Montag10. November 2025

Demaart De Maart

FranceLa journée de revendication n’a pas atteint les objectifs de ses organisateurs

France / La journée de revendication n’a pas atteint les objectifs de ses organisateurs
Un homme brandit un drapeau lors d’une manifestation à Rennes Photo: AFP/Damien Meyer

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Les grèves et les manifestations sont restées à un niveau très habituel pour la France. Est-ce à dire que le gouvernement peut désormais souffler, et retourner sans plus de crainte au tout-venant des travaux et des jours? Évidemment non.

La journée de grèves et de manifestations organisée hier „pour la défense du pouvoir d’achat“ par la gauche politique et syndicale (sauf la CFDT), journée dont ses organisateurs attendaient beaucoup, et que le gouvernement redoutait d’autant, n’aura finalement justifié ni l’optimisme des uns, ni l’inquiétude des autres. Elle a certes été l’occasion d’arrêts de travail et, localement, de nouvelles manifestations, mais avec, sur ces deux terrains, des chiffres qui n’avaient rien d’affolant pour l’exécutif.

Dans la capitale, les rangs des protestataires n’étaient pas plus fournis, semble-t-il, que lors de la démonstration mélenchoniste à-demi manquée de dimanche; et en province, les chiffres relevés sont restés modestes: tout de même 3.600 manifestants au Havre, mais moins de 3.000 à Lyon, 2.600 à Rennes, 2.200 à Marseille, 1.600 à Montpellier, guère plus de 1.100 à Strasbourg … Ces manifestations ont connu, à Paris, quelques incidents avec, d’abord, un petit groupe de Gilets jaunes, qui s’étaient mêlés au cortège syndical et ont tenté d’ériger une barricade, avant d’en être rapidement empêchés; puis surtout, en queue de cortège, l’intervention d’environ 200 casseurs des Black Blocs.

Quant aux grèves, leur effet a évidemment été ressenti par la population, dans les transports en commun surtout, mais sans, là non plus, aboutir à ce blocage de la France dont les plus ardents de leurs organisateurs avaient fait leur mot d’ordre. Il est vrai que les habitants de l’Hexagone en ont une grande habitude, et que le développement du covoiturage et celui du télétravail leur permettent d’y faire face de plus en plus sereinement. La circulation des métros parisiens a été „légèrement perturbée“, selon la RATP, un peu plus pour les bus et surtout le réseau de banlieue, ou 9 lignes ont été carrément fermées. Côté SNCF, on a compté environ un train express régional et un Intercités sur deux, et de légères perturbations des TGV.

Autre secteur où les effets de la grève étaient redoutés, et se sont finalement révélés faibles: l’éducation nationale, où le chiffre des grévistes atteint à peine 6%, même si plusieurs établissements techniques sont restés fermés. D’une manière générale, dans l’ensemble de la fonction publique la mobilisation n’a pas dépassé les 5% de salariés.

A défaut d’un grand coup, prendre date?

Est-ce à dire que le gouvernement, après s’être fait exagérément peur, peut désormais souffler, et retourner sans plus de crainte au tout-venant des travaux et des jours? Évidemment non. D’abord parce qu’il lui reste à régler la question de l’approvisionnement du pays en carburants. Les réquisitions ont pour l’instant fonctionné dans les raffineries concernées, et l’on est repassé au-dessous des 25% de stations-service en panne; des réquisitions qui, d’après les sondages, ont le soutien de 60% de la population. Mais le retour à la normale se fait toujours attendre.

Ensuite et surtout, l’exécutif ne peut ignorer que même si les grèves et les manifestations restent donc à un niveau très habituel pour la France, le fond de l’air politique et social semble bien, lui, assez inflammable, pour ne pas dire plus. Et que cela risque de s’accentuer avec la fin, en novembre et décembre, d’un certain nombre d’aides publiques, y compris la „ristourne à la pompe“ sur le prix de l’essence. Cependant que l’arrivée de l’hiver, pour tardive qu’elle semble devoir être, va faire flamber les factures de gaz et d’électricité, et que l’inflation risque de s’amplifier.

Les appels rituels „aux entreprises qui le peuvent“ pour qu’elles augmentent significativement les rémunérations de leurs salariés, même s’ils ont été entendus parfois largement, risquent donc d’être jugés un peu courts. Et le recours imminent au 49-3 pour faire adopter le projet de budget sans vote, s’il n’est pas de même nature, ne semble pas promis à détendre l’atmosphère … De sorte que la journée d’hier pourrait bien être, non pas certes le grand coup de semonce au gouvernement qu’espéraient ses organisateurs, mais du moins une façon de prendre date.