Pour autant, le chef de l’Etat s’est bien gardé de formuler des annonces précises, en particulier sur le sujet où il était pourtant le plus attendu: la réforme des retraites, dont l’examen à l’Assemblée nationale devrait commencer prochainement. Il en a certes fait mention, mais en laissant manifestement le soin à la première ministre Elisabeth Borne d’en préciser les modalités le 10 janvier prochain. D’ici là, le locataire de l’Elysée est resté silencieux sur le futur âge légal de départ à la retraite, sans doute 64 ou 65 ans, et sur l’allongement de la durée de cotisation.
Il a simplement rappelé ce qu’il disait au printemps dernier, lors de la campagne pour sa réélection: „L’allongement de nos carrières de travail sera progressif et juste, puisqu’il tiendra compte des carrières longues et de la difficulté de certains métiers“, même s’il reste clair pour lui qu’il „nous faudra travailler plus“. Et il a appelé les Français „à l’unité et à la solidarité“, comme en regret des réactions souvent hostiles, voire véhémentes, suscitées dans l’opinion par cette réforme.
D’autres projets n’ont été qu’évoqués d’un mot, non sans que M. Macron, comme il en a l’habitude, n’ait énuméré avec complaisance ce qu’il considère comme les succès engrangés par son action au cours de l’année écoulée, notamment en matière de défense du pouvoir d’achat malgré une crise venue de l’étranger. Il a par ailleurs manifesté en termes inhabituellement forts la solidarité de la France à l’égard des Ukrainiens, que Paris „accompagnera jusqu’à la victoire“, parlant explicitement de „l’agression russe“, sans doute pour dissiper le malaise qu’avaient suscité certaines de ses complaisances verbales à l’égard de Poutine et des „garanties de sécurité“ qu’il conviendrait de lui donner.
„Déconnecté“, „auto-satisfait“…
Dans les rangs de la majorité, la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa a salué à propos de ces vœux „l’attachement à la valeur travail du président, qui a rappelé son cap et parlé des Français comme d’un peuple de bâtisseurs“. Mais les réactions de l’opposition sont évidemment fort différentes. La nouvelle secrétaire nationale des Verts, Marine Tondelier, a ainsi jugé le chef de l’Etat „totalement déconnecté, tant de l’histoire de notre pays que de la vie des Français“. „Comment peut-il présenter la crise climatique comme imprévisible, alors que cela fait des décennies que les scientifiques l’annoncent, rapport après rapport?“, s’est-elle étonnée.
Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a pour sa part vu dans l’intervention de M. Macron „le numéro d’autosatisfaction“ d’un président de la République qui „divise“. Même thème, à droite, chez le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, pour qui Macron a fait montre „d’une satisfaction surréaliste“.
Quant à la porte-parole du PS, Gabrielle Siry, elle a assuré: „Nous serons mobilisés!“, tandis que le dirigeant trotskiste Philippe Poutou a „donné rendez-vous aux Français dans la rue et dans les grèves“. Mais c’est sans doute Jean-Luc Mélenchon qui, pour LFI, a eu la réaction la plus tranchée: „Au bout de cinq ans de vœux de Macron, je crois qu’ils portent la poisse! Il fait 16 degrés à Paris ce 31 décembre. Ça va chauffer en janvier!“
Bref, du côté de l’opposition, en attendant un millésime 2023 que tout annonce agité, cette veillée de Nouvel An aura surtout ressemblé à une veillée d’armes.
Voir aussi :
– Une rentrée politique et sociale particulièrement difficile attend Macron
De Maart
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