FranceLe nombre des grévistes et des manifestants baisse encore

France / Le nombre des grévistes et des manifestants baisse encore
La confédération générale du travail (CGT) veut étendre la contestation et procéder à des blocages dans le pays Photo: AFP/Charly Triballeau

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Tout en conservant une claire assise populaire, la journée de manifestations et de grèves contre la réforme des retraites, qui a connu quelques incidents en fin de cortège parisien, n’a pas eu, hier, la même ampleur que le 31 janvier.

Les évaluations des médias lui accordent plutôt une participation de l’ordre de la moitié – quelque 650.000 manifestants sur l’ensemble de la France contre 1.320.000 la dernière fois – parfois davantage localement, mais parfois moins.

Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer, outre – hypothèse bien improbable à en croire les sondages – un détachement de l’opinion à l’égard du combat contre la réforme, essentiellement le passage de l’âge normal de la retraite de 62 à 64 ans. Même si une certaine lassitude peut en effet gagner les protestataires les moins „structurés“ (dans les syndicats et/ou les partis politiques de gauche et d’extrême droite): beaucoup, sans renier leurs convictions, pensent en effet que la réforme va de toute façon passer au Parlement, quelle que soit la protestation du public.

Mais surtout, il y a le fait que, même si un certain nombre d’employeurs ne privent pas leurs salariés de leur rémunération les jours de grève ou d’absence pour cause de manifestation, y compris des mairies de gauche, qui avaient affrété des cars pour transporter les manifestants, pour beaucoup d’autres cela faisait aussi hier la troisième journée sans salaire depuis le 19 janvier. Dans le contexte actuel d’inflation, il y avait là de quoi faire hésiter les plus modestes.

D’autant plus que la prochaine journée nationale de protestation, samedi, sera, elle, „gratuite“, puisqu’il n’y aura pas de grèves, et qu’on sera en plein week-end. De surcroît, les transports publics fonctionneront normalement, ce qui devrait permettre d’en faire de nouveau un vrai succès d’affluence à Paris. Lequel serait susceptible de corriger l’impression en demi-teinte laissée par la journée d’hier, où, sans être devenue squelettique, la participation des protestataires n’était manifestement pas à la hauteur des espérances de ses organisateurs. Parmi lesquels même la CGT, toujours prompte à enfler considérablement les chiffres, a dû reconnaître certains tassements en province.

Rendez-vous samedi prochain

C’est d’ailleurs bien ce prochain rendez-vous protestataire que les syndicats considèrent comme l’échéance majeure pour leur gestion de la suite. Une réunion prévue hier soir a été reportée, justement, à la fin des manifestations de samedi, qui devraient offrir à leur réflexion collective une plus flatteuse toile de fond. Même s’ils n’avaient hier mardi aucune raison de craindre la survenue de cet „essoufflement“ de la contestation dont rêvent toujours, quelle que soit leur couleur politique, les gouvernements confrontés au mécontentement populaire.

Il n’empêche: le mouvement syndical, qui a retrouvé, et jusqu’ici conservé, une unité d’action dont il avait perdu l’habitude, va devoir travailler finement s’il veut la conserver. La CFDT estime que si la loi est adoptée, il faudra bien la respecter, quitte à continuer de chercher à la faire modifier par le Parlement. Et qu’il faut faire attention à ne pas pénaliser les Français, ni avant ni après, par des grèves à répétition, à plus forte raison par un vrai blocage du pays. La CGT est sur une tout autre position: les manifestations, c’est bien, mais seul le blocage paie, et Macron ne comprendra que le rapport de force, estime-t-elle.

La journée de samedi pourrait donc être plus qu’une nouvelle confrontation entre „la rue“ et l’exécutif: quelque chose comme un rendez-vous stratégique entre les deux principales forces de la contestation sociale.