Tout a commencé par un écho publié dans la presse et signalant que les enfants de la ministre faisaient leur scolarité, non dans l’enseignement public, mais dans un établissement privé, et donc payant, prestigieux de surcroît: le collège-lycée Stanislas, à Paris. Au cours d’un déplacement où elle accompagnait Gabriel Attal, Mme Oudéa-Castéra a justifié ce choix par le fait qu’après un séjour dans l’école publique, elle avait décidé, avec son mari, de lui préférer l’école privée, face aux „paquets d’heures d’enseignement non remplacées du fait des absences des professeurs“; mais que, bien sûr, cela ne l’empêcherait aucunement de se battre pour l’enseignement public à la tête de son ministère.
L’affaire aurait pu en rester là: la défense de la ministre n’était pas très habile, ce que l’on pouvait mettre sur le compte de son inexpérience politique, mais elle pouvait avoir, pour de nombreux parents, un accent de vérité. L’absentéisme des professeurs du secteur public s’est en effet traduit, l’an dernier, par quelque quinze millions d’heures de classe sans enseignant, dont deux millions dus, d’ailleurs, aux formations accélérées auxquelles nombre d’entre eux sont astreints compte tenu de la fluctuation des programmes.
Vives réactions syndicales
A quoi l’on peut ajouter que de nombreuses personnalités politiques de tous bords sont issues de l’enseignement privé, notamment catholique (ce fut d’ailleurs le cas de François Mitterrand lui-même, ancien élève des jésuites), et s’empressent de lui confier leurs propres enfants, y compris l’un de ses proches prédécesseurs de la nouvelle titulaire du poste, Pap N’Diaye, très clairement situé à gauche. Les sondages montrent d’ailleurs que, du fait de ce qu’ils perçoivent comme le délabrement de l’école publique, nombre de parents seraient prêts à mettre leurs enfants dans le privé s’ils en avaient les moyens financiers.
Comme on pouvait s’y attendre, les syndicats d’enseignants, malgré les excuses de la ministre sur le thème „Je ne voulais blesser personne“, ont fort mal pris ses propos. Et dénoncent le fait que si absentéisme il y a, leurs conditions de travail et de rémunération en sont la cause principale, en soulignant que cette dégradation de l’école publique est selon eux le résultat de la politique menée jusqu’à présent par la majorité à laquelle appartient Mme Oudéa-Castéra.
Mais la controverse s’est muée en véritable polémique lorsqu’il a été annoncé qu’en réalité, le séjour du fils de la ministre dans le secteur public n’avait duré que six mois, et cela dans la plus basse des sections de maternelle, durant lesquels aucune journée d’absence de l’enseignant concerné n’avait été relevée. Et que la véritable cause de son départ vers le privé pourrait bien être le refus de lui faire sauter une section de maternelle, car il était jugé trop jeune. L’embarras de Gabriel Attal est évident, même s’il n’est sans doute pas tel qu’il accède à la demande de l’opposition de gauche, qui demande la démission de la ministre.
De Maart
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