FranceMacron consulte les chefs de partis et garde Mme Borne à Matignon … pour l’instant

France / Macron consulte les chefs de partis et garde Mme Borne à Matignon … pour l’instant
Des députés nouvellement élus du parti de gauche La France Insoumise posent devant le siège de l’Assemblée nationale Photo: dpa/Thomas Padilla

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La France politique cherche à reprendre le cours de ses travaux, mais dans un paysage bouleversé par le résultat des législatives de dimanche. Et où les uns et les autres, président et gouvernement d’un côté, partis d’opposition et futurs groupes parlementaires de l’autre, cherchent les moyens de leurs ambitions, sans parvenir à dissiper que celles-ci restent, pour l’heure, assez confuses.

Ce mot de „confusion“ revient d’ailleurs souvent dans les propos des intéressés, mais aussi des observateurs – signe qu’après les interminables désordres, hésitations et combinaisons des IIIe et IVe Républiques, la Ve avait jusqu’à présent réussi à donner à la vie publique française un cadre à la solidité rassurante. C’est peu dire que, depuis dimanche soir, il n’en est plus rien, au point que tout le monde parle de „crise“, volontiers qualifiée de „grave“, pour évoquer une perte de majorité gouvernementale qui appartient après tout à la tradition des démocraties …

Mais cette fois-ci, on n’est pas en présence de la réélection manquée d’un président sortant ni d’un simple renversement de majorité imposant une cohabitation, deux situations que la France a déjà vécues plusieurs fois sans chaos. Le problème est que ce président sortant, Emmanuel Macron, a été réélu il y a moins de deux mois par plus de 58% des voix et que la perte, voici trois jours, de sa majorité parlementaire ne fait apparaître aucune majorité de rechange.

Hier, la première ministre, désormais très controversée (et qui n’avait de toute façon jamais soulevé l’enthousiasme, en dépit des qualités de travail qu’on lui reconnaît en général), a ainsi présenté sa démission au président de la République, qui l’a aussitôt … refusée. Une telle démission est banale après toute élection législative, même largement gagnée par la majorité; elle est traditionnellement acceptée, mais le chef de l’Etat renomme en général la même personnalité pour diriger le gouvernement, éventuellement remanié.

Voici donc Mme Borne lancée, sous un contrôle de l’Elysée que l’on pressent étroit, dans une série de contacts destinés à sonder les intentions d’élus de l’opposition mais „macron-compatibles“, pour entrer au gouvernement ou au moins pour voter certains grands textes – toutes les grandes réformes promises par Macron pour son second quinquennat semblant, pour l’heure, bloquées jusqu’à nouvel ordre. Mme Borne qui a aussi réuni, hier après-midi à Matignon, l’ensemble du gouvernement, y compris les trois (encore) ministres battus aux législatives.

La rage au cœur

Mais ce que l’on remarque surtout, c’est que c’est à l’Elysée, et là seulement, que sont invités à venir s’exprimer les chefs des différents partis, de l’extrême gauche à l’extrême droite, pour préciser leur analyse de la situation et leurs intentions pour en sortir. M. Mélenchon y aura été reçu à son tour, bien sûr, mais sans doute la rage au cœur puisque comme chef de file de la seule France Insoumise: socialistes, communistes et Verts ont refusé toute idée de fusion au sein de la Nupes, ce qui fait du RN le premier parti et le premier groupe parlementaire d’opposition. Avec, donc, la possibilité d’exiger à l’Assemblée la présidence de la très puissante Commission des Finances, souvent présentée comme une sorte de contrepoids au ministère du même nom.

De ces auditions présidentielles ne sortent guère, pour l’instant, que des refus de toute coalition formelle, tout particulièrement de la part de Christian Jacob, qui y représentait les Républicains. Comme si même ceux qui, il y a encore une ou deux semaines, se disaient qu’après tout ils reviendraient bien au gouvernement, fût-ce par la petite porte et en attendant mieux (en particulier certains LR et socialistes modérés), se disaient aujourd’hui qu’ils seraient bien imprudents d’attacher leur destin politique personnel à un président si décrédibilisé, ou en tout cas menacé.

Et dont la première ministre n’est pas du tout certaine de survivre, lors de sa déclaration de politique générale prévue pour le 5 juillet, à la motion de censure que La France Insoumise annonce déjà vouloir déposer à cette occasion. Sans parler du risque, pour tous les élus, d’une dissolution de l’Assemblée par le président, sans doute pas dans les tout prochains mois, mais dont l’hypothèse reste considérée par beaucoup, chez les macronistes notamment, comme plausible … voire souhaitable.