Des Comoriens contraignent des agences de voyage à fermer à Marseille

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"Nous voulons des avions décents pour nous rendre aux funérailles de nos proches": au lendemain de la catastrophe de l'A310, qui a fait 153 morts, la colère des Comoriens de Marseille contre la compagnie Yemenia n'est pas retombée.

Alors qu’aucune mesure n’a encore été arrêtée pour leur acheminement à Moroni, des centaines de membres de la communauté ont contraint à la fermeture mercredi plusieurs agences de voyage du centre-ville qui vendent des billets de la compagnie yéménite, réclamant des avions aux normes pour transporter les familles en deuil. „Il y a trois agences sur Marseille qui vendent des billets Yemenia. Nous en avons fait fermer deux. On va fermer la troisième à 14H00“, a déclaré à l’AFP Farid Soilihi, président de l’association „SOS voyages aux Comores“ qui dénonce les conditions déplorables des vols entre Sanaa et Moroni. Ils étaient venus réclamer des vols „respectant les normes européennes“. „Stop les avions poubelles, stop les avions de la mort“, répétait Farid Soilihi. A la mi-journée, des femmes en tenue traditionnelle, des jeunes hommes ou d’autres plus âgés, sont entrés dans l’agence Pressence Voyages pour la contraindre à fermer.

Les forces de l’ordre se sont interposées pour tenter de ramener le calme. Auparavant, une première agence située non loin avait déjà été poussée à fermer. „Je ferme par solidarité pour la journée, je suis de tout coeur avec les Comoriens“, a indiqué le directeur de l’agence Pressence Voyages, Khalil Oubraham, en descendant son rideau de fer. A 14H00, deux policiers étaient en faction devant les rideaux tirés de la troisième agence, cible du courroux des Comoriens de Marseille, mais aucun manifestant n’était présent. Par delà la colère contre Yemenia, c’est le sentiment d’abandon des familles des victimes par les autorités qu’expriment les manifestants. „Le soutien aux familles c’est zéro, il n’y a rien de fait, il n’y a personne. Aucun membre de Yemenia n’a pris contact avec les familles, ne serait-ce que pour présenter les condoléances“, tempête Arafa Mbae, 37 ans, qui a perdu un beau-frère et un ami d’enfance dans l’accident. „Que ce soient les autorités françaises, les gens de Yemenia ou même les structures comme la Croix-Rouge ou le Samu, il faut au moins qu’ils prennent contact avec les familles.

Il y a urgence“, car „toutes les victimes seront enterrées aux Comores, aucun corps ne reviendra ici parce que dans notre religion, il faut enterrer vite“, explique-t-elle. Un peu plus tard dans l’après-midi, le ton est encore monté d’un cran devant les grilles fermées du Consulat des Comores, protégées par un cordon de policiers, à la suite de rumeurs sur de possibles débordements. „Ca nous fait mal de voir le consulat fermé avec des CRS à la porte alors que nous vivons ce drame. On ne peut pas comprendre cela“, affirme Abdallah Ibrahim, un membre de la communauté. „On veut qu’on accompagne ces familles pour qu’elle puissent se rendre aux funérailles, comme ce qui s’est passé pour le Brésil parce que nous sommes des Français à part entière“, a réclamé un autre représentant des Comoriens de Marseille, M’Saïdi Mohamed. Jeudi, 277 personnes sont attendues pour le vol Marseille-Sanaa de Yemenia, initialement programmé mercredi à 17H00 mais qui a été annulé sans explication par la compagnie.