France / Même limité, le reconfinement inflige un revers majeur au „pari“ de Macron

Le centre de Lille quasiment déserté au premier jour du reconfinement qui touche surtout le nord-est de la France
Le nouveau confinement annoncé par le gouvernement français n’a pas vraiment surpris, tant l’aggravation de la situation sanitaire rendait ces mesures inéluctables (voir Tageblatt du 18 mars). Il n’en est pas moins interprété comme un revers politique majeur pour Emmanuel Macron, quoi qu’en disent les voix officielles.
Jean Cocteau prête à l’un des personnages de sa pièce „Les mariés de la tour Eiffel“ une formule qui s’appliquerait parfaitement aujourd’hui au tandem exécutif à propos de sa gestion de la crise du coronavirus, désormais condamnée par à peu près deux Français sur trois: „Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs.“
A écouter le premier ministre Jean Castex, jeudi soir à la télévision, on avait en effet l’impression que ce reconfinement, le troisième déjà depuis un an, s’inscrivait dans la parfaite continuité de la précédente annonce présidentielle, qui avait au contraire consisté, le 29 janvier, à écarter une telle mesure. On était presque, contre toute vraisemblance, dans le: „Je vous l’avais bien dit!“
Naturellement, on ne peut guère reprocher à l’Elysée ou à Matignon de naviguer à vue face à un fléau pandémique jusqu’alors inconnu, et à l’évolution elle-même passablement erratique, notamment avec l’apparition des fameux nouveaux variants, sans parler des aléas de l’approvisionnement en doses vaccinales par différents producteurs étrangers. Ce qui commence en revanche à exaspérer l’opinion est l’impression de perpétuelle impréparation dans la gestion des aspects les plus platement matériels de cette gestion.
Cocasserie technocratique
La mise en place de ce nouveau confinement en a encore fourni, après plusieurs autres (manque de masques, puis manque de tests, puis manque de lits de réanimation, puis manque de vaccins …), une preuve certes moins grave, mais absurde: la rédaction des nouvelles attestations pour pouvoir sortir de chez soi était à la fois illogique et inintelligible pour le plus grand nombre.
Ce qui a suscité d’abord une incompréhension populaire massive, ensuite une nouvelle mise en cause de la bureaucratie à la française (cette navrante cocasserie technocratique était en l’occurrence due … au cabinet du premier ministre), enfin l’annulation de ce texte et son remplacement par une nouvelle mouture présumée plus claire. La police elle-même faisant valoir qu’elle ne pourrait pas contrôler la stricte observance de directives aussi confuses …
Quant aux médecins, qui avaient souvent déploré fin janvier qu’il ne soit pas procédé tout de suite à un nouveau confinement, ils n’ont pas tardé à relever qu’en réalité, celui-ci relève un peu du trompe-l’œil, pour deux raisons majeures au moins. D’abord, seules sont concernées les régions particulièrement touchées d’Île-de-France et des Hauts-de-France, outre deux départements normands limitrophes, l’Eure et la Seine-Maritime, et celui, à l’autre bout de l’Hexagone, des Alpes-Maritimes; cela alors que le virus, assurent-ils, peut très bien poursuivre sa propagation ailleurs.
„Temps gagné“ … ou temps perdu?
Ensuite, la circulation à l’intérieur de ces zones sera libre dans un rayon de dix kilomètres sans limitations horaires, à l’intérieur, bien entendu, de celles du couvre-feu, autrement dit entre 6 heures du matin et 19 heures. De nombreux commerces, y compris parmi ceux qui avaient été définis lors des précédents confinements comme „non-essentiels“ et frappés à ce titre par une fermeture administrative, peuvent cette fois-ci rester ouverts; de sorte que la différence avec la situation antérieure semble bien mince.
Mais l’opinion a tout de même d’abord retenu de ce nouveau dispositif que, fût-ce avec des assouplissements et même une incitation officielle à sortir au grand air plutôt qu’à rester cloîtré à son domicile, elle se retrouvait confinée pour la troisième fois. Et que le prétendu „temps gagné“ sur une telle échéance, comme le premier ministre l’avait dit le 29 janvier, n’avait rien changé, si ce n’est dans le mauvais sens puisqu’il a, au contraire, abouti à devoir tout de même reconfiner, et dans une situation sanitaire largement dégradée.
Il y a six semaines, l’audace du „pari“ de Macron en faveur du non-reconfinement était saluée; et il y a un mois encore, on voulait croire le président en train de le gagner. Mais ce pari est aujourd’hui cruellement perdu; et pour prétendre le contraire, il faut toute la capacité d’auto-persuasion de l’exécutif. Ce n’est pas nécessairement de sa seule faute; mais ce pari-là, il aurait certainement mieux ne pas le prendre. Et ne pas perdre un mois et demi dans la contre-offensive face au virus.
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