Birmanie: inquiétudes internationales après l’inculpation d’Aung San Suu Kyi

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Plusieurs pays occidentaux se sont inquiétés jeudi de la nouvelle inculpation de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, accusée d'avoir enfreint les règles de son assignation à résidence après l'intrusion chez elle d'un Américain.

„Je suis profondément troublé par le fait qu’Aung San Suu Kyi puisse être inculpée pour avoir enfreint les règles de sa détention“, a réagi le Premier ministre britannique Gordon Brown. „Le régime birman a clairement l’intention de trouver n’importe quel prétexte, aussi ténu soit-il, pour étendre sa détention illégale“, a dénoncé M. Brown. Selon un avocat birman, Mme Suu Kyi a été inculpée jeudi pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, une semaine après l’annonce par le régime militaire de l’intrusion chez elle d’un Américain qui avait traversé un lac à la nage pour la rencontrer. Le procès de Mme Suu Kyi, âgée de 63 ans et dont l’état de santé a suscité ces derniers jours de vives inquiétudes, s’ouvrira lundi à la prison d’Insein à Rangoun.
Actuellement assignée à résidence à Rangoun, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991 a été emmenée jeudi à la prison d’Insein, où son inculpation lui a été formellement notifiée. L’administration américaine s’est également dite préoccupée de cette nouvelle inculpation. „Nous avons vu ces informations, qui sont certainement inquiétantes si elles sont vraies“, a déclaré le porte-parole du Département d’Etat, Ian Kelly. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a demandé „de plus amples informations“, a ajouté M. Kelly. L’ordre d’assignation à résidence de la lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 63 ans, expirait théoriquement le 27 mai. Elle a été privée de liberté pendant la majeure partie des 19 dernières années. La France a „condamné avec la plus grande fermeté l’arrestation d’Aung San Suu Kyi et son transfert à la prison d’Insein“, selon un communiqué commun du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, et sa secrétaire d’Etat pour les droits de l’Homme, Rama Yade. „Cette décision est d’autant plus inacceptable que l’état de santé du Prix Nobel de la Paix s’est dégradé depuis plusieurs jours“, ont rappelé les deux responsables, pour qui „sa libération revêt plus que jamais un caractère d’urgence“.
La Norvège, où est attribué le prix Nobel de la paix, a elle aussi exigé „la libération immédiate“ de l’opposante et de „tous les autres prisonniers politiques“, a souligné le ministre norvégien des Affaires étrangères, Jonas Gahr Stoere.
L’envoyé spécial de l’Union européenne pour la Birmanie, l’Italien Piero Fassino, a jugé pour sa part qu’il n’y avait „aucune justification“ à cette nouvelle inculpation. Il faut „faire pression par tous les moyens pour que Aung San Suu Kyi soit libérée“ ainsi que „les deux mille prisonniers politiques qui sont dans les prisons birmanes“, a estimé l’émissaire de l’UE. „L’Europe, avec à ses côtés les Etats-Unis et les pays asiatiques, doit se battre pour que les choses changent et pour que la junte birmane comprenne que sa politique oppressive et dictatoriale n’est pas acceptée par la communauté internationale“, a ajouté Piero Fassino. Le régime du généralissime Than Shwe prévoit d’organiser l’année prochaine des élections nationales dans le cadre d’un processus controversé, qu’il entend contrôler de bout en bout.