plus en plus véhémente, qu’il tente de juguler à coups de sanctions (dernière victime en date: la députée Rachel Garrido, condamnée à quatre mois de silence), et à l’éclatement, désormais impossible à dissimuler, de la NUPES, cette union électorale de la gauche qu’il entendait mener à sa guise, et cela sur des chemins jugés de plus en plus douteux par ses partenaires du PCF, du PS et des Verts.
M. Mélenchon a donc, sitôt émise la proposition, fait savoir qu’il n’était pas question que son parti et lui-même participent à ce „rendez-vous des amis du soutien inconditionnel au massacre“. Autrement dit à Israël, puisque, selon lui, les égorgeurs, violeurs et preneurs d’otages du Hamas, qu’il se refuse d’ailleurs à qualifier de terroristes, ne sont pas des massacreurs, contrairement aux soldats de Tsahal, mais des „résistants“. Et qu’il ne fait de toute façon aucune distinction entre les Français de confession juive et M. Netanyahou, qu’il semble vouer au même opprobre.
Il est vrai que La France insoumise, toujours très attentive à lutter contre toute „islamophobie“, entretient au contraire des relations tendues avec les représentants de la communauté israélite, au premier rang desquels le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). Ce dernier ayant appelé, le 9 octobre, à un rassemblement de solidarité avec Israël, Jean-Luc Mélenchon l’avait accusé „d’empêcher la solidarité des Français avec la volonté de paix en obligeant tout le monde à s’aligner sur la position du gouvernement d’extrême droite israélien“. Réponse du président du CRIF, Yonathan Arfi, guère plus nuancée, le lendemain: „M. Mélenchon est devenu un ennemi de la République.“
A fronts renversés
Les autres partis de gauche ont, eux, fait savoir qu’ils participeraient évidemment à cette manifestation. Mais si l’absence de LFI ne créait ni surprise ni difficulté, un autre problème a ensuite surgi: le RN, a annoncé Mme Le Pen, tenait, lui, à participer à la démonstration populaire contre l’antisémitisme, elle même comptant personnellement se joindre au cortège. Une annonce qui devait semer l’embarras à gauche, et même chez les macronistes.
Deux camps allaient vite se former. Le premier s’indignant qu’une formation d’extrême droite – famille politique qui s’était notamment signalée par son antisémitisme avant et pendant la Seconde Guerre mondiale – puisse se joindre à une telle manifestation; tandis que le second voulait y voir, au contraire, un signe positif attendu depuis très longtemps. Ainsi Serge Klarsfeld, grand pourfendeur d’anciens nazis, explique-t-il dans Le Figaro: „Quand je vois un grand parti issu de l’extrême droite abandonner l’antisémitisme, le négationnisme, et marcher vers des valeurs républicaines, je m’en réjouis.“
On peut imaginer qu’en s’excluant de la mobilisation contre l’antisémitisme, côté LFI, ou en s’y associant au contraire, côté RN, les deux formations populistes poursuivent chacune leur chemin électoral: les mélenchonistes en cultivant leur clientèle musulmane, les lepénistes en parachevant leur dédiabolisation et en entrant ainsi, aux moins à leurs propres yeux, dans ce qu’il est convenu d’appeler „l’arc républicain“. Au risque, pour les premiers, de se faire taxer d’antisémitisme, et pour les seconds, d’opportunisme ou d’hypocrisie. Il y a en tout cas quelque chose d’un peu étrange à voir les deux extrêmes de la scène publique française jouer ainsi à fronts renversés.
Restent les deux questions essentielles: celles de savoir si, convoquée sur un tel fond de confusion et d’accusations croisées, la manifestation de demain, à laquelle Emmanuel Macron pourrait participer, comme une vingtaine de ses ministres, aura le succès espéré par ses initiateurs, et si la police réussira à en assurer la sécurité, y compris contre d’éventuels „loups solitaires“.
De Maart
Une belle marche en vue...l ami de la republique Zemmour en premiere ligne
Le crif decide desormais qui sont les ennemis de la Republique.
Un retour aux temps de Robespierre ou du camarade Staline.