France / Pécresse, Zemmour, Mélenchon: un week-end très politique en vue de la présidentielle
Le week-end s’annonçait riche, très riche, sur le terrain électoral français, et cette attente aura été très largement satisfaite, avec, samedi, la proclamation de la victoire de Valérie Pécresse à la primaire du parti LR, puis, hier après-midi, un grand meeting de Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise à l’extrême gauche, et un autre, plus vaste encore, d’Eric Zemmour à l’extrême droite.
Nul doute: cette fois-ci, et même si Emmanuel Macron n’a toujours pas fait officiellement savoir qu’il serait candidat à sa propre succession – c’est un secret de Polichinelle – la course à l’Elysée est bel et bien lancée. Les Républicains savent sous quelles couleurs ils combattront plus précisément, celles d’une droite résolue sans doute mais enfin modérée, cependant que deux des challengers les plus résolus (et les plus extrémistes) du président sortant tenaient leur premier vrai grand meeting de campagne – le premier comme candidat déclaré, même, pour Eric Zemmour.
C’était d’ailleurs la raison principale pour laquelle, outre le risque de contre-manifestations violentes auxquelles avaient appelé plusieurs formations d’extrême gauche, associations et syndicats, cette grande réunion au Parc des expositions de Villepinte, dans la banlieue nord-est de la capitale, retenait le plus l’attention des médias.
D’autant que Zemmour lui-même, qui avait d’abord retenu le Zénith de Paris, sur les bords de la scène, avait annoncé la semaine dernière que ses quelque 5.000 places lui semblaient finalement très insuffisantes. Il n’aura pas eu tort sur ce point: si les 15.000 sièges installés à Villepinte n’étaient pas tout à fait tous garnis hier après-midi, il y aura tout de même réuni une foule qui ferait envie à beaucoup d’autres candidats.
„La Reconquête“
Face à une immense salle survoltée et hérissée de drapeaux tricolores, qui l’interrompait très souvent par ses ovations et ses applaudissements, le polémiste d’extrême droite s’est incontestablement, et de l’avis général, très bien sorti de cet exercice. Malgré quelques incidents avec de petits groupes d’adversaires infiltrés, cependant qu’à Paris défilaient quelque 2.000 protestataires, il a habilement mis „le grand déclassement“ ressenti selon lui par les Français avant leur prétendu et très irréaliste „grand remplacement“ par les immigrés.
Ce qui ne l’a pas empêché d’évoquer „la reconquête de la France par elle-même“ – son futur parti s’appellera d’ailleurs „La Reconquête“, ce qui évoquera peut-être aux férus d’histoire européenne la Reconquista de l’Espagne face à la conquête arabe, achevée en 1492. Et de nombreuses propositions, évidemment discutables mais enfin formulées après le long silence qui lui était reproché sur le terrain des idées concrètes, ont été formulées: sur l’école, l’emploi, la santé, etc. Quant à Emmanuel Macron, Zemmour ne l’aura pas épargné: il l’a successivement présenté comme „un fantôme“, „un mannequin en plastique“, „un adolescent qui se cherche éternellement“…
A l’autre bout de l’échiquier politique, le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui réunissait quelque 5.000 sympathisants dans le quartier d’affaires périphérique de La Défense, normalement désert le dimanche, a développé ses thèmes familiers avec son punch habituel, et son talent tribunitien. „La France, ce n’est pas l’extrême droite, c’est la sécurité sociale, la santé publique, l’émancipation, l’école, la recherche, le partage!“, a-t-il notamment lancé.
Gauche: une union par la base
Mais ce que l’on aura sans doute davantage remarqué en revanche, c’est son souci résolu d’écarter toute coalition des partis de gauche, en particulier les écologistes, dont il considère pourtant les thèmes comme essentiels. Car plus que jamais, la stratégie mélenchoniste repose en effet sur un autre type d’union de la gauche: une union par la base, celle des militants et sympathisants, non des états-majors. Et dont, même s’il se garde de le formuler ainsi, il serait bien entendu le chef de file, lui qui, à gauche, reste tout de même le moins mal placé dans les sondages par rapport à ses voisins idéologiques, avec environ 10% des intentions de vote.
Quant à Valérie Pécresse, copieusement invitée des radios et télévisions depuis la proclamation de sa victoire d’avant-hier par 61% des voix des militants LR contre 39% à son très droitier rival Eric Ciotti, comme on pouvait s’y attendre (voir Tageblatt du 3 décembre), elle a au contraire décommandé, pour des raisons sanitaires, un meeting qu’elle devait également tenir prochainement. Elle joue plutôt, à ce stade encore, la carte du rassemblement de sa famille, en flattant en particulier ceux qu’elle a devancés lors de cette primaire, à commencer par M. Ciotti … qu’Eric Zemmour a d’ailleurs fait ovationner à Villepinte.
Ciotti qui ne manque pas une occasion de rappeler que s’il entend participer loyalement à l’unité des LR pour le scrutin présidentiel, c’est en comptant bien que ses positions seront, si ce n’est adoptées telles quelles par Mme Pécresse, en tout cas sérieusement prises en compte par elle. La candidate désormais officielle de LR va devoir naviguer habilement entre ses inclinations personnelles modérées – même si elle évoque désormais très souvent les vertus supposées d’une „droite décomplexée“ – et l’évident glissement de l’électorat LR vers une droite plus dure.
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