Uruguay: l’ex-guérillero Mujica favori face à un ancien président

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L'Uruguay votait dimanche pour élire son nouveau président, avec en grand favori l'ex-guérillero d'extrême-gauche José Mujica, blessé par balles et emprisonné pendant 14 ans, face à l'ancien chef de l'Etat de centre-droit Luis Lacalle (1990-1995).

Plus de 2,5 millions d’Uruguayens ont commencé à se rendre aux urnes à partir de 08H00 (10H00 GMT). Le scrutin était prévu jusqu’à 19H30, mais pourrait être prolongé dans certaines régions en raison des inondations qui ont obligé à évacuer plus de 6.000 personnes dans le quart nord-ouest du pays. L’armée a mobilisé des véhicules tout-terrain et amphibies pour aider aux opérations de vote.
Crédité de six à huit points d’avance dans les derniers sondages après avoir largement remporté le premier tour (47,96%), „Pepe“ Mujica, est en passe de devenir le deuxième ancien révolutionnaire armé d’Amérique latine à conquérir le pouvoir par les urnes, après le sandiniste Daniel Ortega au Nicaragua. La droite agite le spectre d’une dérive radicale, mais le cofondateur de la guérilla des Tupamaros dans les années 60 assure qu’il poursuivra la politique réformiste du président sortant Tabaré Vazquez, premier chef de l’Etat de gauche de l’histoire de ce petit pays coincé entre l’Argentine et le Brésil. „Notre projet politique s’inscrit dans la continuité des grandes lignes fixées par ce gouvernement“, a déclaré samedi M. Mujica, qui n’avait rien bouleversé en tant que ministre de l’Agriculture (2005-2008), un poste-clé dans un pays dont la principale richesse sont ses 12 millions de vaches (quatre pour un habitant).
Le bilan économique du gouvernement Vazquez, qui n’est pas autorisé à se représenter par la Constitution malgré une popularité record (71%), a permis à la gauche de conserver la majorité aux deux chambres fin octobre et représente le meilleur atout de José Mujica, 74 ans. L’Uruguay a échappé à la récession, le chômage est en baisse (7,7% en août) et l’indice de pauvreté a chuté de 26% en 2007 à 20,5% en 2008. M. Mujica a aussi bâti sa popularité sur son style sans fioritures. „Je vais lui envoyer une boîte de Viagra pour qu’il s’amuse à des choses plus utiles que dire des +conneries+“, a-t-il répondu à Jorge Battle, lorsque l’ancien président de centre-droit a insinué que les Tupamaros pourraient avoir un lien avec un important stock d’armes découvert fin octobre. M. Mujica s’est par ailleurs démarqué de M. Vazquez en annonçant qu’il ne mettrait pas son veto à un nouveau projet de loi dépénalisant l’avortement, comme l’avait fait l’an dernier le président sortant, oncologue de profession. Luis Lacalle, 68 ans, s’est en revanche prononcé en faveur du „droit à la vie“ et engagé à supprimer l’impôt sur le revenu, mis en place pour la première fois dans l’histoire du pays par le gouvernement Vazquez. L’ancien chef de l’Etat a également joué la carte de la peur de l’insécurité, en diffusant un spot où se succèdent les images de vidéosurveillance de magasins dévalisés. Mais pour de nombreux électeurs, les jeux sont faits. „Je pense que Mujica va gagner. Ce n’est pas ce que je souhaite, mais c’est l’opinion générale“, résume Leon Cynowicz, 81 ans. „Le pays est divisé en deux. Les gens votent pour ou contre Mujica, pas en faveur de Lacalle“, estime un autre électeur d’une vingtaine d’années, défavorable à l’ex-guérillero, qui préfère garder l’anonymat.