Le fiasco

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Disons-le d’emblée: la politique de Barack Obama fut un fiasco, même si nous avons – traditionnellement plus proches des démocrates que des républicains – soutenu sa candidature à la Maison Blanche à deux reprises.

Finalement, son unique mérite, à l’exception d’une maigre réforme du système de santé que ses successeurs s’empresseront de détricoter, aura été d’être le premier président métis des Etats-Unis. Ce n’est pas rien, mais c’est largement insuffisant.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Il n’a pas su fermer Guantanamo; il n’a pas réformé le système financier et bancaire; l’Afghanistan est un échec. Ok, il y eut le beau discours du Caire!

Hélas! Ce furent des paroles suivies d’une politique moyen-orientale désastreuse. Les printemps arabes ne furent pas accompagnés; l’Egypte s’est radicalisée; l’Irak demeure une plaie béante; l’Iran résiste et n’en fait qu’à
sa tête; en Syrie, le drame est quotidien et le quotidien sanglant.

En Afrique, c’est la Chine qui occupe le terrain; en Amérique du Sud, le progrès démocratique n’est pas une conquête philosophique américaine.

L’illusion-désillusion européenne

Le même Obama a essuyé tant de gifles de l’Israélien Netanyahou que n’importe qui en aurait perdu toute crédibilité et le sort du peuple palestinien n’aura jamais été aussi compromis, humilié, spolié que sous le double règne du démocrate.

Force est cependant d’admettre que l’hégémonie américaine est intacte. Pourquoi? A cause d’une habile construction du passé: l’OTAN, machine de guerre de l’Ouest face à l’Est. Savamment élaboré, ce machin a servi à tisser une toile d’alliés constamment sous pression et sous influence. En 1952, en pleine guerre froide, on a imposé aux pauvres Grecs, nouveaux „admis“, l’arrivée simultanée de la Turquie au sein de „l’Alliance“. Aujourd’hui, c’est aux Européens qu’on impose des sanctions contre la Russie, à abattre et affaiblir dans le but de la future répartition du monde.

Les Européens, qui ont perdu toute notion d’histoire, deviennent des complices. Des complices d’autant plus malhonnêtes qu’ils mentent à leurs peuples puisqu’ils admettent en privé – tous, sans exception – que ce qu’ils font est une erreur. Ils savent que la Crimée est russe; ils ne peuvent ignorer que l’Ukraine – corrompue, certes, hier, l’est tout autant avec les „nouveaux“ – a toujours été morcelée; ils sont conscients qu’après l’Ukraine, c’est la Biélorussie, puis le Kazakhstan qui sont visés et qu’en fin de compte, les missiles de l’OTAN, voire de Washington, seront à 135 km de Moscou! Quel dirigeant russe pourrait admettre cela? Même pas Gorbatchev qui a littéralement vendu la RDA à Kohl et qui, maintenant, se rallie à la position de Poutine …

L’histoire demeure et on ne pourra pas rayer des livres l’épisode de Cuba. Quand Khrouchtchev (l’homme qui, sans consulter les Criméens, a fait „cadeau“ de la Crimée
à une Ukraine sous son contrôle) voulut installer des missiles sur la belle île, on a vu la réaction de l’Amérique de Kennedy. Aujourd’hui, alors qu’il y a des missiles en Turquie, des bases en Pologne, les pays baltes à la botte, la Russie n’aurait pas le droit de se défendre, de réagir contre l’intégration de l’Ukraine, Crimée comprise, dans „l’Ouest“?

Le comportement américain est inacceptable et l’Europe communautaire n’a aucune légitimité politique pour agir comme elle le fait. Au point où elle en est arrivée de torpeur morale et d’esprit géopolitique défaillant, elle mériterait une belle repartie, la seule qu’elle comprendrait: que l’argent russe parte et soit rapatrié quelque temps.

Triste à dire, mais vrai. Et parions qu’alors, elle ne recevra pas de „bourse“ américaine pour résister au choc économico-social …