Dans „La Guerre des pauvres“, Eric Vuillard prend pour objet les révoltes paysannes du 16e siècle, en se plaçant du côté des vaincus. Si ces soulèvements populaires se terminent souvent mal, le récit n’est pas pessimiste pour autant: la répression, aussi violente soit-elle, ne vient jamais à bout de l’esprit de révolte. Face à l’indécence du pouvoir, les opprimés finissent toujours par redresser la tête.
A la fin du Moyen Âge, dans un monde où les puissants (seigneurs, princes, prélats) se partagent le gâteau et maintiennent les pauvres dans l’ignorance pour mieux les asservir, un prédicateur enflammé mène le peuple à la révolte. Thomas Müntzer, le héros du récit, nous rappelle que la modernité est inséparable des luttes contre l’argent, l’exploitation et le pouvoir. En écrivant l’Histoire sans abandonner la fiction, Vuillard propose à la gauche des mythes politiques – destinés à entrer en résonance avec les mouvements sociaux qui secouent la France d’aujourd’hui. (Julien Jeusette)
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