C’est peu dire qu’hier, la main tendue par Mme Borne n’aura guère fait recette. Successivement, La France Insoumise, les Verts, le Parti socialiste et le Parti communiste ont décliné l’invitation. Les trois premiers au motif prévisible que, puisqu’il ne pouvait s’agir, selon la majorité présidentielle, de rediscuter des retraites, toute entrevue aurait conjugué perte de temps et faux-semblant. Le PCF y aura ajouté, avec au moins une apparence de raison, une considération particulièrement cruelle pour la cheffe du gouvernement: en substance, „à quoi bon discuter avec elle, puisque c’est Emmanuel Macron qui décide de tout?“
Quant au débat avec la droite, modérée ou extrême, et moins encore avec les partis macronistes (à des degrés divers: Renaissance, Horizons et le MoDem), il s’annonçait peu susceptible de fournir des propositions salvatrices. En tout cas des propositions de nature à être acceptées par l’Elysée, où l’on continue à ne vouloir entendre parler ni de pause, ni de médiation.
La première ministre peut encore espérer que son dialogue avec les syndicats, demain, sera plus fécond. D’avance, la discussion semblait un peu plus ouverte, les retraites n’étant plus considérées, dans ce champ-là de débat, comme un sujet tabou. Même si l’on imagine mal l’exécutif renoncer à la fameuse question des 64 ans, ni les organisations syndicales à la barrière fatidique des 62 ans. Toutes concessions sur d’autres aspects du système prévu par la réforme étant perçues comme accessoires.
Les syndicats ont d’autant moins intérêt à sembler manquer de détermination mercredi que le lendemain, jeudi 6 avril, ils organisent une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations contre ladite réforme. Ce sera déjà la onzième, et ils souhaitent qu’elle soit plus fournie que la précédente, pour ne pas donner l’impression que, même si la résolution des adversaires du texte gouvernemental ne faiblit pas, leur mobilisation, elle, irait en décroissant.
La NUPES battue par une candidate … socialiste
En attendant ces différents rendez-vous, la gauche française a reçu, dans la nuit de dimanche à lundi, à l’occasion d’une modeste élection législative partielle organisée dans la France (très) profonde, en l’occurrence celle du département pyrénéen de l’Ariège, une leçon à méditer. Dans cette petite circonscription, de gauche depuis toujours, et qui l’est résolument restée dimanche, une socialiste dissidente, Martine Froger, hostile à toute alliance avec les mélenchonistes au sein de la NUPES, a largement battu (60% des voix contre 40) la député sortante Bénédicte Taurine, candidate LFI, et donc soutenue à ce titre par le PS „officiel“.
Il aurait pu ne s’agir que d’une rivalité locale. Mais en l’occurrence, l’affrontement avait été présenté de part et d’autre comme une grande explication entre les socialistes pro- et anti-NUPES, autrement dit favorables à l’inféodation à la France Insoumise, à son chef et à ses méthodes, ou au contraire partisans d’un retour à l’indépendance. Mme Froger était soutenue par la très populaire présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, par l’ancien premier ministre lui aussi socialiste Bernard Cazeneuve, et par le rival d’Olivier Faure lors du dernier congrès, Nicolas Mayer-Rossignol, avec qui il avait dû conclure un accord pour sauver son siège.
La direction du PS, loin de se réjouir de l’arrivée d’une nouvelle élue socialiste à l’Assemblée, a aussitôt dû affronter les foudres de M. Mélenchon. Non sans se demander s’il fallait interdire à la nouvelle députée socialiste de siéger au sein du groupe … socialiste. Quant au PCF, son secrétaire national Fabien Roussel a déclaré hier: „la NUPES est dépassée“. Manifestement, Jean-Luc Mélenchon paie là, auprès de l’électorat de gauche, des semaines d’invectives et d’obstruction à l’Assemblée. Et la fracture qu’il a creusée au PS est plus béante que jamais.
De Maart
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