Mort d’Idriss DébyParis s’inquiète de „la perte d’un allié essentiel“

Mort d’Idriss Déby / Paris s’inquiète de „la perte d’un allié essentiel“
ll va succéder à son père, Mahamat Idriss Déby Itno Photo: dpa/AP/Tele Tchad

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La mort, dans des conditions qui restent imprécises, du président Idriss Déby, qui venait d’être réélu triomphalement, selon la tradition locale, pour un 6e mandat à la tête du Tchad, n’est pas seulement une menace pour ce pays en proie à la déliquescence constitutionnelle et à des rébellions régionales. C’est aussi un coup dur pour la France et son „opération Barkhane“ contre le djihadisme en Afrique.

L’Elysée a aussitôt salué „la mémoire d’un ami courageux (…) qui a œuvré sans relâche pour la sécurité du pays et la stabilité de la région durant trois décennies“. Et la ministre de la Défense, Florence Parly, a déclaré dans la foulée, plus explicitement encore: „La France perd un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme au Sahel“, lutte dont „le Tchad est un partenaire majeur“.

On ne pouvait signifier de manière plus claire combien Paris s’inquiète des conséquences de la disparition brutale d’un chef d’Etat africain qui était certes fort éloigné de cette transition démocratique à laquelle la France – avec, certes, plus de constance que de résultats – appelle périodiquement ses alliés du continent noir, mais sur lequel elle s’appuyait résolument depuis des décennies. Et cela dans sa stratégie générale de présence en Afrique, mais surtout dans son combat contre Al-Qaïda au Sahel.

L’armée française dispose actuellement de plus de 5.000 soldats au Tchad, où elle est présente depuis l’indépendance, en 1960, et où elle est intervenue à plusieurs reprises en vertu des accords de défense Paris-N’Djamena (notamment en 2008 et en 2019) pour stopper l’offensive de groupes rebelles contre Idriss Déby. Mais pourquoi le Tchad, qui peut sembler assez excentré par rapport à la zone principale des combats anti-islamistes d’aujourd’hui? Pour deux raisons fortes sur le plan militaire.

La seule vraie armée locale

Il y a d’abord le fait que l’armée tchadienne est au fond considérée comme la seule vraie dans la région, la seule réellement professionnelle sur le plan technique. Et la France est bien placée pour le savoir, au regard de l’aide technique et humaine qu’elle lui a apportée depuis des décennies, avec l’appui de ses présidents successifs.

Certes, Paris a multiplié les efforts pour impliquer aussi les forces armées du Burkina Faso, du Niger, du Mali et de la Mauritanie, sans parler de ses partenaires européens. Mais ce sont clairement les Tchadiens qui tiennent le haut du pavé. Le Tchad est aussi le seul pays du G5-Sahel à avoir déployé un bataillon en dehors de ses frontières, au Niger, dans la dangereuse région des trois frontières.

En second lieu, le Tchad abrite à N’Djamena la plus grande base militaire française d’Afrique, où siège notamment l’état-major des forces aériennes tricolores dans la région. Et aussi la base opérationnelle avancée de Faya-Largeau, qui accueille des commandos de quelques dizaines d’hommes capables de réaliser des opérations discrètes, mais importantes.

La mort du maréchal-président est-elle de nature à compromettre cet engagement tchadien aux côtés de Paris dans l’opération Barkhane, et les facilités accordées à l’armée française sur son territoire? Rien ne l’indique pour l’instant: les intentions du fils d’Idriss Déby, Mahamat, général de corps d’armée de 37 ans, qui a pris la tête du Conseil militaire de transition dès l’annonce du décès de son père, ne sont pas encore connues. Pas plus que les suites de l’offensive régionale qui a coûté la vie à ce dernier. Mais rarement depuis bien des années on aura suivi avec autant d’attention, à Paris, la succession d’un chef d’Etat africain.