Dienstag4. November 2025

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Deux conférences à ParisAider l’Ukraine à passer l’hiver – puis à se reconstruire

Deux conférences à Paris / Aider l’Ukraine à passer l’hiver – puis à se reconstruire
Un travailleur passe entre deux élements provenant de la France et destinés à la reconstruction d’un pont en Ukraine Photo: Sergei Chuzavkov/AFP

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Ce mardi se réunissent à Paris deux conférences sur l’Ukraine, à l’initiative du président Macron qui compte bien leur donner une importance exceptionnelle. Les représentants de 47 pays y sont attendus, dont le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, outre le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky interviendra, lui, en visioconférence.

Ce matin au Quai d’Orsay doivent être examinées avec tous les pays participants, et des représentants du FMI et de la Banque mondiale, les modalités d’une aide internationale d’urgence, pour tenter de permettre à l’Ukraine de conserver en état de marche, ou de restaurer, des infrastructures en matière d’énergie, d’alimentation, y compris en eau potable, de santé et de transports, indique-t-on à l’Elysée.

Côté français encore, on insiste sur le fait que „l’hiver étant déjà là, avec des températures très négatives, l’enjeu est donc majeur et immédiat“. Le soutien international, qu’il soit matériel ou financier, „devra arriver en Ukraine avant la mi-mars“, ajoute-t-on dans l’entourage de M. Macron, pour qui „il nous manque pour l’aide d’urgence un mécanisme de coordination qui permettra d’identifier les besoins ukrainiens, et de savoir, concrètement et rapidement, quel pays propose quelle aide“.

Dans l’après-midi, au ministère de l’Économie et des Finances, va se tenir une seconde conférence, avec les dirigeants d’environ 500 entreprises françaises, des géants du CAC 40 aux jeunes startups du numérique. Et avec, cette fois-ci, une autre perspective – à plus long terme selon toute vraisemblance, malheureusement pour Kiev: la reconstruction de l’Ukraine. Des tables rondes sont prévues pour évoquer les secteurs des infrastructures, des nouvelles technologies et du numérique, mais aussi de la santé, de l’énergie et de l’agroalimentaire. Les groupes Crédit Agricole, Alstom, Enedis, Atos, Sanofi et Lactalis seront notamment présents, ainsi que l’organisation du patronat français, le MEDEF, et, bien sûr, la Chambre de commerce franco-ukrainienne.

Intentions généreuses … et arrière-pensées?

Les intentions proclamées sont donc des plus généreuses. Mais la brièveté de l’une et l’autre rencontres, par rapport à l’ampleur et à la gravité des sujets évoqués, fait espérer qu’elles ont du moins été largement préparées en amont; en tout cas si l’on veut en faire davantage qu’un simple coup d’envoi au devenir vague, sur fond de bonne conscience compassionnelle à l’égard d’un pays ami dévasté par l’impérialisme poutinien.

Leur tenue illustre en tout cas la ferveur, point toujours dénuée d’ambiguïté, avec laquelle le président Macron s’implique dans la crise majeure suscitée par l’invasion de l’Ukraine. A preuve: son insistance à entretenir avec Poutine, au nom d’une très improbable possibilité de paix à laquelle il aimerait tant attacher son nom, un dialogue obstinément vain. Et sa formule sur les „garanties de sécurité“ qu’il conviendrait de donner non au pays agressé, mais à son agresseur, laquelle fait des ravages en France et en Europe de l’Est.

Peut-être y a-t-il donc aussi chez le président français, aujourd’hui, l’arrière-pensée de montrer que la demi-compréhension qu’on lui prête à l’égard de la Russie n’a aucunement tué en lui le souci de solidarité avec sa victime ukrainienne. Quitte à mettre plutôt l’accent sur l’aide humanitaire que sur les livraisons d’armes, domaine où la France s’efforce toutefois de tenir son rôle.

Il reste que cette double conférence de Paris fait suite, au moins dans son volet diplomatique, à plusieurs autres, qui semblaient avoir à peu près fait le tour de la question, à Lugano, à Varsovie, et hier encore à Berlin, en vidéoconférence, autour du chancelier Scholz. On fait valoir à l’Elysée que la stratégie anti-infrastructures civiles de Poutine a changé la donne. Est-elle cependant si nouvelle, et l’arrivée du rude hiver ukrainien si imprévue?

Quoi qu’il en soit, Paris compte bien donner à cette journée de mardi le maximum d’éclat. Mais il faudra surtout lui donner le maximum de suites concrètes.