Mitterrand

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Le 10 mai 1981, 20.00 heures. Dès que son visage apparaît sur les petits écrans, c’est la liesse populaire. La joie n’est pas seulement dans ce que l’on qualifiera plus tard de camp du „peuple de gauche“.

D’autres, qui s’étaient abstenus ou avaient voté blanc rejoignaient rapidement la foule dansant et chantant spontanément dans la capitale et dans les villes de province. A croire que quelque chose s’était libéré d’un seul coup, faisant en sorte que des citoyens de tout âge et de toute catégorie sociale éprouvaient soudain le besoin de se parler. Ce qui frappait, c’était la sérénité, y compris du côté des battus. Il est vrai que la défaite de Giscard avait été pressentie et que de leur côté, les chiraquiens avaient tout mis en oeuvre pour faire élire le premier secrétaire du Parti socialiste.

François Mitterrand restera dans l’histoire, avec le Général de Gaulle, comme l’un des deux grands présidents de la Ve République. Cet homme politique avisé, fin lettré, homme de culture sans pareil, si familier de Paris et de sa beauté et pourtant si ancré dans le terroir français, aura rendu aux Français une liberté – au sens large – qui leur manquait tant. Il était homme de conviction, car qui d’autre eût osé, contre l’opinion publique majoritaire et en pleine campagne électorale, annoncer qu’il allait abolir la peine de mort?

Ce bâtisseur prévoyant, maître d’oeuvre dont chaque architecte rêve, n’a pas seulement enrichi Paris: le Grand Louvre, la Grande Bibliothèque, la Grande Arche, la Cité de la Musique, la Cité des Sciences, l’Institut du monde arabe … En province aussi, ce sera la culture pour tous.

Tabou jusque-là: il fit déménager l’ENA pour partie. Il affichait avec le chancelier Kohl une vraie amitié et si Thatcher ne le bluffa point, il l’admira pour sa ténacité et son obstination. Il bluffa quant à lui Reagan en l’accueillant à Versailles, dans la demeure du Roi-Soleil pour le sommet du G6 et en Européen convaincu, ne plia jamais devant les Etats-Unis (auxquels il imposa des ministres communistes, un blasphème à l’époque) et la France à lui ne s’enquit guère des doléances de l’Alliance atlantique.

Certes, François Mitterrand n’a pas „changé la vie“ des Français. Tout au plus fit-il fuir quelques riches sectaires en Suisse avec leurs gros sous. Mais quand un vent de liberté souffle, quand pour la première fois depuis 1936 (oublions 48) la gauche est vraiment au pouvoir, n’est-ce pas une rupture en soi?

Trente ans après, réalistes pourtant, les Français aspirent à retrouver la grandeur perdue de leur pays. Si seulement le PS pouvait se montrer aussi adroit que celui qui l’a jadis conduit jusqu’à l’Elysée …
Car il y a, devant eux, un boulevard.