FranceMacron veut renouer avec son image de réformateur avant l’élection présidentielle

France / Macron veut renouer avec son image de réformateur avant l’élection présidentielle
Emmanuel Macron est à la rencontre des Français ces jours-ci  Photo: AFP/Lionel Bonaventure

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Emmanuel Macron semble résolu à renouer le fil de sa politique réformatrice, qui avait été le thème central de sa campagne présidentielle de 2017; et cela au moment où s’ouvre déjà, fût-ce encore de manière informelle, celle de 2022 pour sa réélection (voir Tageblatt du 31 mai). Avec, au menu, un dossier essentiel, et délicat entre tous, certains diraient même explosif: celui des retraites.

Parmi les principaux obstacles qui avaient fait barrage à la mise en œuvre des réformes promises, deux au moins sont désormais à peu près maîtrisés: le mouvement des Gilets jaunes et le Covid 19. Le premier pourrait sans doute renaître de ses cendres si le pouvoir commettait de nouvelles erreurs psychologiques et sociales, mais la leçon a sans doute porté; le second n’est pas encore dissipé, mais, sauf graves imprudences collectives à la faveur de l’été, la France semble aller, fût-ce lentement, dans la bonne direction.

Le moment peut donc sembler opportun au locataire de l’Elysée – qui entend bien, manifestement, prolonger ce statut pour un nouveau quinquennat – pour endosser à nouveau cet habit de grand réformateur qui, il y a quatre ans, lui avait réussi. Car jusqu’à présent, il faut bien dire que sur ce terrain, son bilan est maigre. Et le fait qu’il n’en soit pas entièrement responsable n’empêcherait pas bon nombre d’électeurs de se dire, au moment de glisser un bulletin dans l’urne, que décidément les promesses sur lesquelles il avait été élu en 2017 n’ont pas, pour tout l’essentiel, été tenues.

Le plus gros dossier en panne est évidemment celui de la réforme des retraites. Au grand désespoir, d’ailleurs, de ceux de ses ministres et conseillers qui en avaient géré l’avancement, jusqu’à ce que la grande révolte rurale des Gilets jaunes, puis la pandémie, ne viennent bloquer ce projet, que même les grandes manifestations syndicales qu’il avait suscitées n’avaient pas réussi à enterrer. „Après un parcours de marathon très éprouvant, on était finalement à dix mètres de l’arrivée, c’est trop bête!“, résume un membre de l’entourage présidentiel.

Le risque d’enflammer à nouveau la rue

Si c’était tout à fait vrai, cependant, la remise en route du processus ne poserait guère de problème; or il n’en est rien. Le chef de l’Etat l’a lui-même reconnu: „Rien n’est exclu, mais je ne pense pas que la réforme initialement envisagée puisse être reprise en l’état.“ Car si, au début de son mandat, Emmanuel Macron pouvait se permettre de braver l’opposition des syndicats (opposition d’ailleurs maladroitement aggravée par son refus d’accéder à certaines demandes de la CFDT) et les manifestations, en revanche la période préélectorale n’y incite vraiment pas …

Va-t-on voir se rouvrir, comme il y a trois ans, le vif débat entre les partisans d’une réforme „systémique“, qui restructurerait complètement le schéma général des retraites par répartition, et ceux d’une réforme „paramétrique“, qui conserverait l’essentiel de ce système mais en en modifiant certains chiffres clés – à commencer, bien sûr, par l’âge de la retraite? Si un tel débat n’a lieu que dans de savants cénacles d’économistes, pas de problème; voire au Parlement, à condition, toutefois, que le gouvernement ne soit pas à nouveau contraint, pour faire passer son texte devant les députés, de recourir à la „main forcée“ de l’article 49-3.

Mais s’il enflamme à nouveau la rue, à quelques mois de l’élection présidentielle? Les élus macronistes sont partagés. Certains redoutent de voir le président se lancer dans une opération risquée, dans un contexte qui devrait au contraire l’inciter à la prudence. D’autres estiment que, justement, l’image d’un Macron poussant ses réformes contre vents et marées, et surtout contre le calendrier électoral, en sortirait grandie, et que les Français lui en seraient reconnaissants; d’autant plus que les comptes du régime des retraites attestent de l’impérieuse nécessité d’un changement.

Certes, d’autres chantiers moins polémiques attendent aussi le chef de l’Etat s’il veut présenter l’an prochain un bilan de réformateur: celui de la dépendance des personnes âgées, les garanties offertes aux jeunes, le statut des travailleurs indépendants – et jusqu’à cette énième réforme de la Justice, sur laquelle le gouvernement a annoncé la prochaine ouverture d’„états généraux“, sans parler de la poursuite de celle qui commence à restructurer l’Education nationale, et de celle du système de santé, dont la crise du Covid a montré et la force, et les faiblesses, principalement budgétaires.

Mais c’est bien avant tout sur celle des retraites, si emblématique, que sera jugée l’ardeur réformatrice de Macron.