Mittwoch12. November 2025

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FranceUn gouvernement peu renouvelé, moins féminin et droitisé

France / Un gouvernement peu renouvelé, moins féminin et droitisé
Premier conseil des ministres vendredi à l’Elysée Photo: AFP/Michel Euler

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Le nouveau gouvernement, dans sa version encore partielle puisqu’il reste à nommer les secrétaires d’Etat, s’est réuni vendredi pour un premier et bref conseil des ministres.

A ce stade, il ne comprend que 15 membres, contre 41 au total dans l’équipe sortante. Le chef de l’Etat, qui devrait tenir la semaine prochaine une conférence de presse, leur a demandé de se comporter, autour du premier ministre Gabriel Attal, en „révolutionnaires“, non en simples „gestionnaires“, et les a exhortés à la „discipline“.

Deux choses au moins se remarquent dans la composition de ce gouvernement. La première est une très grande stabilité, puisque sept des piliers du précédent restent en fonctions, parfois même élargies, comme pour Bruno Le Maire qui hérite aussi, outre l’Economie et les Finances, du secteur de l’Energie. Sans parler d’Amélie Accoudé-Castéra, qui avait déjà en charge la Jeunesse et les Sports, ainsi que la préparation des Jeux olympiques, et qui reçoit en outre la charge, évidemment plus considérable, de l’Education nationale. Un secteur sur lequel, il est vrai, l’ancien et bref titulaire, Gabriel Attal, compte manifestement garder la main à Matignon.

Pour à peu près tous les postes essentiels, de même, notamment ceux que l’on dit régaliens, car ils dépendent tout particulièrement du „roi“ qui siège à l’Elysée, et à l’exception des Affaires étrangères où un proche du chef de l’Etat, Stéphane Séjourné, remplace la diplomate Catherine Colonna, la continuité l’emporte largement sur l’ouverture. Outre Bruno Le Maire, restent aussi à leur poste, en effet, Gérald Darmanin pour l’Intérieur, Sébastien Lecornu pour les Armées, Eric Dupont-Moretti pour la Justice, Christophe Béchu pour la Transition écologique, Marc Fesneau pour l’Agriculture … Et même Sylvie Retailleau pour l’Enseignement supérieur, cette dernière étant d’ailleurs la seule rescapée des ministres sortants qui avaient exprimé des réserves sur la loi immigration, ce qui est sans doute d’autant plus cruel pour les autres, dont certains étaient des compagnons de route de longue date de M. Macron.

Seconde observation que l’on peut faire sur la nouvelle équipe: le président de la République – puisque c’est lui qui nomme les ministres, même si c’est, constitutionnellement, „sur proposition“ du premier d’entre eux – en a profité pour „droitiser“ résolument le gouvernement. Parmi les principaux poids lourds qu’il conserve, seul M. Dupont-Moretti peut à la rigueur passer pour un homme de gauche; encore recule-t-il au 9e rang protocolaire.

Rachida Dati, le retour

Mais parmi les personnalités nouvelles qui intègrent l’équipe, les deux figures dominantes sont des femmes classées résolument à droite, et que l’on remarque d’autant plus que la parité hommes-femmes n’est plus qu’un lointain souvenir dans la répartition des postes ministériels majeurs. La première, l’ancienne ministre conservatrice Catherine Vautrin, est nommée au Travail, à la Santé et des Solidarités, autre ministère qui fusionne deux grands secteurs antérieurs. Pour la petite histoire, on se souviendra qu’elle avait d’abord été pressentie pour Matignon en juillet 2022, puis finalement jugée trop conservatrice par l’entourage présidentiel; Mme Borne lui avait finalement été préférée.

L’autre nouvelle venue de la droite est l’ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, personnalité au verbe haut et à l’ambition dévorante, grande rivale LR d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris. La voici intronisée à la Culture, un milieu qu’elle passe pour ne pas du tout connaître ni aimer, et qui le lui rend bien. C’est, pour le locataire de l’Elysée, ce qu’il est convenu d’appeler une „belle prise de guerre“, dont le prix aurait été, dit-on, un engagement formel des macronistes de la soutenir aux municipales de 2026 dans la capitale. En attendant, le président de son désormais ex-parti LR, Eric Ciotti, a aussitôt annoncé son exclusion.

Au-delà de ces jeux d’egos et de carrières se pose la question du bénéfice politique que l’exécutif peut retirer de ce changement de gouvernement. La reconduction pure et simple des „grands“ ministres et l’amenuisement de l’effectif féminin risquent d’avoir déjà terni l’effet novateur et rajeunissant du choix d’Attal pour Matignon. Quant à la droitisation de l’équipe, y compris à des postes dont les nouvelles titulaires auront surtout affaire à des interlocuteurs de gauche, comme le Travail et la Culture, suffira-t-elle à étoffer sur sa droite une majorité macroniste qui n’en est décidément toujours pas une? Le sort qui sera réservé à la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre, s’il se plie à l’exercice, devrait permettre d’y voir plus clair.