Tout le monde ou presque s’attendait, du côté gouvernemental comme chez les syndicats, à ce que cette table ronde tourne court, mais sa brièveté aura quand même un peu surpris – comme s’il était clair désormais que toute rencontre de ce type n’était organisée que pour la forme. Et pour que ni les uns ni les autres ne puissent mutuellement refuser le dialogue, fût-il en l’occurrence un dialogue de sourds.
De fait, la première ministre a redit à ses interlocuteurs sa conviction que l’évolution démographique de la France l’obligeait à imiter ce qu’ont fait, y compris avec des gouvernements de gauche, d’autres pays d’Europe confrontés au même vieillissement de la population. De leur côté, les représentants des grandes centrales ont répété qu’ils n’accepteraient aucune négociation sociale tant que cette réforme (toujours en examen au Conseil constitutionnel, avec un verdict attendu le 14 avril) ne serait pas retirée, tout particulièrement son report de l’âge normal de la retraite de 62 à 64 ans.
Le président confédéral de la CFTC, Cyril Chabanier, parlant au nom de l’ensemble des organisations, a en effet expliqué sur le perron de l’hôtel Matignon: „Nous avons redit à la première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autre issue démocratique que le retrait du texte. Elle nous a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte, ce qui constitue une décision grave. Nous refusons de tourner la page et d’ouvrir, comme le souhaite le gouvernement, d’autres séquences de concertation sur des dossiers aussi divers que le plein-emploi ou le partage des richesses.“
Tout de même une „étape importante“ pour Mme Borne
La nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, qui faisait là sa première apparition officielle, a de son côté considéré que cette réunion d’hier à Matignon était „inutile“. Ajoutant: „Notre présence ici, elle, prouve notre sens des responsabilités et du dialogue. Mais nous avons trouvé face à nous un gouvernement obtus et déconnecté, et Mme Borne nous a indiqué qu’elle voulait continuer à gouverner contre les Français, enfermée dans sa stratégie violente et irresponsable. C’est le gouvernement qui porte la responsabilité du désordre.“
Quant au secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur la traditionnelle modération duquel l’exécutif a longtemps fondé ses espoirs de conciliation finale, et qui proposait, pour pouvoir continuer à se parler, une mise en pause du texte, il s’est montré fort pessimiste à sa sortie de l’entretien. „On avait déjà une crise sociale, elle est en train de se transformer en grave crise démocratique“, a-t-il estimé.
Mais il en aurait sans doute fallu davantage encore pour entamer l’optimisme affiché par Mme Borne. Certes, a-t-elle concédé, „nos désaccords sur l’âge [du départ à la retraite] n’ont pas permis de discuter de façon approfondie“. Mais elle a ajouté: „Cette réunion marque néanmoins une étape importante, et je n’envisage pas d’avancer sans les partenaires sociaux“. A en juger par la journée d’hier (et celle d’aujourd’hui selon toute vraisemblance), cela risque tout de même d’être compliqué … Tout comme pour Emmanuel Macron qui, de Chine, a nié toute „crise démocratique“, et annoncé qu’il recevrait à son tour les syndicats prochainement.
De Maart
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