Montag10. November 2025

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FranceAprès les retraites, l’immigration

France / Après les retraites, l’immigration
Emmanuel Macron veut reprendre l’initiative après la très controversée réforme des retraites Photo: Johanna Geron/Pool/AFP

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Après bien des hésitations et des déclarations contradictoires, le gouvernement français vient d’annoncer qu’il remettait finalement en chantier dès maintenant son grand projet de loi sur l’immigration, lequel semblait avoir été mis en pause après les affrontements ayant accompagné la réforme des retraites depuis le début de l’année. Mais cette nouvelle aventure législative ne s’annonce pas plus aisée que la précédente.

Ce projet date déjà d’environ un an, puisque c’est au début de son second quinquennat qu’Emmanuel Macron en avait lancé l’idée. Ou plutôt relancé, puisqu’il s’agissait en fait d’ajouter, à une législation déjà abondante – quoique très inégalement respectée – sur le sujet, un nouveau texte censé apporter une réponse globale et, si possible, définitive au problème et de mettre ainsi un terme aux polémiques. Mais le cheminement de cette idée a subi, au fil des mois, bien des aléas et des revirements.

D’abord prévu pour être présenté l’été dernier, avec un début d’examen parlementaire en septembre, le projet gouvernemental se vit repoussé une première fois vers la fin de l’automne. Puis il fut question de l’hiver, pour se donner le temps d’une concertation dont l’exécutif découvrait combien celle-ci avait manqué à la préparation de son texte sur les retraites. Le Sénat devait commencer à en débattre le 28 mars, mais l’actualité bouscula encore ce programme, au grand dam du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui s’était engagé à présenter „au plus vite“ un texte qu’il voulait fort.

Le chef de l’Etat, pensant sans doute pouvoir émietter les oppositions au projet, laissa ensuite entendre que plutôt que d’en faire une loi unique et globale, il allait demander au gouvernement de le diviser en plusieurs projets traitant chacun d’un aspect spécifique. „Saucissonnage“, s’indigna aussitôt l’opposition. De fait, M. Macron devait faire machine arrière voici trois semaines, en concédant qu’au fond, sa présentation „en un seul texte“ serait préférable.

Essayer de remonter la pente

Mais le feuilleton allait encore connaître deux rebondissements: dans un premier temps, la première ministre obtint de l’Elysée le report de l’examen du projet au plus tôt à l’automne prochain, officiellement „pour ne pas présenter en ce moment un texte susceptible d’accroître la division des Français“, en fait surtout parce que, tous comptes faits et refaits, elle ne voyait décidément pas où elle pourrait bien trouver une majorité, alors même qu’elle avait promis de ne plus recourir au 49-3 sauf pour des scrutins budgétaires. Mais deux semaines plus tard, nouveau revirement, très certainement imposé par le président: finalement, le texte de la future loi va être préparé dès maintenant, pour être soumis au conseil des ministres en juillet, et discuté en septembre.

On devine bien à quel souci répond chez M. Macron cette énième volte-face: reprendre l’initiative et remonter la pente. Il est manifestement exaspéré par les commentaires qui le décrivent, après le si laborieux processus qui a conduit à la réforme des retraites, avec un rejet très massif de l’opinion à l’égard non seulement de sa politique, mais aussi de sa personne, comme un président désormais incapable de mener les grandes réformes auxquelles il aspirait, et condamné à gérer les affaires courantes de son bureau de l’Elysée. Et cela d’autant plus, dans le cas précis de l’immigration, que les élus LR ont déposé deux propositions de loi sur le sujet …

Mais le risque est grand que le texte gouvernemental ne se heurte à la même absence de majorité parlementaire que celui sur les retraites. Les Républicains, en particulier, ont signalé à Mme Borne, au cours de premiers contacts informels sur le sujet, quelles seraient leurs objections rédhibitoires.

La solitude des Champs-Elysées

Certes, font-ils valoir, ils pouvaient adopter un des aspects de la réforme, renforçant la loi existante sur les „reconduites à la frontière“, autrement dit les expulsions, des immigrés clandestins dont la situation irrégulière aurait été constatée et sanctionnée par les tribunaux. Ils ne sauraient par exemple, en revanche, approuver un autre des piliers de la réforme – en tout cas telle que la décrivent les rumeurs – tendant à régulariser ceux qui se proposeraient de travailler dans un secteur „en tension“, c’est-à-dire où l’on manque de personnel, considérant que l’on créerait là un redoutable „appel d’air“.

Mais au-delà de ces tâtonnements passés, présents et à venir sur la réforme de l’immigration, le président et son gouvernement offrent actuellement le spectacle peu flatteur d’un pouvoir qui se sent empêché de toutes parts d’exercer son autorité. Les ministres, quoique invités à se montrer sur le terrain et à y porter la défense de l’action publique, se voient dans la réalité privés de presque toute exposition personnelle par un Emmanuel Macron qui tente de regagner le terrain perdu en prenant la parole sur tous les sujets.

Mais sans public, puisque, de crainte des „casserolades“ et des huées, ce dernier reste parqué loin du chef de l’Etat. Que l’on aura ainsi vu, le 8 mai – à la télévision seulement! – remonter les Champs-Elysées déserts pour aller ranimer dans une atmosphère lugubre la flamme du tombeau du Soldat inconnu, sous un Arc de triomphe qui, dans ces circonstances, semblait bien mal porter son nom.