En gardant ses cinq régions métropolitaines, et en conquérant de surcroît celle de la Réunion outre-mer, la gauche peut en effet s’estimer globalement satisfaite: si ses offensives ont toutes été tenues en échec, du moins celles de la droite à son encontre ont été vouées au même sort. Ce qui pourrait signifier que le PS, que l’on disait moribond au vu des sondages et des scrutins précédents, à commencer par la présidentielle de 2017, conserve une place politique importante dans la „France profonde“.
Reste que, comme pour la droite, et peut-être plus encore, le constat encourageant fait au soir du second tour annonce aussi, paradoxalement, des problèmes. Le premier, essentiel, est interne: c’est celui du rapport de forces avec les écologistes. Ceux-ci, avec le vent en poupe dans l’opinion, se voyaient promis à au moins une présidence de région; ils n’en ont finalement conquis aucune, même s’ils ont progressé en voix. Et leur présence éventuelle aux côtés du PS n’a nulle part suffi à ce dernier, notamment en Île-de-France où les Verts occupaient carrément la tête de la liste fusionnée en vue du second tour, à vaincre des président(e)s de droite sortants.
Or deux tendances s’affrontent actuellement à ce sujet chez les socialistes. La première, conduite par le premier secrétaire, Olivier Faure, aspire à multiplier les liens avec les écologistes, et d’ailleurs aussi d’autres formations de la gauche même extrême, afin, selon ses termes, de „construire une coalition rouge, rose et verte“ – bref, de ressusciter l’union de la gauche. Et cela, si possible, dès l’élection présidentielle du printemps prochain, pour laquelle, d’ailleurs, Olivier Faure ne serait pas hostile à l’idée de soutenir la candidature d’un Vert.
Le congrès du PS en septembre devra trancher
Mais cette stratégie se heurte à l’opposition de ceux qui, comme l’ancien ministre socialiste Yves Le Foll, maire du Mans, dans la Sarthe – un département qui vient de connaître plusieurs affrontements internes à la gauche – qui se montre résolument hostile à ce qu’il regarde comme une dissolution du PS dans un ensemble flou, aux convictions hétéroclites et parfois extrémistes. On peut prévoir que cette controverse, qui va au-delà d’un choix tactique puisqu’elle porte aussi sur la nature-même du parti, agitera le congrès socialiste prévu en septembre.
Autre problème: les divisions internes au mouvement écologiste. Une primaire est prévue pour départager les candidats à l’investiture verte pour 2022; certains postulants se sont déjà déclarés; d’autres, sans trop le dire encore, fourbissent déjà leur „écurie présidentielle“, comme on dit. Mais pour l’instant, l’ambiance ne semble pas vraiment à la conciliation et aux concessions, ni entre eux, ni avec le reste de la gauche.
Quant à l’extrême gauche, elle est sortie très mal en point de ce double scrutin. Le PCF plafonne à 2,5% des intentions de vote dans la perspective de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon à 7%. Et ces dernières élections ont montré que les prises de positions de plus en plus radicales du président-fondateur de La France Insoumise, contre la police et, d’une manière générale, contre les adversaires de la violence islamiste, ont fait de son parti un véritable repoussoir pour les électeurs.
C’est dire que pour être moins sombres qu’il y a quelques semaines encore, les perspectives présidentielles de la gauche restent, au minimum, fort incertaines, à l’instar de son éventuelle union.
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