FranceLes violences graves contre des policiers se multiplient en banlieue parisienne

France / Les violences graves contre des policiers se multiplient en banlieue parisienne
Cette photo issue d’un compte Twitter illustre l’envergure de l'attaque aux mortiers d'artifice Photo: AFP/@LeCapricieux94

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Coup sur coup, deux incidents graves, et qui auraient pu l’être encore davantage, sont venus illustrer en banlieue parisienne la forte dégradation de la sécurité publique, et de celle des policiers en particulier, notamment face au trafic de drogue qui y prospère dans une relative impunité.

„Des scènes de guerre.“ C’est ainsi que les habitants de la grande cité de Champigny-sur-Marne, au sud-est de la capitale, et de nombreux représentants de l’opposition, ont qualifié l’attaque du commissariat de la ville, peu avant minuit dans la nuit de samedi à dimanche, par une quarantaine d’individus armés de barres de fer et de mortiers d’artifice, qu’ils ont tirés sur le bâtiment pendant près d’une heure.

S’ils n’ont pas réussi à s’introduire dans les locaux, ni à blesser les deux policiers qui prenaient une pause-cigarette devant la porte et se sont réfugiés à l’intérieur devant le nombre et la violence des agresseurs, ces derniers ont commis différentes dégradations, incendiant plusieurs véhicules de police et brisant la première porte d’entrée du commissariat.

Les syndicats de police ont unanimement condamné cette agression aussi longue que massive, bien entendu, et si lourdement symbolique de l’impuissance des forces de l’ordre même si elle n’a pas fait de mort. Mais ils ont aussi exprimé une colère plus générale à l’égard des conditions dans lesquelles ils exercent leur métier face à des bandes armées qui ne semblent guère redouter de représailles judiciaires. Ce commissariat de Champigny avait déjà été attaqué plusieurs fois, et des CRS avaient même été déployés pour protéger l’établissement.

Laissés pour morts

L’exaspération des policiers de Champigny est d’autant plus vive que cette fois-ci, personne n’est venu à leur secours, et qu’il n’a donc été procédé à aucune interpellation, de l’aveu même de la Préfecture de police de Paris. Le préfet lui-même a parlé d’„actes intolérables“ de la part des agresseurs; mais beaucoup de policiers doutent que ce genre de déclaration puisse suffire à empêcher le prochain coup de main des voyous, qui, à en croire les statistiques, ne saurait tarder beaucoup. „Intolérables, certes, soupirait hier un syndicaliste, mais il n’empêche: toujours tolérés dans les faits.“

Le climat est d’autant plus pesant actuellement que 48 heures plus tôt, à Herblay, autre commune de la banlieue parisienne, deux policiers en civil, qui effectuaient une „planque“ destinée à vérifier l’adresse d’un trafiquant de drogue local, ont été littéralement défoncés à coups de poing par trois agresseurs, qui les ont laissés pour morts après avoir tiré sur eux quelque sept coups de feu avec les propres armes des malheureux. L’un de ces policiers luttait encore hier soir contre la mort à l’hôpital.

Les échos de ce premier méfait anti-police n’étaient pas encore retombés, et la classe politique française était toujours en émoi, lorsque est survenu celui de Champigny. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a exprimé dans un tweet son „soutien total“ aux policiers „qui font un travail difficile“. Ajoutant: „Les petits caïds n’impressionnent personne, et ne décourageront pas notre travail contre le trafic de stupéfiants.“ Peut-être n’impressionnent-ils personne en effet; mais beaucoup commencent quand même à penser qu’il serait temps que la force publique ait, elle, les moyens de les impressionner – et si possible de les mettre hors d’état de nuire.