FranceLe crime islamiste de Rambouillet avive encore le débat sur l’insécurité

France / Le crime islamiste de Rambouillet avive encore le débat sur l’insécurité
Les domiciles du père où Jamel Gorchene avait déménagé ont été perquisitionnés Photo: AFP/Philippe Dupryrat

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L’attaque meurtrière vendredi contre une fonctionnaire de police au commissariat de Rambouillet, près de Paris, a replacé samedi et dimanche la menace terroriste au sommet de l’agenda politique en France.

La nouvelle agression mortelle contre une policière, vendredi à Rambouillet, cité jusqu’alors paisible de l’Ile-de-France, suscite un grand émoi dans l’Hexagone, où le sentiment d’insécurité, les sondages le montrent, ne cesse de croître. Et plus que jamais, les policiers se sentent la cible d’actions hyperviolentes, que ce soit de la part des bandes de jeunes délinquants des banlieues, ou de celle de terroristes islamistes.

C’est bien cette seconde éventualité qui s’est présentée au commissariat de Rambouillet, où le tueur, un Tunisien du nom de Djamel Gorchène, a mortellement poignardé vendredi à la gorge et à l’abdomen, aux cris de „Allah ouakbar!“, une fonctionnaire de police de 48 ans, mère de deux enfants, qui regagnait à pied le bureau d’accueil où elle officiait. Il a lui-même été abattu par un des collègues de la victime, vers lequel il se retournait couteau levé. Selon le téléphone retrouvé sur les lieux du crime, l’agresseur a consulté des vidéos „glorifiant le martyre et le jihad immédiatement avant son acte“.

Le profil de l’assassin, qui avait fait quelques repérages, est doublement inquiétant. D’abord parce qu’il était, selon la formule consacrée, „inconnu des services de renseignement“, son casier judiciaire ne faisant d’ailleurs état d’aucune condamnation. Il s’agit, pour autant que l’enquête puisse le confirmer (cinq personnes étant encore en garde à vue), de ce que les spécialistes appellent un „loup solitaire“, autrement dit l’un de ces individus qui se radicalisent dans leur propre sphère, puis passent à l’acte seuls; et que leur imprévisibilité même rend encore plus difficiles à contrôler que les réseaux.

Du combat engagé contre le terrorisme islamiste, nous ne céderons rien

Emmanuel Macron

Ensuite, ce Tunisien avait été régularisé en 2019, après avoir vécu dix ans en France comme immigrant en situation irrégulière. Une situation qui illustre la facilité avec laquelle on peut à la fois y entrer, puis y rester clandestinement, et enfin y obtenir finalement un titre de séjour. Ce double constat, aussitôt souligné par l’extrême droite, a aussitôt enflammé la polémique, le gouvernement et la gauche dénonçant une „récupération politicienne lepéniste“ qui n’en trouve pas moins, une fois de plus, un écho important dans l’opinion exaspérée par la multiplication des violences urbaines de différentes origines.

En un an, l’inquiétude a gagné 26 points

Si l’on en doutait encore, le dernier sondage sur le sujet, publié hier par le Journal du Dimanche, le confirmerait. Car si la persistance du Covid-19 explique que les Français privilégient dans leurs préoccupations les questions sanitaires (85%, soit 3 points de plus qu’en août 2020), la sécurité et la lutte contre le terrorisme et contre la délinquance les suivent de près. L’enjeu est en effet jugé „tout à fait prioritaire“ par 72% (en hausse de 4 points) des personnes interrogées.

Le drame, qui intervient après trois attentats jihadistes en quelques semaines à l’automne, mobilise à nouveau le gouvernement
Le drame, qui intervient après trois attentats jihadistes en quelques semaines à l’automne, mobilise à nouveau le gouvernement Photo: AFP/Bertrand Guay

Cette préoccupation sécuritaire a même bondi de 26 points depuis mai 2020, après la multiplication de faits divers sanglants: agression mortelle d’un chauffeur de bus à Bayonne, attaques djihadistes dont la décapitation du professeur Paty en octobre, et bien d’autres. Et si ce sont, sans surprise, les sympathisants de droite qui jugent les sujets sécuritaires comme davantage prioritaires (85%), le sujet est aussi pris très au sérieux par ceux de gauche (63%, et même 70% chez les électeurs PS), toujours selon le sondage du JDD.

Il est de plus en plus clair que l’insécurité publique sera un des enjeux majeurs de l’élection présidentielle de 2022. C’est d’ailleurs bien pourquoi Marine Le Pen, dont tout semble indiquer – aujourd’hui, du moins – qu’elle sera de nouveau la finaliste contre Emmanuel Macron dans un an, cogne si fort sur l’exécutif sur ce terrain, tout en tempérant ses propos antérieurs sur d’autres pour attirer à elle l’électorat modéré. Et que de, côté gouvernemental, le ministre de l’Intérieur présentera au Conseil des ministres d’après-demain un projet de loi sur la sécurité. Encore un …

„Justice pour Sarah Halimi“

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche en France et notamment à Paris, à l’appel de collectifs citoyens et de représentants de la communauté juive, pour contester l’absence de procès après le meurtre de Sarah Halimi, sexagénaire juive, en 2017.
Peu avant, dimanche, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti avait annoncé la présentation „fin mai“ d’un projet de loi visant à „combler“ un „vide juridique“, après que la Cour de cassation a confirmé l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi.
Cette mobilisation intervient après la confirmation, le 14 avril, par la Cour de cassation, de l’irresponsabilité pénale du meurtrier de la sexagénaire juive, hospitalisée en psychiatrie depuis ce crime. La plus haute juridiction en France a entériné le caractère antisémite du crime, mais confirmé l’impossibilité de juger le meurtrier, compte tenu de l’abolition de son discernement lors des faits. Selon les sept experts psychiatriques qui l’ont examiné, Kobili Traoré, gros consommateur de cannabis, était en proie à une „bouffée délirante“ lorsqu’il a tué sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi. La cour d’appel de Paris avait conclu à l’existence d’un trouble psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes au moment des faits, ce que la Cour de cassation a jugé conforme au droit. (AFP)