Evo Morales, le premier président indigène en Bolivie, obtient l’asile politique au Mexique

Evo Morales, le premier président indigène en Bolivie, obtient l’asile politique au Mexique
Morales est accueilli par le secrétaire des Relations extérieures mexicain Marcelo Ebrard.

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L’ex-président bolivien Evo Morales, qui a obtenu l’asile politique au Mexique, a longtemps incarné un symbole d’émancipation pour les populations indigènes d’un pays réputé instable, qu’il a dirigé durant près de 14 ans. Après trois semaines de violente contestation contre sa réélection à un quatrième mandat fin octobre, il a annoncé sa démission, lâché par l’armée.

Il était le plus ancien dirigeant en exercice d’Amérique latine, au pouvoir depuis 2006. „Frères et soeurs, je pars pour le Mexique“, a twitté lundi le dirigeant socialiste. „Ça me fait mal d’abandonner le pays pour des raisons politiques, mais (…) je reviendrai bientôt avec plus de force et d’énergie“, a-t-il promis.

Il était attendu hier au Mexique, qui a envoyé un avion militaire pour le faire sortir de Bolivie. La crédibilité du scrutin présidentiel du 20 octobre était contestée à la fois par l’opposition et la communauté internationale, qui évoquaient des fraudes. Depuis une dizaine de jours, la Bolivie était totalement paralysée par les grèves et les manifestations qui dégénéraient en affrontements quasi quotidiens avec les forces de l’ordre.

Un des derniers représentants de la „vague rose“

Lorsqu’il a accédé au pouvoir en 2006, Evo Morales était le premier chef d’Etat indigène du pays. A tout juste 60 ans, il était un des derniers représentants de la „vague rose“ qui a déferlé au tournant des années 2000 sur la région. Depuis, la gauche a été défaite au Brésil, au Chili et en Equateur, alors qu’elle vient de revenir au pouvoir en Argentine.

Quant au Venezuela, pays avec lequel le président bolivien entretenait d’étroites relations, il traverse la pire crise politique et économique de son histoire récente. Morales était également fermement soutenu par Cuba, elle aussi engluée dans une grave crise économique. „La Bolivie est différente, nous allons bien“, répétait ce fan de football comme un mantra, repris en choeur par ses partisans du Mouvement vers le socialisme (MAS). Cet ancien berger de lamas, né le 26 octobre 1959 dans un village miséreux de la région d’Oruro (centre), pouvait se targuer de nombreux succès économiques: maintien d’une croissance élevée, forte réduction de la pauvreté, niveau record de réserves en devises.

Trois mandats consécutifs au lieu de deux

Ses adversaires dénonçaient le caractère têtu de Morales, l’ancien leader syndical des producteurs de coca, qui l’empêche de reconnaître ses erreurs. Ses détracteurs l’accusaient d’avoir instauré un gouvernement antidémocratique et abandonné les valeurs qu’il a longtemps symbolisées, notamment la défense de l’environnement et des indigènes, faisant pâlir son étoile. Réélu en 2009, Morales avait remporté en 2014 un troisième mandat grâce à une interprétation contestée de la constitution, qui ne permettait pourtant que deux mandats consécutifs.

Une partie des Boliviens ne lui pardonnent pas d’avoir brigué un quatrième mandat, alors que les électeurs s’étaient prononcés contre à l’occasion d’un référendum en 2016. Il est passé outre, grâce à une nouvelle décision très contestée de la Cour constitutionnelle.