FranceMacron veut moderniser et renforcer la police … pour le prochain quinquennat

France / Macron veut moderniser et renforcer la police … pour le prochain quinquennat
Emmanuel Macron a tiré hier ses conclusions sur les consultations des derniers mois à Roubaix Photo: Pool/AFP/Ludovic Marin

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Emmanuel Macron a prononcé, hier à Roubaix, un long discours destiné à clore les travaux de ce que l’on avait appelé le „Beauvau de la sécurité“ (du nom de la place de Paris où est installé le ministère de l’Intérieur). Cette intervention était très attendue dans le climat actuel, où grand banditisme, délinquance et terrorisme islamiste s’entrecroisent pour mettre en péril la tranquillité des citoyens, voire la vie des policiers et gendarmes – des thèmes qui pourraient bien tenir une place majeure dans la campagne présidentielle.

Au total, huit „chantiers“ avaient été ouverts en février: réponse pénale, formation, encadrement, contrôle, maintien de l’ordre, lien entre la police et la population, la captation de vidéos, et enfin, ultime sujet, mais qui conditionne tout le reste: la question des moyens matériels et humains. Ces tables rondes ont notamment réuni, au fil des mois, des syndicalistes policiers et des représentants de la société civile.

Dans les heures précédant le discours présidentiel, l’Elysée laissait entendre qu’il y serait beaucoup question du renforcement du contrôle de la police. Ce qui ne pouvait évidemment qu’exacerber les tensions entre celle-ci et le pouvoir politique, dont elle s’estime particulièrement délaissée sous le règne de M. Macron. Or finalement, même si la question n’a pas été ignorée, c’est d’abord du renforcement des moyens des forces de l’ordre qu’il a été question.

Une loi de programmation pour 2022

Le chef de l’Etat a ainsi annoncé la présentation, début 2022, d’une loi de programmation pour la sécurité intérieure, afin, a-t-il dit, „de penser la police et la gendarmerie de 2030“. Pourquoi un tel délai? Parce que, a-t-il expliqué, „on ne peut pas piloter une politique de sécurité à l’embardée, à l’émotion. Il faut ancrer les stratégies dans le temps long“. Ce texte devra lancer „la modernisation numérique du ministère de l’Intérieur pour faire face aux nouvelles formes de délinquance qui pullulent dans l’espace numérique“, a-t-il ajouté, en précisant que le ministère verrait son budget augmenter de près d’1,5 milliard d’euros.

Emmanuel Macron s’est également dit résolu à doubler en dix ans la présence des policiers et des gendarmes sur le terrain, „en les dégageant des tâches administratives“. Ce qui, selon lui, „sera rassurant pour les policiers, et dissuasif pour les délinquants“, lesquels, pour l’instant, „jouent de nos lourdeurs“. Et l’homme de l’Elysée d’enfoncer le clou, avec une verve dans laquelle n’était point absente une pointe de démagogie: „Quand j’entre dans un commissariat, que vois-je? Des piles de papiers. Quand j’entre dans un tribunal, que vois-je? Des piles de papiers. Eh bien, derrière ces piles de papiers, il y a les symptômes de notre impuissance.“

Le président de la République a aussi annoncé l’installation en Île-de-France d’un centre de formation au maintien de l’ordre à destination des CRS et des escadrons de gendarmerie, et la création d’une réserve de la police, à l’image de celle qui existe déjà pour la gendarmerie et qui sera doublée. La durée de la formation initiale des policiers sera en outre augmentée de quatre mois.

Un contrôle parlementaire

M. Macron n’a tout de même pas fait l’impasse sur la question du contrôle de l’action des forces de l’ordre, mais il l’a fait avec d’évidentes précautions. L’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) étant souvent accusée de laxisme à l’égard des accusations de „violences policières“, il a annoncé la création d’une instance de contrôle parlementaire. „Quand il y a des fautes, elles doivent être sanctionnées, quand on aime nos forces de l’ordre, on ne leur passe pas tout“, a-t-il souligné.

Ces différentes annonces ont au moins un point commun: elles viennent bien tard. Trop tard, même, à quelques mois de la fin du quinquennat, pour pouvoir être mises en œuvre, concrètement, avant … le prochain, donnant l’impression qu’il s’agissait, hier à Roubaix, d’un discours de candidat plus que de président en exercice. Roubaix où le chef de l’Etat a d’ailleurs très brièvement croisé son concurrent de droite Xavier Bertrand, président de la région – comme si, décidément, on n’échappait déjà plus, aujourd’hui en France, au compte à rebours de la présidentielle.