FranceLe gouvernement Borne sauve à nouveau sa mise à l’Assemblée

France / Le gouvernement Borne sauve à nouveau sa mise à l’Assemblée
Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, occupe de plus en plus le devant de la scène au sein du gouvernement  Photo: Ludovic Marin/AFP

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Au bout de quatre jours de débats tendus, les députés français ont adopté en première lecture le projet de loi de finances rectificatif pour 2022, par 293 voix contre 146, et 17 abstentions. Les Républicains, auxquels l’exécutif avait donné satisfaction lors du vote de différents amendements, ont soutenu le texte, contrairement à la gauche réunie au sein de la Nupes.

Quant aux députés RN, ils ont quitté l’hémicycle avant le vote, en principe pour protester contre la manière dont l’Assemblée, à la demande du gouvernement, était revenue sur une revalorisation complémentaire des retraites de 500 millions d’euros. En fait, les élus lepénistes n’étaient sans doute pas mécontent de manifester, outre leur attachement à la défense des retraités, parmi lesquels ils comptent beaucoup d’électeurs, leur indépendance à l’égard d’une majorité macroniste en direction de laquelle ils ont, ces derniers temps, multiplié les gestes conciliants …

Il est vrai que d’une manière générale, ce démarrage de la législature, que l’arithmétique parlementaire annonçait des plus difficiles pour le gouvernement, aura surtout montré que la droite et l’extrême droite étaient sensiblement plus faciles à convaincre, en tout cas à rallier aux projets gouvernementaux, fût-ce de manière ponctuelle et provisoire, que la gauche et l’extrême gauche.

Cette stratégie de „majorités constructives“, faute d’une majorité absolue, qui avait été développée à la tribune du Palais-Bourbon par la première ministre Elisabeth Borne, aura eu pour l’instant, du rejet de la motion de censure à l’adoption du collectif budgétaire – évidemment très lié, cette année, au plan de lutte contre l’inflation – en passant par le succès du projet de loi sur le pouvoir d’achat, un effet clairement positif du point de vue de la majorité. Et un autre qui l’est moins, à plus long terme.

Le Maire candidat pour 2027?

L’effet positif étant que, tout simplement, elle a jusqu’à présent fonctionné. On peut certes objecter qu’aussi longtemps qu’il s’agira de redistribuer aux Français différentes primes, allocations et autres aides publiques diverses, il restera difficile d’imaginer un vrai barrage de la part de l’opposition. Même si la Nupes, avec parfois quelque embarras, illustré par quelques (rares) défections, s’y est tout de même risquée. Au motif que cela „ne fait pas le compte“; et aussi en fonction de l’argument plus solide selon lequel des augmentations de salaires vaudraient mieux que des primes, par essence provisoires.

L’effet négatif est d’avoir fortement réorienté à droite, si ce n’est une politique, du moins une posture tactique macronienne qui, à l’origine il y a cinq ans, et même à la suite de sa réélection acquise contre Marine Le Pen, se voulait plus équilibrée, plus centriste. Et comptait en tout cas davantage sur des majorités alternatives: quelquefois à droite, certes, mais aussi quelquefois à gauche.

Or ce glissement est d’autant le plus perceptible qu’à l’intérieur même du gouvernement, c’est un ministre issu de la droite LR, Bruno Le Maire, qui comme responsable des Finances occupe depuis deux semaines tout le devant de la scène, au point de sembler se positionner déjà en candidat à l’Elysée pour la prochaine échéance, en 2027. Même s’il a déjà reçu ce qui pourrait ressembler à une première concurrence prévisible, de la part de l’ancien premier ministre Edouard Philippe. Car ses amis, les députés d’Horizons, ont voté contre le gouvernement, samedi – une façon de rappeler à l’exécutif qu’il gagnerait à mieux traiter ses alliés.

Reste que l’attitude d’opposition absolue, systématique, des mélenchonistes, commence à mettre mal à l’aise certains de leurs alliés socialistes, communistes et verts au sein de la Nupes, sans parler du chahut qu’ils entretiennent dans l’hémicycle quand un autre parti s’y exprime. Comme s’ils avaient adopté la devise que Goethe prête à Méphisto dans son Faust: „Ich bin der Geist, der stets verneint!“ D’aucuns commencent à se dire qu’il y aurait peut-être moyen de contrer de manière moins sectaire les projets du gouvernement. Et que, le moment venu (qui pourrait bien ne pas attendre cinq ans), cette posture risque, avec son très maigre bilan probable, de n’être que peu appréciée des électeurs.