Il y a bien, comme très souvent, plusieurs lectures possibles de la journée sociale d’hier. Et cela au-delà de la traditionnelle bataille de chiffres, dans laquelle la CGT s’est particulièrement illustrée en évoquant notamment 2,8 millions de manifestants dans l’ensemble de la France (contre environ 1,2 à 1,4 selon les estimations) et 700.000 à Paris.
Étant bien entendu qu’en toute hypothèse ce grand rendez-vous social ne vient pas clore une période d’intense contestation, comme on pourra certainement le vérifier dans les jours et peut-être les semaines qui viennent. Les syndicats jouaient gros, activement, puisqu’ils en étaient les organisateurs; le gouvernement aussi, mais passivement, puisqu’il ne pouvait guère que compter les points, outre lutter contre certains débordements de casseurs dont on ne saurait rendre les vrais manifestants responsables. Quel bilan raisonnable peut-on cependant essayer d’en tirer?
Trois constats
1) Le premier constat, évident, est que la contestation de la réforme des retraites, globalement, ne faiblit pas; ce qu’annonçaient d’ailleurs les derniers sondages, selon lesquels environ deux Français sur trois y demeurent hostiles. Un peu partout, même s’il y a parfois, çà et là, des exceptions dans un sens ou dans l’autre, on aura retrouvé les chiffres des précédentes manifestations, et notamment celles du 31 janvier. Et le public des cortèges reste significativement mélangé, signe qu’il ne s’agit pas seulement de militants habitués à de telles démonstrations, tant s’en faut.

2) Deuxième constat, qui découle au fond du premier: si la foule est restée nombreuse, en province aussi – environ 30.000 manifestants à Marseille, Toulouse, Nantes et Lyon, 20.000 à Brest, 16.000 à Bordeaux et Nancy, 10.000 à Strasbourg, par exemple – le grand bond en avant que prédisait notamment la CGT en terme d’affluence n’a tout de même pas eu lieu. Et la remarque vaut aussi pour les pourcentages de grévistes, inférieurs de quelques points par rapport aux précédents, dans beaucoup de secteurs. Même s’il n’est évidemment pas sans mérite, du point de vue syndical, d’avoir maintenu la barre si haut …
3) Enfin, la mobilisation générale des jeunes à laquelle appelait La France insoumise ne s’est pas produite, au grand soulagement du gouvernement. Étudiants et lycéens n’ont réussi à bloquer, en général à l’aide des poubelles des immeubles voisins, que moins d’un pour cent des établissements scolaires, à raison de quelques dizaines de bloqueurs chaque fois. Ce sont les enseignants grévistes, non leurs élèves, qui ont assuré l’essentiel de la contestation dans lesdits établissements. Tout peut encore changer, bien sûr; mais on sera resté très loin du climat quasi-insurrectionnel préconisé par certains auprès de la jeunesse, et dont les directions syndicales ne voulaient d’ailleurs surtout pas.
Deux risques
Restent la grève et la fameuse menace de „bloquer la France“ et „mettre l’économie à genoux“. On n’en était pas encore là hier, pour au moins trois raisons. La première est que si les arrêts de travail ont été importants dans certains secteurs touchant en effet l’économie comme le grand public, à commencer par les transports, pour l’instant ni l’essence, ni l’électricité ne viennent à manquer malgré le blocage du parc électro-nucléaire, des raffineries et des ports méthaniers par la CGT, qui compte poursuivre son mouvement, ou les bouchons de poids lourds à l’entrée de certaines grandes villes.
En second lieu, les Français sont tellement habitués aux grèves qu’ils se sont de longue date organisés pour se passer des moyens dont ils se trouvent privés. A condition toutefois que cela ne dure pas trop longtemps; car la troisième raison pour laquelle le blocage annoncé n’a finalement pas eu lieu hier, et la „mise à genoux de l’économie“ moins encore, est que tout ne fait peut-être, sur ce terrain-là, que commencer: qu’en sera-t-il, si le mouvement se pérennise, dans une semaine, ou deux, ou trois?

C’est bien pourquoi, tandis que le texte si largement contesté poursuit sa route au Parlement, l’avenir de la contestation syndicale pourrait consister davantage en grèves longues et reconductibles, et si possible massives, qu’en manifestations. Même sur ce seul terrain des arrêts de travail, avec ou sans ce fameux blocage, l’intersyndicale, qui devait définir mardi soir la suite des opérations, aura à tenir compte de deux risques. Celui de finir par lasser l’opinion, et celui de laisser apparaître des différences d’appréciations entre la CFDT et la CGT. Voire à l’intérieur même de cette dernière, où une aile plus radicale que le secrétaire général Philippe Martinez commence à se faire jour, dans la perspective du congrès que la grande centrale tiendra à la fin du mois à Clermont-Ferrand.
L’OGBL s’est montré solidaire
Comme lors des précédentes journées de mobilisation, l’OGBL s’est montré solidaire des salariés français et de leurs syndicats qui se battent contre une réforme qui vise à reculer l’âge de départ à la retraite et qui est rejetée par une grande majorité de la population française. Ainsi, une journée d’action avait débuté mardi matin avec le déploiement d’une banderole sur l’autoroute A3 près de Dudelange,
sur laquelle on pouvait lire „Tous ensemble pour nos retraites“. Au courant de la matinée, une délégation de l’OGBL s’est rendue sur un piquet de grève en Moselle pour y apporter son soutien. Enfin, d’importantes délégations de l’OGBL ont participé aux manifestations convoquées par l’intersyndicale à Longwy et à Metz. (Réd.)
De Maart
So'u laang wei' een net verstaan huet datt schaffen dei' beschten Method ass fir ob der Gesellschaftsleeder erop ze klammen gett et net besser !
Et sinn emmer dei' mei' lidderech (Gewerkschaften) dei' ob d'Strooss ginn an net wellen een klengen Effort fir d'Gesellschaft ze machen !
Typesch french !