Déconfinement en FranceReprise scolaire hésitante, inquiétude pour l’économie

Déconfinement en France / Reprise scolaire hésitante, inquiétude pour l’économie
Une rentrée des classes un peu exceptionnelle à l’école élémentaire Jean Jaurès à Cenon Photo: AFP/Mehdi Fedouach

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A l’orée de son troisième jour de déconfinement, ou plutôt de l’assouplissement du confinement qu’elle s’était imposé depuis bientôt deux mois, la France peut déjà faire quelques constatations. Lesquelles sont scrutées avec d’autant plus d’attention que les observations recueillies pourraient bien engendrer soit une ouverture plus large début juin, soit au contraire, si la pandémie devait connaître un second souffle, un retour aux strictes mesures antérieures.

Lundi 11 mai: cette date était attendue comme le Messie par bon nombre de Français; si fébrilement, même, que les autorités publiques avaient dû multiplier les appels sur le thème: Attention, il ne s’agira pas d’un retour pur et simple à „la vie d’avant“, mais simplement d’un allègement des facilités de circulation, et cela sur l’ensemble du territoire, exception faite du lointain département de Mayotte, dans l’océan Indien.

En clair, on pourra désormais sortir de chez soi sans avoir à imprimer puis remplir et signer une sorte de permis d’aller prendre l’air, pour faire ses courses indispensables ou se promener brièvement. Dans les départements classés verts, c’est-à-dire ceux où le virus ne circulera plus beaucoup et où des places de réanimation en hôpital se sont suffisamment dégagées, seront de nouveau accessibles les parcs et jardins, voire les plages sur autorisation préfectorale. Cependant que les petites classes feront leur retour à l’école, les lycéens devant attendre un peu plus, et les étudiants jusqu’en septembre.

Ce programme administratif a été globalement respecté. Il s’accompagne cependant de différentes restrictions. Ainsi, il faut avoir un motif impérieux et prouvable (profession, nécessité familiale urgente, etc.) pour effectuer un trajet de plus de 100 kilomètres à vol d’oiseau de son domicile.

Métro bondé aux heures de pointe

De même et surtout, le port du masque est rendu obligatoire dans les transports publics de nombreuses grandes villes, dont Paris, ainsi que le respect de la „distanciation physique“ d’un mètre au moins dans les commerces qui ont rouvert (tous, en fait, sauf les cafés et les restaurants) et dans les entreprises où cette mesure peut être appliquée. Et le télétravail doit rester l’usage jusqu’à nouvel ordre, partout où il est possible.

Le gouvernement attendait avec inquiétude la mise en œuvre de ce déconfinement, promis le 13 avril dernier, sauf impossibilité majeure, par le président Macron. Plusieurs ministres, et plusieurs hauts responsables médicaux, tout en reconnaissant sa nécessité économique et psychologique, redoutaient qu’il ne donne lieu à un sentiment de libération populaire, massif et festif, et par là-même oublieux des précautions de base.

Qu’en a-t-il été en fait, pour autant que l’on puisse en juger sur la base de ces deux premiers jours? Ce qui frappe tout d’abord, c’est que les concentrations de population les plus redoutables n’ont pas tant été dues à des attroupements spontanés qu’à la reprise des transports en commun, singulièrement le métro parisien aux heures de pointe. Là, le respect de cette fameuse distanciation physique est vite devenu illusoire – alors que l’obligation de porter un masque était, elle, respectée par environ 95% des usagers.

Des envies de retrouvailles

Mais sur certains sites de promenade très prisés des Parisiens, comme les berges de la Seine ou celles du canal Saint-Martin, lundi soir, nombre d’habitants de la capitale, essentiellement des jeunes à qui ces 55 jours de confinement avaient – de manière compréhensible, certes! – donné des envies de retrouvailles plus ou moins arrosées, ont fêté sans précautions excessives la faculté d’aller et venir qui leur était rendue. Ce qui a provoqué une intervention, courtoise mais ferme, de la police, et un message courroucé du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, interdisant en ces lieux, outre les rassemblements, l’absorption de boissons alcoolisées …

Au total donc, à ces quelques exceptions près et en attendant de nouvelles statistiques, qui diront ce qu’il en est sur le plan épidémiologique, le tout premier choc du déconfinement ne semble pas avoir été dramatique. Sur le front scolaire, ce n’est guère qu’hier matin que les premiers élèves, les plus jeunes – tout de même un million ou presque selon le ministère de l’Education nationale, avec 85% des écoles concernées ouvertes – ont retrouvé, avec force mesures prophylactiques, leurs salles de classe. Là aussi, on attend des chiffres plus précis.

Mais c’est désormais sur le front de la reprise économique que va se jouer, sauf rechute grave de la pandémie, la bataille suivante. Depuis deux mois, l’Etat a pris en charge 84% des salaires des quelque 12,3 millions de salariés français mis au chômage technique pour raison sanitaire (soit 60% du secteur privé). Ce chiffre a entamé sa décrue lundi puisque ce sont près de 400.000 entreprises de toutes tailles qui ont commencé à reprendre le travail. Mais la chute de la production, et donc du PIB, s’annonce terrible pour l’Hexagone. Et l’on redoute déjà pour l’automne, qui devrait être le vrai grand rendez-vous sur ce terrain, une spectaculaire flambée du chômage.