FranceLe nouveau gouvernement: peu de changements mais quelques surprises

France / Le nouveau gouvernement: peu de changements mais quelques surprises
Un des gros changements concerne l'Ecologie, quelques jours après la poussée des écologistes dans certaines grandes villes lors des élections municipales, marquées par une très forte abstention.Barbara Pompili, 45 ans, ancienne membre du parti écologiste EELV passée au parti présidentiel LREM, a été désignée à ce poste clé. Troisième dans l'ordre protocolaire, elle se retrouve poids lourd du gouvernement. Foto: AFP/Joël Saget

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Le secrétaire général de l’Elysée a fait connaître, hier soir, la composition du nouveau gouvernement, au terme d’une attente qui, comme toujours lorsque les choses se prolongent au-delà de ce qui était annoncé, avait favorisé toutes sortes de suppositions et de rumeurs. Celles qui concernaient certains départs se trouvent largement confirmé.

Finalement, la composition de la nouvelle équipe placée sous l’autorité de Jean Castex présente peu de „nouvelles têtes“, à une notable exception près: celle de Me Eric Dupond-Moretti, brillant et bouillonnant avocat pénaliste, flatteusement surnommé „acquittator“ en raison de ses nombreux succès de prétoire, qui est nommé ministre de la Justice.

Un domaine sur lequel il a, outre les observations qu’il tire de sa longue et forte expérience professionnelle au barreau de Paris, quelques idées passablement iconoclastes à l’égard du parquet, et de l’organisation générale de la machine judiciaire française. Ce qui devrait rendre son exercice ministériel à la fois passionnant … et, pour le président Macron qui l’a imposé, risqué. Ne voulait-il pas, la semaine dernière encore, porter plainte contre les magistrats qui avaient commandité la mise sur écoute de sa ligne téléphonique? Nicole Belloubet, qui tenait jusqu’alors cette fonction de garde des Sceaux, avait commis quelques maladresses qui laissaient supposer qu’elle serait en effet remplacée, mais nul n’imaginait pas qu’elle le serait par l’impétueux Dupond-Moretti …

Son collègue de l’Intérieur, Christophe Castaner, était lui aussi donné partant, si proche qu’il fût personnellement du chef de l’Etat, après avoir réussi cette double et paradoxale performance d’avoir à la fois „couvert“ certains excès policiers puis dressé contre lui ces mêmes policiers en les mettant publiquement en accusation de racisme. Il est remplacé par Gérald Darmanin, qui était jusqu’à présent en charge des Comptes publics (autrement dit du Budget). Ce jeune ministre, issu de l’immigration, devient ainsi, à 37 ans, le plus jeune responsable de l’Intérieur de la Ve République.

Autre disparition du gouvernement: Sibeth N’Diaye, jusqu’alors porte-parole, qui avait porté très haut l’art de la gaffe ministérielle, sans doute avec bonne humeur mais à l’exaspération croissante d’Emmanuel Macron, qu’elle avait fidèlement servi durant sa campagne de 2017.

Une ex-verte à l’Ecologie

On n’en dira pas autant de Muriel Pénicaud, qui détenait le portefeuille du Travail, un poste rendu très difficile par l’interminable et virulente controverse avec les syndicats sur la réforme des retraites. Elle est remplacée par Elizabeth Borne, jusqu’alors en charge de la transition écologique, un poste qu’elle cède à la députée ex-verte Barbara Pompili, dont la compétence en ces matières est reconnue.

La liste des „rescapés“ ministériels du remaniement est également significative. L’ex-républicain Bruno Le Maire reste à l’Economie et aux Finances, avec des responsabilités encore accrues en direction de la relance et du budget. De même, Jean-Yves Le Drian, venu, lui, du PS, garde le Quai d’Orsay, et la centriste Florence Parly les Armées. Quant à Olivier Véran, promu il y a quelques mois au ministère de la Santé après le départ d’Agnès Buzyn lancée dans une calamiteuse course à la mairie de Paris, il conserve lui aussi ce ministère. D’autres ministres de moindre responsabilité restent aussi au gouvernement, quitte à changer parfois de portefeuille.

Autre arrivée-surprise, enfin, outre Dupont-Moretti: celle de Roselyne Bachelot. Cette dernière avait déjà occupé une fonction ministérielle, de 2007 à 2010 – à la Santé, où elle avait d’ailleurs fait preuve d’une grande prudence dans la gestion des stocks face à une précédente épidémie. Mais cette pharmacienne passionnée d’opéra, qui, après avoir semblé abandonner la politique s’était lancée dans la radio et la télévision, revient cette fois-ci à la Culture, avec une évidente délectation.