Ça ne tourne pas rond

Ça ne tourne pas rond

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Le déroulé brut de l’information tel qu’il est conçu sur le web est des plus instructifs. Car il préfigure notre société de demain, celle où tout s’emmêle et se confond, sans hiérarchie, sans recul, sans analyse.

Quelques exemples: l’ONU sanctionne la Corée du Nord qui continuera d’agir comme bon lui semble, la justice italienne condamne Berlusconi qui n’ira pas en prison, un quatrième soldat français meurt au Mali tandis que la guerre continue, le Statec annonce une hausse des prix à la consommation et la vie chère s’accentue, Juncker et Asselborn sont sous haute surveillance policière à cause des lettres de menace et l’auteur, connu, court, le Bommeleeër fait fantasmer et on ne le connaîtra jamais, l’Europe règlementera la hauteur des bonus et les fiduciaires sont en pleine activité pour développer de nouvelles filières pour contourner une décision non prise …

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Que penser et dire de ce monde qui ne tourne pas rond, sinon qu’il est en déperdition.

Parce que nul n’a plus le courage de s’attaquer aux problèmes un à un, par ordre hiérarchique décroissant et en bravant s’il le faut l’impopularité.

Il est vrai que ce que nous dénonçons depuis des années ne cesse de s’étendre et de faire des ravages. A savoir la „communication“. Un terme d’ailleurs à ne confondre en aucun cas avec information et donc journalisme, la première étant l’arrêt de mort signé du second.

Telles des vaches …

Les entraves à l’un des plus nobles métiers, le journalisme, se multiplient. Oh, non pas tant dans les dictatures ou démocraties émergentes, mais dans lesdites démocraties bien de chez nous, si parfaites, si transparentes!

Transparentes au point de tout mettre en oeuvre pour empêcher les journalistes de faire leur travail, d’enquêter librement pour mieux savoir, vérifier, analyser, puis commenter.

Un projet de loi d’une extrême dangerosité est en passe d’être voté et sur le terrain, d’ores et déjà, les obstacles se multiplient.

Pas le droit d’entrer ici, pas de réponse au téléphone là-bas, octroi fait aux journalistes de s’adresser à des professionnels, c’est-à-dire des „head of communication“, bref, et qu’on nous pardonne l’expression triviale, des branleurs ronflants ravis de contempler leurs cartes de visite en english et dont l’unique raison d’être consiste à empêcher le journaliste de poser des questions pertinentes.

Bref, dans une démocratie moderne à la luxembourgeoise, la liberté de la presse se résumerait désormais au „journaliste-Wiederkäuer“, celui qui recracherait ce que d’autres veulent lui faire dire ou écrire.

Une fondation privée refuse l’accès aux photographes, une maison culturelle refoule les journalistes, à la mairie d’Esch ce sont les instituteurs qui sont priés par voie circulaire de ne plus parler aux journalistes, etc., etc.

Devant de telles inepties, il n’y a plus qu’à rendre hommage à titre posthume à Hugo Chávez. Certes, sa complicité avec le président iranien était aussi déplacée que malvenue. Cependant, l’homme a su, avec son franc-parler et son bon sens, redonner une fierté certaine au Venezuela, si longtemps basse-cour de Washington, rappeler que l’Amérique latine était souveraine et, surtout, libre. Libre de ses actes, libre de ses choix.

Ce n’est pas rien.

Le Luxembourg, démocratie européenne sur une mauvaise pente, ferait bien de s’inspirer chez ceux dont il rigole s’il ne les méprise.