Déconfinement / La France se prépare à une rentrée scolaire très complexe
Le plan de déconfinement, beaucoup plus progressif que prévu, annoncé par Edouard Philippe mardi aux députés, a suscité de nombreuses réactions et interrogations tant dans la classe politique que dans les médias et l’opinion. Celle-ci, à en croire un sondage réalisé immédiatement après son discours, ne l’approuve qu’à 47% contre 53.
„La douche froide“: le titre de l’éditorial du Figaro d’hier résumait bien le sentiment quasi-général en France après la séance du Palais-Bourbon. Séance un peu étrange, où l’on avait vu le chef du gouvernement énumérer longuement un catalogue d’importantes mesures nouvelles, puis, après quelques prises de parole de représentants de l’opposition, faire procéder à un vote, d’ailleurs simplement indicatif, sans accorder aux députés le moindre délai de réflexion. Alors que même sa propre majorité – et, dit-on, Emmanuel Macron lui-même – le lui avaient pourtant demandé.
On reconnaît tout de même hier à M. Philippe d’avoir fait un effort, d’autant plus méritoire qu’il allait inévitablement décevoir les attentes des Français, d’explication détaillée des obligations qui vont continuer de peser sur ces derniers. Au point que son propos semblait surtout consister en une longue litanie d’interdits, au-delà même de la date du 11 mai prochain d’abord annoncée pour le déconfinement. Voire de menaces collectives implicites, sur le thème: si la baisse de la pandémie n’est pas plus rapide, il faudra carrément prolonger le confinement.
Reproches
Mais les reproches faits au chef du gouvernement portent aussi sur l’extrême complexité du mécanisme finalement choisi (du moins jusqu’à la prochaine mise au point contradictoire …) pour la réouverture des établissements d’enseignement.
Un processus très difficile à gérer, bien sûr, qui va associer largement les maires et les préfets, et tenir compte des situations sanitaires locales, mais aussi laisser les familles libres de renvoyer ou non leurs enfants à l’école, au collège ou au lycée – le tout avec un échelonnement du calendrier selon les niveaux scolaires.
Le très grand retard apporté à la fourniture de masques, autre sujet sur lequel Edouard Philippe s’est longuement expliqué hier en en renvoyant en partie la responsabilité sur le monde médical, et manifestement sans convaincre, incite pour l’instant beaucoup de parents d’élèves (les deux-tiers, semble-t-il) à annoncer d’ores et déjà qu’ils garderont leur progéniture à la maison. Ce qui posera d’ailleurs un autre problème: celui du retour massif des salariés à leur travail; actuellement, 11,2 millions d’entre eux, soit largement plus de la moitié du secteur privé, sont en chômage technique du fait de la crise sanitaire.
Mais au-delà des inquiétudes, et à l’occasion des amertumes, du grand public, en particulier chez ceux qui comptaient bien recouvrer leur pleine liberté de circulation dès le 11 mai sur la foi des propos présidentiels, ce qui retient aussi l’attention des observateurs dans le discours du premier ministre, c’est justement la correction qu’il a opérée par rapport au relatif optimisme affiché par Emmanuel Macron le 13 avril dernier à la télévision.
Spéculations
Parler de démenti serait évidemment abusif, mais comment ne pas noter, tout de même, une sérieuse inflexion? Une inflexion également apportée aux projets du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, quant à la reprise des cours, même si l’intéressé s’est vaillamment attelé, dès hier matin à la télévision, au „service après-vente“ des propos d’Edouard Philippe.
Le tout risquant de donner une nouvelle fois le sentiment que le pouvoir, qui n’aura pas brillé par sa constance dans cette crise, change encore d’avis … Ce qui, depuis hier, est venu relancer les spéculations sur un éventuel remplacement d’Edouard Philippe à la tête du gouvernement. Par Bruno Le Maire, comme le murmurent déjà certains, qui soulignent combien le ministre de l’Économie et des Finances affiche actuellement sur tous les fronts sa fidélité au chef de l’Etat? De toute façon, pas tout de suite: en les circonstances présentes, une telle crise politique porterait sans doute le coup de grâce à une crédibilité présidentielle déjà mal en point; mais lorsque la pandémie sera enfin maîtrisée.
En se repassant le film des trois premières années du quinquennat de Macron, on est en tout cas frappé de voir qu’à chaque crise majeure – Gilets jaunes, réforme des retraites, et maintenant le déconfinement – il est apparu des désaccords entre l’Elysée et Matignon. Toujours maîtrisés, certes, et officiellement démentis; mais qui donnent tout de même à penser, alors que le chef de l’Etat a lancé aux Français le 13 avril: „Sachons nous réinventer!“ Il est vrai qu’il avait ajouté: „Moi le premier“ …
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