Baroud d’honneur, fût-il brillant, mais voué à marquer la fin d’une période sociale agitée, ou bien véritable coup d’envoi d’une deuxième phase de contestation après déjà douze journées nationales, dont plusieurs devaient rassembler, au total, plus d’un million de protestataires contre le report de l’âge normal de la retraite de 62 à 64 ans? Telle est évidemment la grande question qui, en ce dernier week-end avant le grand rendez-vous de lundi, hante les esprits.
La promulgation de la nouvelle loi par Emmanuel Macron, il y a deux semaines aujourd’hui – sitôt acté, donc, la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel – a certes marqué, si ce n’est un coup d’arrêt, du moins un ralentissement de la contestation. Pour autant, celle-ci ne s’est pas éteinte: outre une nouvelle journée de grèves, le jeudi qui avait suivi, des arrêts de travail et des manifestations sporadiques ont encore eu lieu. Et surtout, une nouvelle forme de protestation a vu le jour: les „casserolades“, autrement dit des charivaris d’ustensiles de cuisine sur le passage soit du président lui-même, soit, comme vendredi encore, de ses différents ministres dûment dépêchés sur le terrain par l’Elysée.
Toujours dans l’ordre des manifestations populaires de mécontentement, on s’inquiète d’ailleurs, dans l’entourage présidentiel, des conditions dans lesquelles se déroulera, samedi soir au Stade de France, dans la banlieue nord-est de la capitale, la finale de la coupe de France 2023, opposant Nantes à Toulouse. Le chef de l’Etat se doit d’y assister, mais il pourrait s’exposer à des huées s’il se plie également au protocole de la présentation des joueurs avant le match, qui le conduira à descendre sur la pelouse. L’intersyndicale a en effet prévu de distribuer ce samedi 30.000 cartons rouges et 10.000 sifflets aux spectateurs lors de leur entrée dans le stade, à charge pour eux d’en faire bon usage à l’encontre de Macron.
On redoutait en outre que, comme jeudi soir lors du match de rugby entre Agen et Nevers, la CGT ne décide de couper l’éclairage du stade durant le match. Elle a menacé les amateurs de football de récidiver, ce qui agace d’ailleurs manifestement ses partenaires de l’intersyndicale. Des groupes électrogènes ont en tout cas été installés au stade de Saint-Denis.
Ces incidents, mineurs en eux-mêmes, montrent que l’atmosphère n’est vraiment pas encore à l’apaisement. Pas plus que la „feuille de route“ présentée avant-hier par la première ministre pour énumérer les projets qui devraient occuper la période de cent jours assignée par M. Macron à son gouvernement pour calmer les esprits et renouer le dialogue.
Ledit dialogue est-il envisageable après cette journée test du 1er mai? On veut croire la chose possible du côté de l’exécutif, où les lettres d’invitation aux leaders des grandes centrales, dit-on, sont prêtes. Mais c’est avant tout du verdict de l’intersyndicale que dépendra cette éventuelle réouverture. Avec une question sous-jacente: peut-on reparler avec le pouvoir s’il ne renonce pas à la réforme des retraites?
De Maart
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