Le président Macron réunira après-demain un conseil de défense sur l’approvisionnement de la France en gaz et en électricité. Consacrée en principe aux seules questions stratégiques, cette instance a déjà aussi été abondamment utilisée pendant la crise du Covid. Quant à la première ministre Élisabeth Borne, elle a lancé lundi une forte mise en garde aux entreprises.
Cette fois-ci, plus de doute: c’est la grande mobilisation en faveur des économies d’énergie – l’objectif est de moins 10% d’ici 2024 – au moment où la firme russe Gazprom procède à une nouvelle réduction de ses livraisons. „L’approvisionnement en gaz et en électricité étant un intérêt vital pour le pays, le conseil de défense aura pour objectif de faire le point sur la situation, ainsi que sur les scénarios envisagés pour se préparer à tous les cas de figure cet automne et cet hiver“, précise-t-on à l’Elysée.
Le dérèglement climatique n’est plus une vérité qui dérange, mais une réalité qui détruit
En fait, le problème psycho-politique pour l’exécutif est d’arriver à obtenir des entreprises, des collectivités locales et des particuliers de substantielles économies d’énergie sans recourir à la contrainte, à des flambées tarifaires ou à des surtaxations. Pour ne pas parler – car le mot fait indiscutablement peur – d’un véritable rationnement, notamment avec des coupures de courant ou de gaz. Et Mme Borne devrait présenter d’ici un mois une sorte de „feuille de route de la sobriété énergétique“, dont la publication sera accompagnée par une vaste campagne de communication.
Même si certaines controverses semblent pour l’instant un peu anecdotiques („Faut-il interdire les piscines privées, ou les jets d’affaires?“), il semble qu’on en soit d’ores et déjà bien au-delà des petites mesures de simple bon sens, du genre: „Éteignez la lumière en sortant d’une pièce“, „prenez des douches plus courtes“, ou „limitez le chauffage à 19 degrés cet hiver.“ Des mesures qu’au demeurant nombre de gens appliquent déjà, pour le salut de leur budget si ce n’est pour celui de la planète.
La sobriété énergétique, sinon …
Mais c’est du côté des entreprises que les plus fortes économies d’énergie sont visiblement attendues par le gouvernement. La première ministre a ainsi tenu lundi devant l’assemblée du MEDEF (Mouvement des entreprises de France) quelques propos qui ressemblaient fort à un avertissement, voire à une mise en demeure. „J’appelle chacune des entreprises à établir, en septembre, son propre plan de sobriété“, face à „un dérèglement climatique qui n’est plus une vérité qui dérange, mais une réalité qui détruit“, a-t-elle notamment déclaré.
Faute de quoi, a-t-elle ajouté devant une assistance patronale glaciale, des mesures de rationnement sur l’énergie pourraient être imposées cet hiver aux entreprises, si leurs efforts de sobriété n’étaient pas suffisants face à la tension actuelle, et à celle qui s’annonce plus forte encore, sur le système énergétique du pays. Un système dont la situation se trouve d’ailleurs compliquée par la mise à l’arrêt, pour entretien, d’au moins la moitié des 58 réacteurs nucléaires que compte l’Hexagone.
Le problème étant que cette sobriété énergétique, dont personne ne nie l’urgente nécessité, reste très inégalement réalisable d’une entreprise à l’autre. Dans bon nombre de cas, en particulier les petites et moyennes entreprises, de transport par exemple, la réduction de la consommation d’énergie, quelle qu’en soit la forme, ne pourra guère se traduire que par une réduction d’activité, voire une fermeture, avec de lourdes conséquences sociales. Le volontarisme est certes fort estimable, mais, comme aurait dit Lénine, „les faits économiques sont têtus“ … eux aussi.
De Maart
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