Donnerstag13. November 2025

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FranceLa résolution des grévistes ne faiblit pas

France / La résolution des grévistes ne faiblit pas
Et les manifestations continuent Photo: Pascal Guyot/AFP

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La 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites a, dans l’ensemble, confirmé un certain tassement du nombre des grévistes et des manifestants.

Sans que l’on puisse parler de véritable essoufflement, même si l’on est loin désormais des chiffres spectaculaires enregistrés les mois précédents, avec hier quelque 57.000 personnes à Paris (contre 93.000 la dernière fois), 15.000 à Nantes, 13.000 à Lyon, 10.000 à Marseille, Bordeaux, 8.500 à Rennes … Mais la résolution de ceux qui continuent à manifester ou à faire grève, elle, ne faiblit pas. Certes, le recours gouvernemental à l’article 49-3, puis, avant-hier, le fiasco de la rencontre des dirigeants de l’intersyndicale avec la première ministre à Matignon, ont sans doute achevé de convaincre nombre de Français que la réforme entrerait bel et bien en vigueur malgré leur hostilité. Mais ces deux épisodes n’ont aucunement découragé de se battre ceux qui veulent encore le faire.

Autre constat que l’on aura pu faire hier: la violence des casseurs ne faiblit pas non plus. A Paris, les forces de l’ordre ont d’ailleurs procédé à une vingtaine d’interpellations parmi les éléments les plus violents de l’„armée“ de Black blocs. Une jeune commissaire a été grièvement blessée, des journalistes pris à partie, et la police a eu le plus grand mal, sur le boulevard Montparnasse de la capitale, à protéger le passage des manifestants dans un carrefour ou les casseurs avaient mis le feu à un restaurant connu pour avoir eu jadis la clientèle de Macron, et un autre où des boutiques et une Caisse d’épargne ont été pillées, des voitures et des poubelles incendiées, et le mobilier urbain saccagé.

Cependant, que le gouvernement s’évertue, ces dernières semaines, à contenir les casseurs et à assurer vaille que vaille le fonctionnement des services publics affectés par les grèves, Marine Le Pen engrange, quant à elle, et pour l’instant à bas bruit, les fruits de sa tactique: combattre elle aussi la réforme, mais sans organiser le moindre désordre à l’Assemblée ou dans la rue. C’était du moins, jusqu’à présent, une supposition; un tout dernier sondage, réalisé pour Le Figaro-Magazine de ce vendredi, vient en apporter une inquiétante confirmation.

Et pendant ce temps, Marine Le Pen …

La cheffe de file du RN s’affirme en effet comme la grande (pour ne pas dire la seule) bénéficiaire politique de la confrontation sociale actuelle. Si la présidentielle avait lieu demain, elle recueillerait 31% des voix au premier tour, soit 8 points de plus que lors du vote de l’an dernier. Selon une autre étude d’opinion, 47% des Français considèrent que Mme Le Pen „a une stature de présidente“, 57% qu’elle „est attachée aux valeurs démocratiques“, et 58% qu’elle „est proche des préoccupations des gens“. Et si l’on rejouait le match de 2022, elle battrait largement Emmanuel Macron au second tour, par 55% contre 45! Macron qui, il est vrai, n’a jamais été, de son côté, aussi bas dans l’opinion.

Ces sondages ne constituent bien sûr, selon la formule consacrée, qu’une photographie instantanée d’une situation éminemment évolutive; et la prochaine élection présidentielle (sans Macron, d’ailleurs, constitutionnellement) n’est prévue que dans quatre ans, au cours desquels tant de choses peuvent arriver! Mais il y a tout de même là de quoi faire réfléchir le chef de l’Etat, et aussi … la gauche, tout à son combat contre la réforme des retraites, et, au-delà, contre Emmanuel Macron et son gouvernement.

Car si, comme on le prédit de plus en plus souvent, la crise sociale devait se muer demain en crise politique majeure, avec éventuellement une dissolution de l’Assemblée et/ou une démission présidentielle, il ne serait pas exclu que le RN et sa patronne en sortent vainqueurs. Ce qui serait vraiment payer très, très cher l’abandon de la réforme des retraites. En attendant, une prochaine journée d’action aura lieu jeudi prochain, soit la veille de la décision du Conseil constitutionnel sur le texte gouvernemental.