Pouvoir, si je t’aime

Pouvoir, si je t’aime

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Depuis la nuit des temps, l’homme lutte, intrigue, ment, apprend, hait, se sacrifie, tue, meurt pour le pouvoir politique, militaire, religieux et quelques autres formes, plus subtiles.

C’est dans sa nature, comme c’est dans la nature de tout ce qui vit. Mais il se différencie des bêtes, lesquelles le convoitent par instinct, innocemment, irresponsablement, par sa volonté réfléchie de le posséder et de l’augmenter.

Il en résulte que le pouvoir humain, quel qu’il soit, est lourdement chargé de responsabilités éthiques et morales, en bien évidemment de devoirs envers la société et les individus. Un chef d’entreprise, fût-il le seul et unique propriétaire, a-t-il le droit éthique de rechercher par tous les moyens financiers et techniques la maximisation de ses profits?

Est-il en droit de licencier du personnel pour briller en bourse et faire monter le cours, comme le font sans gêne l’immense majorité des colosses agissant à l’échelle globale, en se jouant des systèmes fiscaux et sociaux des pays intégrés dans leurs stratégies pour le temps d’un cycle d’amortissements?

Ne nous méprenons pas. Ici et maintenant, l’action des prédateurs n’est pas examinée sous l’angle de légalité courante, généralement observée grâce à l’assistance adroite des grands consultants et auditeurs. Encore que, dans les régions peu structurées politiquement et socialement, comme de larges pans de l’Europe de l’Est, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, le capitalisme triomphant montre son vrai visage.

Aurions-nous déjà oublié la mise à mort quasi délibérée des travailleurs du textile au Bangladesh ou en Inde, où ils sacrifient leur vie pour une poignée d’argent juste suffisante pour survivre misérablement, alors que nous, les consommateurs trompés par l’image des soi-disantes grandes marques, nous réjouissons des bas prix? Faut-il renvoyer aux crimes industriels délibérés commis pour les gains démesurés dans les mines, la sidérurgie, la manufacture et même l’agriculture, polluée par les brasseurs d’affaires chimiques?

Le lecteur aura deviné l’objet du débat que devrait susciter la question du pouvoir et des responsabilités à partager en démocratie. Il s’agit de convaincre ou de contraindre les dirigeants et les élus politiques de reprendre le contrôle des marchés libres, en les soumettant à des règles obéissant et servant prioritairement les intérêts publics.

On a laissé faire les grosses boîtes dont les lobbies sont parvenus à infiltrer et à influencer, pour ne pas dire dominer, les administrations nationales et européennes (par exemple), souvent et de manière visible dirigés par l’obsession du droit de propriété incluant la liberté de déplacer des unités de production et de services là ou les coûts salariaux sont moindres et l’environnement moins contraignant.

Où l’absence de pouvoir politique conduira-t-elle l’Union européenne, entrée dans la course à la compétitivité et dans le désarmement financier des Etats? Vers l’appauvrissement rampant, l’injustice sociale, l’exploitation des masses par les marchés à la botte des super-riches?

Pouvoir, je t’aime. Si tout le monde l’aimait comme moi, chacun devrait être prêt à se fixer une priorité absolue: reprendre le pouvoir sur soi-même pour redevenir ou devenir un homme méritant d’être reconnu comme tel.

Quel doux rêve, n’est-ce pas.

Mais attention, les cannibales: le jour viendra où vous ne serez plus rien. L’Histoire et ses grands coups de balancier l’enseignent.

Alvin Sold