Kopf des TagesValentin Lavillenie, un frère en or

Kopf des Tages / Valentin Lavillenie, un frère en or
 Photo: AFP/Valéry Hache

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Le perchiste Valentin Lavillenie

Il a deux perchistes tatoués sur la poitrine, son frère aîné Renaud, ex-recordman du monde, et lui, Valentin: chez les Lavillenie, la perche est „une affaire de famille“ mais pour le cadet, le ticket pour Tokyo et ses premiers Jeux olympiques sont d’abord l’histoire d’une résurrection.

Récemment recruté au Centre de formation régionale de la police à Nice, ce qui lui laisse le temps de s’entraîner tout en assurant son après-carrière dans un métier dont il rêvait, Valentin, 29 ans, a eu le talon gauche brisé en retombant après un saut sur une dalle de béton en 2018. Il vit depuis avec onze vis dans le pied.

„Mon mental était encore plus fracturé que mon pied“, raconte-t-il à l’AFP, en marge d’une présentation des métiers de la police destinée aux étudiants en sport: „Mais ça m’a permis de tout reconstruire (…) J’approche de la trentaine et j’ai l’impression d’être un petit nouveau.“

Car le jeune homme a failli tout perdre. „Le chirurgien m’a regardé dans les yeux et m’a dit: ’Le sport de haut niveau, tu peux oublier’“, dit-il, avant de raconter comment un dimanche, en revenant au centre de rééducation, il a décidé de reprendre, revenant aux perches avec un mordant digne du handisport. „Je me suis dit, la douleur au final, je vais peut-être pouvoir m’acclimater.“

Aujourd’hui, il va jusqu’à „bénir“ ce coup du sort, malgré les douleurs récurrentes, le pied „bourré d’arthrose“ où il injecte „tout ce qui est légal“ et ces matins où il se lève sans pouvoir marcher. „Cet accident, je l’adore, car je suis devenu quelqu’un d’autre! J’ai rencontré ma fiancée et j’ai forcé le respect et l’admiration de tout le monde, mon père et mes pairs.“

„C’est un très dur combat qu’il a mené“, confirme son père Gilles, qui l’a longtemps entraîné à Cognac et a passé six mois sans jamais plus oser lui reparler de perche après l’accident.

Cette deuxième carrière post-accident a pris un nouveau tour cette saison, avec une série d’excellents résultats et une qualification pour les Jeux de Tokyo. Petit gabarit d’1,71 m pour 70 kg quand ses concurrents font en général une tête et 10 kg de plus, Valentin Lavillenie alignait en effet depuis 2013 un palmarès honorable, mais sautait toujours dans l’ombre de son frère, géant de la discipline.

Mais cette année, il a pour une fois pris lui aussi un peu de lumière, avec un titre de champion de France en salle en février à Miramas, devant Renaud, seulement troisième. Le cadet est ensuite devenu vice-champion d’Europe à Torun en Pologne, avec un saut à 5,80 m. Les compliments affluent dont ceux de l’ancienne star Jean Galfione, „le premier Français à 6 m, l’idole de mon père!“, s’extasie-t-il.

„Je suis prêt à lui passer devant, à aller le battre (…) J’ai envie d’être numéro un“, dit-il désormais à propos de Renaud, tout en rêvant d’un podium pour deux à Tokyo.

Une médaille olympique serait tout de même une surprise, admet volontiers Valentin dont le record personnel est à 5,82 m. Le niveau est „très relevé avec cinq ou six mecs qui peuvent faire 6 m à tout moment. Mais il ne faut pas avoir de complexes.“

Dans le gymnase Charles Ehrmann de Nice, il se penche, choisit une perche, 40 mètres de course, 18 foulées et c’est l’envol. Pour lui, le report des Jeux a été „une aubaine sur le plan physique“. „Niveau préparation, je suis optimal“, poursuit-il.

Coronavirus oblige, Gilles Lavillenie n’ira pas à Tokyo soutenir ses deux champions, auxquels, enfants, il a toujours dit „Foncez“. Lui-même perchiste et fils d’un arbitre de saut à la perche, il tenait une entreprise familiale de serrurerie, la maman était assistante maternelle.

De Renaud, Valentin rappelle qu’il n’est ni son coach, ni son préparateur. „C’est mon frère à part entière, une petite force en plus, un soutien que les autres n’ont pas.“ Le petit frère, lui, fait son chemin. „J’ai toujours été fier de ce que je fais. Ma carrière aurait pu s’arrêter il y a trois ans et j’étais déjà fier de moi. Ce que je fais depuis, c’est du bonus!“ (AFP)