Un autre hommage, à l’échelle nationale celui-là, doit lui être rendu ce lundi, jour qui marque aussi le troisième anniversaire de la décapitation d’un autre enseignant, Samuel Paty – qui enseignait, lui, l’histoire et la géographie – par un autre islamiste de même origine géographique. Une minute de silence sera observée dans tous les établissements d’enseignement, et un dialogue sera engagé dès ce matin entre les professeurs et leurs élèves.
L’émotion est d’autant plus vive qu’au fil des témoignages se précise le profil de Dominique Bernard, agrégé de lettres modernes, et cela de manière très élogieuse: „C’était le type-même du professeur qu’on rêve toujours d’avoir“, assurent de nombreux élèves du lycée-collège d’Arras; et pour beaucoup d’autres enseignants, „un collègue chaleureux, généreux, passionné par la littérature et par son métier“, toujours soucieux, ajoute un autre, „d’aider les moins favorisés à faire, eux aussi, leur profit de l’enseignement qui leur était dispensé.“
A quoi s’ajoute le fait que c’est en tentant de faire barrage au tueur, qui avait déjà grièvement blessé plusieurs autres membres du personnel de l’établissement, que le professeur de français a été mortellement atteint. Ce qui ajoute à son auréole, mais repose aussi, de manière très insistante, la question de la sécurité dans l’univers scolaire – et pas uniquement, d’ailleurs. La première ministre a annoncé samedi soir qu’elle allait proclamer sur l’ensemble du territoire l’„urgence attentat“, qui est en fait un échelon supplémentaire du plan antiterroriste dit Vigipirate.
Le projet de loi sur l’immigration menacé?
Ce qui va supposer une mobilisation de tous les moyens de sécurité. Quelque 7.000 soldats supplémentaires de la „force Sentinelle“, qui patrouille dans différents lieux publics présumés à risque, comme les gares, les aéroports, ou encore aux abords des grandes manifestations sportives (comme, hier soir, le match de rugby France-Afrique du Sud,) vont être déployés sur le territoire d’ici à lundi. „C’est aussi un moyen de dire aux Français de faire attention“, a ajouté le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Lequel doit faire face, tout comme son collègue de la Justice, Éric Dupont-Moretti, à des critiques parfois vives de l’opposition, et en particulier du Rassemblement national, qui réclame sa démission. En cause? Le fait que l’assassin d’Arras était déjà répertorié dans le „fichier S“ des services de police chargés de surveiller la mouvance islamiste susceptible de basculer dans le terrorisme, et avait d’ailleurs été tout dernièrement interpellé pour un contrôle, mais sans suite. Sans aller jusque-là, nombre d’enseignants se demandent combien il faudra encore de victimes dans leurs rangs pour que la protection des écoles devienne une réalité.
Quant à la droite modérée, sans aller jusqu’aux imprécations lepénistes, elle dénonce tout de même „l’impuissance“ du gouvernement à lutter contre l’immigration illégale, dont l’assassin du professeur Bernard faisait partie tout en n’étant pas expulsable, car il était entré en France avant l’âge de 13 ans. Et elle compte manifestement sur ces circonstances tragiques pour imposer au gouvernement quelques sévères modifications à son projet de loi sur l’immigration, dont la discussion parlementaire va s’ouvrir prochainement. Et s’annonce bien délicate pour le gouvernement.
De Maart
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