Donnerstag6. November 2025

Demaart De Maart

FranceLa dégradation du climat repose la question d’une dissolution de l’Assemblée nationale

France / La dégradation du climat repose la question d’une dissolution de l’Assemblée nationale
La séance nocturne de l’Assemblée nationale jeudi a été suspendue après une remarque peu flatteuse de la part d’un élu d’opposition Photo: AFP/Geoffroy Van der Hasselt

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La séance de la nuit de jeudi à vendredi à l’Assemblée nationale aura offert un triste raccourci de ce qu’est en train de devenir le débat parlementaire depuis les dernières élections législatives, qui ont privé le gouvernement – et, du coup, le Palais-Bourbon – de majorité: un psychodrame quasi permanent balançant entre l’invective, les calculs petitement tacticiens et les suspensions de séance.

Les deux prétextes en étaient, ce soir-là, le projet de loi tendant à interdire la corrida, puis surtout celui qui aurait, en cas d’adoption, abouti à la réintégration des membres du personnel soignant des hôpitaux qui ont été mis en disponibilité après leur refus de se faire vacciner contre le Covid.

Il ne s’agit plus, assure-t-on du côté du ministère de la Santé, que de quelques centaines d’irréductibles, appartenant en général au personnel d’entretien, et qui récusent tant les analyses médicales officielles que les appels à rentrer dans le rang. Mais compte tenu de la pénurie actuelle que connaissent les établissements de santé, leur cause a trouvé dans les rangs de la NUPES un certain nombre d’avocats résolus – tout comme celle des taureaux de corrida.

Jeudi soir, c’était au tour de La France Insoumise de bénéficier d’une „niche parlementaire“, autrement dit du dispositif qui permet à un groupe d’opposition de fixer librement l’ordre du jour de la séance, laquelle doit s’achever quoi qu’il arrive à minuit. Premier temps: le député mélenchoniste Aymeric Caron, auteur de la proposition de loi sur l’interdiction de la corrida dans tout l’Hexagone (elle y est déjà proscrite partout où il ne s’agit pas d’une tradition locale, forte et ancienne) constate que son texte fait l’objet de très nombreuses demandes d’amendements, qui devront toutes être discutées et soumises au vote, ce qui mènera certainement le débat au-delà de l’heure limite.

Un grand concours d’amnésie … ou d’hypocrisie

Furieux, il en annonce le retrait, pour permettre à LFI de soumettre à la discussion un autre texte, celui sur la réintégration des soignants mis à l’écart durant ces deux années de Covid pour leur refus de se faire vacciner, jugé à gauche bien plus embarrassant pour le gouvernement.

Et de fait, le risque, pour ce dernier, existe bel et bien à ce stade du débat. Car il n’est pas du tout exclu que la droite, et certainement l’extrême droite, votent en faveur de cette réintégration, que l’exécutif ne peut guère accepter sans se déjuger. D’où une nouvelle pluie d’amendements, venue, pour la première fois, des rangs macronistes eux-mêmes.

S’ouvre alors entre la majorité relative et l’opposition, tandis que l’heure s’avance vers ce minuit fatidique, un grand concours d’amnésie, pour ne pas dire d’hypocrisie. LFI dénonce de la part du gouvernement et de ses supporters, non sans raison, une manœuvre dilatoire, qui n’a d’autre but que de bloquer le débat parlementaire. En oubliant que c’est, face aux projets du gouvernement, une de ses propres armes favorites … Quant aux macronistes, point autrement gênés d’avoir, à juste titre eux aussi, porté si souvent les mêmes accusations contre l’opposition de gauche, ils n’en poursuivent pas moins leur obstruction.

„Tu vas la fermer, oui?“

Les conditions d’un véritable incident étant ainsi réunies, il ne va pas manquer de se produire, lorsqu’un élu d’opposition lance de la tribune à un de ses collègues macronistes qui l’interpelle: „Tu vas la fermer, oui?“. Ce qui provoque aussitôt, sans surprise, une suspension de séance, laquelle va évidemment porter un coup fatal au „débat“, si l’on peut dire.

Ce climat, malgré une séance plus consensuelle la veille à propos de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, tend à se généraliser. Au point qu’il semble de moins en moins plausible que cette législature puisse aller dans de telles conditions jusqu’à son terme normal, au printemps 2027. A l’Elysée comme dans les partis, on évoque à demi-mot la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée, mais comme pour jouer à se faire peur.

Car rien, vraiment rien, ne dit pour l’instant que le président Macron retrouverait ainsi une majorité, ni que le PS et les Républicains, autrement dit la gauche ou la droite de gouvernement, en sortiraient renforcés, après leur laminage des derniers scrutins, présidentiel puis législatif. Le grand vainqueur de cette incapacité bien française à constituer des coalitions de gouvernement, dans une telle éventualité, pourrait bien être le Rassemblement national de Marine Le Pen. On n’en est pas encore là, mais …