Nucléaire: face aux questions de Tricastin, les vérifications s’élargissent

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Face aux interrogations qui ont surgi dans la foulée de l'incident du site nucléaire de Tricastin, le gouvernement a exigé jeudi la vérification de l'état des nappes phréatiques situées à proximité de l'ensemble des centrales nucléaires françaises.

 La présence dans la nappe de points de concentration en uranium inexpliqués, sans lien avec l’incident car mis en évidence avant, suscite des questions – à ce jour sans réponse – sur l’origine de cette „pollution“ ancienne. „L’accident qui s’est produit la semaine dernière a mis en lumière ce sujet sous un angle nouveau“, reconnaît Didier Champion, directeur de l’environnement au sein de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui souligne que des investigations „avaient été déjà engagées“ avant le 8 juillet. Le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo a souhaité jeudi que le Haut comité sur la sécurité nucléaire (HCTISN) vérifie notamment „l’état des nappes phréatiques situées près de toutes les centrales nucléaires françaises“. „Il faut faire un état des lieux“, a ajouté M. Borloo dans un entretien au Parisien, réclamant „la transparence, la transparence, la transparence“. Pour les écologistes, les questions sans réponse qui entourent l’affaire Tricastin démontrent que l’impact environnemental de la technologie nucléaire n’est pas maîtrisé. Si le réseau „Sortir du nucléaire“ s’est félicité de la décision du gouvernement, il a cependant estimé que de nombreux autres sites devaient faire l’objet de mesures similaires. „Au-delà des 19 centrales nucléaires EDF, la France est parsemée de sites nucléaires exploités en général par Areva, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ou l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA)“, a-t-il rappelé. Jeudi, l’IRSN a affirmé que les produits des jardins potagers et des cultures étaient aptes à la consommation. Selon des prélèvements effectués trois jours après l’incident, l’impact du rejet accidentel sur l’environnement est „faible“ et n’a „en conséquence, pas d’impact sanitaire“. La PDG d’Areva, Anne Lauvergeon, se rendra vendredi sur place pour faire le point sur cet incident qui a été classé au niveau 1, au bas de l’échelle des incidents nucléaires qui va de 0 à 7. La surveillance des eaux souterraines représente moins de 1% de l’ensemble des échantillons mesurés par l’IRSN. La majorité des quelque 30.000 prélèvements dans l’environnement effectués chaque année portent sur des „poussières atmosphériques“. En cas d’accident nucléaire, la menace principale sur la santé publique porte sur l’air respiré. En termes pratiques, la surveillance des eaux souterraines, qui peut être un outil précieux pour détecter d’eventuelles contaminations qui progressent lentement, se révèle plus complexe que celle des eaux de surface. Si dans une rivière, la circulation permet d’assurer un mélange constant de l’eau, les nappes phréatiques présentent des comportements beaucoup plus „hétérogènes“. Une analyse fiable de ces mesures d’uranium à très bas niveau nécessite donc un maillage précis des puits creusés dans la nappe pour collecter l’eau. „Avant d’aller tête baissée mesurer les nappes phréatiques sur tout le territoire, ce qui posera un problème de ressources, il faut réfléchir sur la bonne stratégie d’investigation“, estime le directeur de l’environnement de l’IRSN. „C’est la difficulté de la surveillance, surtout pour l’uranium: une valeur ponctuelle isolée ne permet pas de conclure“.