Birmanie: le procès de Mme Suu Kyi de nouveau à huis clos

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Le procès de Mme Aung San Suu Kyi, dirigeante de l'opposition birmane, a retrouvé jeudi son format à huis clos, au lendemain d'une audience exceptionnelle dans la prison d'Insein où des diplomates et des journalistes avaient pu pénétrer, a indiqué le régime militaire.

„La presse ne sera pas autorisée aujourd’hui“, a déclaré à l’AFP un responsable birman sous le couvert de l’anonymat. „Les diplomates et les journalistes avaient reçu une permission seulement pour un jour“, a-t-il dit. Comme les jours précédents, des membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti de Mme Suu Kyi, se sont rassemblés à l’extérieur du centre pénitentiaire d’Insein avant la reprise des audiences, selon des témoins.
Mercredi, sous la pression de la communauté internationale, en particulier de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean), la junte birmane avait ouvert les portes du procès à 30 diplomates et 10 journalistes. Mme Suu Kyi, 63 ans, privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années, était apparue souriante et en bonne forme. Après l’ajournement de l’audience, elle s’était entretenue en privé avec trois diplomates représentant Thaïlande, Singapour et Russie, et s’était montrée optimiste, en dépit des nouvelles épreuves auxquelles elle est confrontée. „Il n’est pas trop tard pour que quelque chose de bon émerge de cet incident malheureux“, a-t-elle dit, selon le gouvernement singapourien. La lauréate du prix Nobel de la paix avait ajouté qu’elle était „bien traitée“ et qu’elle „ne souhaitait pas utiliser l’intrusion dans sa demeure (d’un Américain qui s’est invité chez elle) pour attaquer les autorités birmanes“. Aung San Suu Kyi est jugée depuis lundi pour avoir, selon la junte, enfreint les règles de son assignation à résidence en hébergeant pendant deux nuits début mai, avec la complicité de ses deux dames de compagnie, l’Américain John Yettaw, mormon excentrique de 53 ans qui a réussi à nager jusqu’à la demeure de l’opposante, située en bordure d’un lac. Elle est passible de cinq ans de prison, ce qui l’excluerait du paysage politique pendant les élections controversées que la junte entend organiser en 2010. Sa période d’assignation à résidence expirait théoriquement le 27 mai. La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a jugé „scandaleux“ le procès de Mme Suu Kyi, mais espéré qu’il prenne fin bientôt avec sa libération. Les élections de 2010, voulues par les généraux birmans, seront „illégitimes en raison de la manière dont ils l’ont traitée“, a toutefois averti Mme Clinton.
De son côté, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a déclaré à CNN qu’il était „profondément préoccupé“ par la situation en Birmanie, où il a l’intention de se rendre „dès que possible“. Il a qualifié Mme Suu Kyi d’actrice „indispensable“ en vue de la reprise d’un dialogue politique entre les autorités et l’opposition.
Comme on demandait à un diplomate occidental en poste à Rangoun si un verdict était proche dans l’affaire Yettaw, il a répondu que les généraux donnaient l’impression de „naviguer à vue“. Le fait qu’ils aient autorisé les médias et les diplomates à assister à une audience montre qu’ils essaient de „lâcher un peu de lest en ce moment“, a-t-il dit. „Après chaque crise grave, que ce soient les grandes manifestations de moines bouddhistes en 2007 ou le cyclone Nargis en 2008, à chaque fois, ils ont lâché du lest quand la pression devenait forte et, à chaque fois que la pression retombait, ils faisaient ce qu’ils voulaient“.